Au sortir des égoûts...

Mardi après-midi. Une classe d'élèves en pleine évaluation: les rires se sont temporairement estompés et on n'entend que le grattement des stylos à bille sur le papier. Certains essayent déjà d'écrire avec des plumes, mais le combat est rude et la victoire mal assurée. L'une des petites filles relève le nez, satisfaite. Elle a fini avant tout le monde, et ce qu'elle a écrit lui semble à peu près juste. Elle lève la main pour que la maîtresse vienne ramasser sa feuille, tout en jetant un coup d'oeil au-dehors. Une bouche d'égoût semble bouger. Surprise, la petite fille veut regarder plus attentivement, mais la grande silhouette de son institutrice la détourne de la fenêtre. Le temps qu'elle y revienne, plus rien ne bouge dans la petite rue qui jouxte l'école. Mais la bouche d'égoût est à moitié entrouverte, à présent.



Ah, comme l'air parisien saturé de dioxyde de carbone paraissait pur après celui des égoûts... En proie à un soulagement incompréhensible pour qui ne disposait pas de son odorat, Algol parvint à se traîner sur une bonne dizaine de mètres avant que ses jambes ne déclarent forfait. Il se laissa tomber entre deux piles de cartons entassés contre le mur de brique de l'école. Vu les découpages hétéroclites qui trouaient les boîtes, il s'agissait des cadavres d'une séance d'art plastique. Le sous-chef eut un petit sourire coincé: il aurait pu trouver cela attendrissant s'il n'avait pas eu aussi mal.

L'Arnaith masculin lui avait tiré dessus sans viser et l'avait à peine touché, mais il l'avait touché tout de même. La balle avait tracé un sillon ensanglanté dans son flan droit. Elle avait à peine frôlé la chair et la blessure en elle-même n'avait rien de grave, mais l'eau croupie qui l'avait éclaboussée lorsqu'Algol était retombé sur ses pattes la rendait atrocement douloureuse, pratiquement incandescente. Sans parler de son bras gauche... La créature se força à bouger son membre antérieur blessé pour l'examiner et ne put retenir une grimace: la plaie par balle sur son biceps était profonde (la femme l'avait manqué de bien peu), mais c'était surtout l'état de sa main qui l'inquiétait. Elle le brûlait davantage que son flanc, une funeste couleur rouge s'étendait autour des impacts de morceaux de pierre et un liquide jaunâtre de mauvais augure s'écoulait des chairs entaillées. Quelle ironie: c'était la seule de ses blessures qui fût presque accidentelle (la femme Arnaith ne devait même pas savoir que son coup de feu en l'air avait fait des dégâts), et c'était celle qui présentait la plus mauvaise évolution.

"Chaque chose en son temps."

Algol se résolut à arracher sa manche déjà déchirée pour nouer la bande de tissu autour de son bras et réduire l'hémorragie. Ce n'était pas grave, mais cela pourrait le devenir s'il n'y remédiait pas. Voir sa chemise ainsi malmenée lui arracha un soupir de profonde tristesse, et il passa une main désabusée sur son gilet souillé d'eaux usées et d'autres substances dont il ne valait mieux pas faire le détail.

"Encore un costume de fichu... Je vais faire parvenir une note de frais à Noah, si ça continue!"

C'est alors qu'un bruit lui fit tendre l'oreille (littéralement). La plaque d'égoût qu'il n'avait pas pris le temps de bien remettre en place. Algol sentit ses cheveux se hérisser sur sa nuque, juste avant de se rappeler qu'il avait entendu Opale l'appeler dans les conduits et qu'elle lui avait donné l'impression d'être sur ses talons...

En effet, la plaque d'égout bougea une seconde fois et Opale s'extirpa des entrailles malsaines de Paris. Elle se redressa et epoussetta, en vain, ses vetements maculés de boue. La jeune femme tourna la tete a gauche puis a droite et encore a gauche. Mais où avait bien pu passer Algol ! La manière qu'il avait de disparaitre exasperait grandement l'Arnaith. Son regard fut alors attiré par des taches rougeatres qui parsemaient le trottoire. Un sourire satisfait naquit sur ses levres, elle allait le suivre a la trace.

Après quelques minutes de marche, Opale se trouvait dans un ruelle. Il n'y avait toujours aucune trace d'Algol bien que le sang sur le sol semblait prouver le contraire. Un carton decoupé se mit alors a remuer. Bizarre pour une boite soit disant sans vie. Non sans prudence, la jeune femme s'approcha. C'est là, caché entre deux cartons, qu'elle retrouva le sous chef de la Thianra. Les deux autres Arnaiths, adepte de la gachette, ne l'avaient pas loupé. La jeune femme se mit accroupie en face d'Algol et le fixa.

"Tu aurais pu m'attendre !"

Son regard parcourait le corps blesser de la créature mais son attention se porta sur sa main. La blessure s'infectait, il fallait la soigner asser rapidement pour eviter que cela n'empire. Aucune animosité d'émanait du regard ni meme de l'attitude d'Opale. La jeune femme tendit sa main devant elle.

"Me permet tu de regarder ta main d'un peu plus près ?"

Durant sa formation d'Arnaith, la jeune femme avait recu quelques notions de base de medecine. De toute façon, le sous chef devrait se rendre a l'hopital avant de s'etre vidé de son sang. Les blessures, bien que peut profondes, saignaient beaucoup. Opale adressait a Algol un leger sourire presque amical.

[ Vous occupez pas de moi si je dérange.]

Elle dormait tranquillement dans le renfoncement du coin du toit de l'école en rêvant à des champs remplis de fleurs qui sentaient bon, pour contraster avec l'odeur pestinentielle qui embeaumait la plus belle ville du monde. Un bruit métalic vint cependant attirer l'attention de ses petites oreilles. Curieuse, elle se leva pour observer l'origine du son. Une tête masculine et sâle venait de sortir d'une bouche d'égout. Quelle idée de ballade!

La créature semblait mal en point et se faufila entre les poubelles où il éspérait sûrement être caché de ses ennemis. Il se leurait un peu car les traces qu'il laissaient derrière lui n'avaient rien de discrêtes. Elle fut pour lui porter secours lorsqu'une jeune humaine lui emboita le pas. Etait-ce celle qui le traquait? Laïna resta recroquevillé sur le toit sans pour autant s'immicer entre eux. L'humaine n'eut pas de geste antipathique envers le félin mais au contraire semblait animée d'une certaine amitié et même plus. La jeune léopard trouva la scène attendrissante. Elle s'accouda à ses genou, un sourire attendrit sur le visage. Se pourait il qu'une créature et un humain puissent s'aimer? Naïvement, c'est du moins le spectacle qui se dressait devant elle.

*Comme ils sont touchant. Le beau ténébreux bléssé secourut par son ange gardien, voilà qui ferait un parfait sénarion de roman!*

Elle eut un petit rire insonore et commença à s'imaginer la scène lorsqu'elle revint sur Terre. Il était bléssé et il lui fallait de l'aide au plus vite. Sans parler que si des humains mal intentionnés venaient à les voir, ils passeraient certainement un mauvais quart d'heure.

[tu ne déranges pas, en tout cas pas moi ^^]


Algol eut pour réaction instinctive de se recroqueviller contre le mur, les crocs légèrement découverts vers Opale, et il ramena contre sa poitrine sa main en si mauvais état qu'il ne pensait même plus à la nettoyer de quelques coups de langue comme il l'aurait fait avec une plaie saine. Il n'était pas ouvertement hostile, mais il avait tout de l'animal blessé qui refuse que quiconque s'approche, y compris ceux qui veulent le soigner.

"Et pourrais-je savoir depuis quand tu te soucies à ce point de ma santé?"

Même s'il le cachait avec soin, l'attitude amicale d'Opale le désarçonnait. D'abord son invitation à fuir dans les égoûts, et maintenant cet tentative d'aide. N'avait-il pas été ouvertement vicieux en la forçant à lui parler de la mort de sa mère, de la haine qu'elle vouait à son frère? Ou avait-il inconsciemment tenté de l'aider à ouvrir les yeux et à cesser de gâcher sa vie?...

*Arrête, tu racontes n'importe quoi!*

L'oreille aiguisée d'Algol surprit alors un bruit métallique en provenance du toit, de la gouttière plus précisément. Mais le sous-chef de la Thianra ne voulais pas détourner le regard face à une Arnaith, fut-ce Opale, et son bref coup d'oeil vers le haut ne lui apprit rien. Si ce n'est que son flanc lui faisait de plus en plus mal, vu qu'il le tiraillait même lorsqu'il se contentait de lever la tête. Le léopard des neiges sembla affronter un moment de doute. Il jeta un oeil vers sa main enflée, puis son regard soupçonneux se posa sur Opale:

"Tu t'y connais en médecine?"

Opale eut un petit sourire. Elle n'était habituée a voir Algol dans cet état là. Mais bon, il fallait faire vite ! La jeune femme s'approcha un peu plus et, d'un geste delicat, elle saisit le poignet de la creature et regarda sa main blessée.

"Je m'y connait un peu...Cette plaie est plutot inquietante ! Elle est completement infectée !"

L'Arnaith tournait et retournait la main devant ses yeux quand elle remarqua un fraguement de pierre dans l'une des nombreuses griffures qui ornaient la main d'Algol. Opale soupira. Cette blessure ne lui inspirait rien de bon, il fallait que le sous chef se rende a l'hopital plus vite que la jeune femme ne l'avait imaginé. Mais comment traversé toute la ville sans se faire reperer ? Surtout qu'Algol ne tenait pratiquement plus sur ses jambes. Un bruit lui fit alors tourner la tete. Qui cela pouvait il bien etre ? Une créature ? Un humain ? Un Arnaith ?

La jeune femme secoua la tete et reporta son attention sur le bout de paroi coincé dans la plaie. D'une main elle tenait fermement le poignet pour éviter qu'Algol ne le ramene a lui lorsque Opale tenterait d'enlever le caillou. Les doigts de l'autre main s'enfoncerent dans la plaie et en retirerent le fraguement qu'elle jeta plus loin dans la ruelle. Puis elle se mit a fouiller sa poche et en resorti un mouchoir en tissus que l'eau boueuse semblait avoir en partie epargné. La jeune femme enveloppa la main blessée dans le carré de tissus. Elle leva les yeux et fixa Algol.

"Voila...C'est pas super mais c'est tout ce que je peut faire..."

Opale lacha la main du sous chef delicatement et la lui rendit. Elle ne pouvait pas faire grand chose pour les autres blessures. Ses yeux sombres devisageaient Algol.

"Est-ce que tu as chaud ? Je veut dire...Est-ce que tu as de la fievre ? Ca ne serait pas etonnant avec une plaie infectée..."

Sa voix était etonnant inquiète. Elle ne pensait pas pouvoir reussir a ammener Algol a l'hopital sans aide. Il fallait cependant qu'elle trouve rapidement un moyen, son état empirait.

[Bon alors si je dérange,je continue! ]

La discrétion de la jeune féline avait failli être mis à jour mais l'occupation des deux tourtereaux semblait jouer en son avantage. Le félin semblait moins sentimental que la jeune humaine. Peut être parce qu'elle était la raison de son état. Ou alors parce qu'il cherchait à montrer qu'il était indomptable, ce qui soit dit en passant fit hausser les sourcils de Laïna. Il n'avait pas l'air commode, c'était exact, mais il ne dégageait aucun brin de méchanceté. quand à l'humaine, elle était doté d'un caractère bien trempé. Elle ne laissa même pas le temps au félin de réagir lorsqu'elle lui attrapa le poignet pour faire quelque chose que Laïna ne pouvait pas voir de son perchoir. Elle l'entendit cependant demander à la créature s'il avait chaud et fut prise d'un fou rire qu'elle tenta de retenir tant bien que mal. Il faisait froid, le jeune homme était apparemment trempé jusqu'aux os, et elle demandait s'il avait chaud!

*Les Humains sont décidément bien étranges. Même s'il à de la fièvre, il n'aura pas forcément chaud! Pas là en tous les cas. La température ne doit pas exéder 2°C!*

Il lui fallait des soins, s'était évident. Cependant la jeune fille n'était pas en mesure de porter le blesser seule jusqu'au lieu où il pourrait être soigné. Laïna les aurait bien aidé mais son rôle de fantôme ne le lui permettait pas. Et de toute façon, elle ne pouvait pas risquer de se faire éventrer par l'humaine. La créature portait un collier. Elle devait donc être apprivoisée, ce que Laïna n'était pas, bien quelle fut elle aussi ornée d'un de ces bibelots. Sans ce faire repérer, elle lança cependant un tube de doliprane près de la jeune fille.

Algol ne put retenir un rugissement de douleur lorsque Opale arracha le morceau de pierre de sa chair, et il lui fallut toute sa volonté pour ne pas se venger d'un coup de griffes. Le visage contracté par la souffrance, il s'empressa de ramener sa main à lui dès qu'Opale l'eût lâchée. Ses doigts valides se refermèrent autour du mouchoir et du membre meurtri pour le masser avec douceur pendant qu'il foudroyait la jeune femme du regard:

"Tu aurais pu prévenir avant de jouer les apprenties chirurgiens! Et non je n'ai pas chaud, merci! Enfin, pas encore."

Il s'était un peu radouci sur la fin de sa phrase, conscient de sa profonde ingratitude. Opale essayait de l'aider, et il la traitait comme... comme...

*Comme une ennemie, tout simplement.*

Le sous-chef soupira et reprit d'un ton plus calme:

"Excuse-moi, c'est le fait d'être trempé, ça ne m'a jamais réussi. Je n'ai pas de fièvre et mon mal de crâne n'est dû qu'à cette abominable odeur, mais je me doute bien qu'il est un peu tôt pour se montrer rassuré. J'ai apprécié ton coup de main, tu devrais rentrer chez toi maintenant: tu vas attraper froid. Et puis tu dois te remettre de ton petit plongeon..."

Un léger sourire vint se graver sur les lèvres de la créature. Il n'était pas sûr du tout de trouver le moyen de se traîner seul jusqu'à la Thianra (surtout, ô cruelle ironie du sort, qu'il fallait passer par les égoûts pour y accéder). Mais il n'avait pas le choix. De toute façon, l'hôpital lui était formellement interdit depuis son dernier coup d'éclat... C'est à cet instant qu'un tube de paracétamol sembla tomber du ciel, confirmant ce que le sous-chef croyait avoir déjà entendu. Il secoua la tête d'un air désabusé avant de parler d'une voix forte, sans même se donner la peine de lever la tête:

"Mademoiselle, quitte à écouter notre conversation, vous pourriez au moins avoir la politesse de vous montrer."

Le "mademoiselle" était un petit coup de bluff, mais les bruits que l'oreille exercée d'Algol avait décortiqués lui paraissaient un peu trop légers pour être produits par un individu mâle.

Opale fronca les sourcils. Algol semblait surestimé ses capacités: Bien qu'il soit doué au combat et relativement rapide, il n'aurait jamais la force de se rendre jusqu'aux locaux de la Thianra. Un second bruit fit tourner la tete a la jeune femme et elle vit le tube tomber et s'ecraser au sol, deversant son contenu sur les pavés humides de la ruelle. L'Arnaith se leva et alla ramasser l'emballage et jeta un bref coup d'oeil a l'interieur. Deux ou trois medicaments avaient resistés. Avec un leger sourire aux levres, Opale retourna près du sous chef et le fixa avec un air determiné.

"Pourquoi est-ce que tu t'obstine a me traiter comme une ennemie ? Je ne te veut aucun mal. Au risque de te decevoir, je ne compte pas rentrer et te laisser ici dans cet état là. Tu penses vraiment avoir la force de te rendre aux locaux de la Thianra ?"

La voix de la jeune femme était devenue seche bien qu'Opale soit sincere. Elle était trop impliquée maintenant pour le laisser ici. Et puis elle avait pris des risques en empechant Lalena de lui tirer dessus et elle voyait d'ici le rapport qui allait etre redigé sur son compte: "Elle a aidé la créature, c'est une traitesse et blablabla...." D'un air resigné, la jeune femme se mit assise sur le sol, a coter d'Algol et haussa les épaules.

"Soit. Tu ne veut pas de mon aide mais ce n'est pas pour autant que je partirais. J'ai tout mon temps moi. Il fait beau, les oiseaux chantent...Je t'accorde que le fait d'etre trempée est très desagréable mais bon je vais faire avec."

Bien sur, les paroles de l'Arnaith étaient ironiques mais rien de mieux que l'humour pour detendre l'atmosphere ? Ce n'était pas le but premier d'Opale mais tant qu'a faire. En réalité, elle essayait de faire comprendre, ou plutot faire admettre a Algol, que malgrès qu'elle soit Arnaith et les nombreux combats qu'ils ont eu ensemble, elle ne lui voulait aucun mal. La jeune femme tourna lentement la tete vers le sous chef et lui dit, dans un sourire désabusé.

"Cesse de faire l'enfant Algol et accepte mon aide..."

Zut! Elle venait de se faire repérer! Elle qui croyait avoir été discrète. Mais comment pouvait il savoir qu'elle était demoiselle? Elle s'approcha su rebord du toit et passa sa petite frimousse par dessus la goutière pour regarder les deux jeunes gens. La jeune fille ne faisait pas atention à elle. Elle comprenait. Elle venait les déranger alors qu'il étaient tous les deux. Quel manque de tact. Pourtant elle n'avait jamais eut dans l'idée de les épier et de s'immicer dans leur moment intime. Elle avait juste vu le félin sortir des égoût en titubant et l'avait suivit pour lui venir en aide s'il avait eut besoin. C'est alors que l'humaine était intervenue.

"Pardon! Je ne voulais pas vous déranger je vous en conjure. Ce n'était pas dans mon intention de violer votre conversation ou de me mettre entre vous. Mais j'ai vu le monsieur sortir en mauvais état des égoûts et je me suis dit qu'il aurait peut être besoin d'aide. Pardon madame, je ne voulais pas vous couper l'herbe sous le pied. Je n'ai pas de mauvaises intentions, je vous le jure! Mais comment savez vous que je suis une demoiselle?"

Après avoir débiter son discours sur un ton réellemnt confu et gêné, elle avait prononcé les derniers mots avec une surprise retardataire. Son petit minoi les regardait avec tendresse. Elle observa tout d'abord la jeune fille. Jolie, sympatique mais quelque peu renfermée et surtout désespérée par la réaction défensive de l'autre. Il y avait de quoi. Elle tentait d'être gentille et lui la repoussait sauvagement. pourtant, Laïna comprenait le félin. Elle avait appris à ses dépends que le plus gentil humain renfermait souvent des initiatives moins réjouissantes. Elle posa ensuite son regard sur la créature. Malgré qu'il soit mouillé et sale, son apparence était vraiment ravissante. Il n'avait pas l'air méchant sans pour autant montrer une quelconque jovialité à l'égard du monde. Dans l'état où il était, cela pouvit aussi se comprendre. Bref, deux individus qui boudaient dans leur coin pour des raisons différentes.

Une odeur infecte s'élevait de l'endroit où ils se trouvaient. Elle attrappa une petite malette qu'elle avait emporté avec elle lorsqu'elle avait apperçu le félin. Elle renfermait des produits et ustensiles médicals en tous genres qui pourraient peut être permettre à la créature de se bouger jusque dans un endroit plus sain. Elle l'avait trouvée dans la pièce où elle avait élu résidence. Cependant, comment la lui faire passer? Elle ne pouvait pas la lancer et aucune prise ne lui permettait de descendre. Sauter restait la seule solution. Oui mais la hauteur n'était pas très élevée cependant, elle ignorait de comment elle supporterait le choc. Elle eut une idée. Elle détacha le ruban qui lui faisait office de bandeau et attacha la malette au bout pour la faire descendre. Et voilà! Encore une chose de faite pour aider les autres. Une pensée la traversa soudain.

"Pardon d'user de votre temps, mais par pur hasard, sauriez-vous où il me serait possible de trouver un dénommé Noah, s'il vous plaît?"

Algol eut un sourire ironique en voyant la mallette venir se poser près de lui sur les pavés, puis il répondit à la créature toujours sans lever la tête (trop mal au côté):

"Oui je connais un certain Noah, et pas par pur hasard. Mais vous comprendrez que je ne peux pas vous crier d'ici comment le trouver. Descendez donc, ça sera plus confortable pour vous comme pour moi."

Il n'avait pas répondu à sa question sur le terme de "demoiselle": autant faire traîné un peu le mystère, puisqu'il était à l'avantage du sous-chef. Celui-ci se saisit de la petite valise et la déposa entre lui et Opale pour l'ouvrir. Il remarqua distraitement qu'on avait fait sauter les serrures d'un coup de griffes. Sa main valide souleva le couvercle, dévoilant une série d'outils médicaux aux formes étranges et quelques produits aux noms exotiques. Peu rassuré, Algol préféra ramener son bras intact contre la plaie de son flanc, qui continuait à saigner. Il n'était pas très sûr d'apprécier le cadeau de la créature inconnue. Mais Opale n'avait pas tort, son état n'était guère brillant et sa fierté commençait à paraître déplacée. Malgré le garrot, l'hémorragie de son bras ne tarissait pas et le temps passé à hésiter ne jouait pas non plus en faveur de sa main. Comme pour confirmer ses soupçons sur son état général, Algol se rendit compte qu'il commençait à frissonner. Cela aurait pu paraître normal si on prenait en compte ses vêtements trempés, mais pour une créature croisée avec un léopard des neiges, trembler de froid n'était jamais normal... Bien que toujours un peu réticent, Algol se décida à parler à Opale:

"Que veux-tu que je fasse, de toute manière? Il est hors de question que j'aille à l'hôpital, le vétérinaire me connait et j'atterrirais en moins d'une heure dans une cellule de votre charment QG. Je t'accorde que je ne suis peut-être pas en état d'arriver jusqu'à la Thianra, mais je ne vois pas d'autre solution. A moins que tu ne connaisses un abri fiable plus proche."

Il posa un regard suspicieux sur le fouet qui était toujours passé à la ceinture de l'Arnaith et qui lui faisait l'effet d'un serpent endormi. Incroyable comme il pouvait avoir horreur de cette chose, une vraie phobie. Rien que la présence de cette arme alors qu'il souffrait rendait Algol nerveux, et l'aurait poussé à s'éloigner s'il avait encore sentit ses jambes... Le félin lâcha un soupir et ajouta:

"Je ne refuse pas ton aide, Opale, mais... Tu l'as dit toi-même, tu ne peux rien faire de plus, et..."

Algol s'interrompit pour déglutir et humecter quelque peu sa gorge anormalement sèche. Vu la teinte crayeuse que prenait la peau de sa main intacte, il ne devait pas avoir très bonne mine.

"Tu devrais vraiment rentrer chez toi. La créature qui est perchée là-haut m'aidera certainement une fois qu'elle aura trouvé un moyen de descendre."

Mais sans parvenir vraiment à cerner pourquoi, le sous-chef n'avait pas vraiment envie que ce fût cette inconnue qui l'aidât à la place d'Opale. Ses yeux couleur miel risquèrent un regard vers l'humaine à laquelle il avait finit par se lier plus ou moins volontairement. Même trempée et couverte de boue comme elle l'était, la jeune femme avait toujours cette sorte d'indéfinissable aura qu'Algol avait remarquée dès leur première rencontre, cette chose qui l'avait poussé à l'amerner à l'hôpital après leur premier combat, qui l'avait obligé à la relâcher après son interrogatoire dans les locaux de la Thianra. Qui avait fait que sans réfléchir une seule seconde, il avait essayé de sauver l'Arnaith de la noyade.

*Ca t'arrive souvent de faire autant d'efforts pour tes ennemis?...*

"Rentre chez toi, Opale. Tu... tu vas attraper froid."

Opale fronca les sourcils. L'état d'Algol l'inquietait serieusement. La jeune femme passa rapidement sa main sur le front de la créature, il devenait anormalement chaud puisqu'il tremblait de froid. Elle se decolla du mur et vint se mettre accroupie devant le sous chef. Non elle ne rentrerais pas chez elle ! Par deux fois, Algol lui avait sauver la vie elle n'allait tout de meme pas partir et le laisser ici. Soudain, les paroles de son medecin de famille lui revinrent a l'esprit: "Si un jour tu as besoin de quoi que se soit, appelle moi." C'était maintenant ou jamais. Mais d'abord, il fallait qu'elle trouve un moyen de ramener Algol chez elle, a supposer qu'il accepte de la suivre. Opale planta son regard dans celui du sous chef.

"D'accord, je rentre chez moi mais seulement si tu viens avec moi. Je n'habite pas très loin..."

L'Arnaith tourna la tete vers le toit où se trouvait l'autre créature. Elle allait avoir besoin d'elle pour ramener Algol jusqu'a chez elle. Ils allaient devoir passer par des petites ruelles pour eviter de se faire reperer par une créature de la Thianra ou par un Arnaith. Malgrès que cela ne se voit pas, Opale commencait a ceder peu a peu a la panique. Ses mains se mirent a trembler legerement. Son regard se posa sur la plaie que la creature avait au flanc. Elle saignait abondamment, il fallait qu'elle arrive a stopper l'hemorragie. L'Arnaith fouilla dans la mallette et se saisit d'une compresse et d'une bande. Opale s'approcha d'Algol et appuya la compresse contre la plaie. Le sang du sous chef se mit a couler le long des mains de la jeune femme mais cela ne semblait pas la gener plus que ça. Elle fixa tant bien que mal la compresse avec la bande mais il fallait faire vite a present cela ne tiendrait pas longtemps.

"Hé toi la haut ! Descend, je vais avoir besoin de toi !"

La voix d'Opale se faisait pressante et une pointe d'angoisse pouvait se faire entendre. Son regard accrocha un instant celui d'Algol et un sourire rassurant vint naitre sur les levres de la jeune femme.

"Je vais te ramener chez moi...Une fois la bas, j'appellerais un vieil ami et il te soignera...Fais moi confiance..."

Ses oreilles s'agitèrent de bonheur. Le félin venait de lui confirmer qu'il connaissait le fameux Noah! Elle poussa un petit cri de joie en songeant que si ce dernier acceptait, elle serait bientôt libérée de cet instrument de torture qui lui lacerait le cou. Maintenant, il lui fallait descendre. Tout d'abord pour répondre à la demande du jeune homme et aussi à l'appel que lui lançait l'humaine. Elle hésita un petit moment. Malgré tout, elle ne semblait pas la bienvenue et se sentait mal à l'aise. Ils ne lui faisaient pas confiance. Elle le comprenait, puisqu'ils étaient inconnus. Et rien ne leur disait qu'elle ne faisait pas partie de leurs ennemis. Décidément, que ce soit les humains ou les créatures, personne ne semblait daccord pour la prendre près d'eux.

Sa longue queue s'agitait frénétiquement derrière elle. Que devait-elle faire? Le manque de confiance en elle qu'elle dégageait lui conférait l'âge d'une petite fille. Elle n'avait cependant pas le temps de rêvasser! Un jeune homme se mourait. Tant pis! Qu'ils lui fassent confiance ou non, qu'ils l'apprécient ou non, elle devait les aider. Elle se redressa légèrement avant de faire surgire trois griffes d'environ 25 cm de long à chacune de ses mains.

Elle se leva et se dirigea un peu plus loin afin de faire face à la goutière descendante du mur voisin et sauta dessus en y plantant ses griffes pour se laisser glisser jusqu'au sol. La découpe de la ferraille fit un bruit attroce pour ces pauvres oreilles ultra sensibles mais elle n'avait aucun autre moyen plus rapide, le saut lui étant impossible à cause de son collier.

"Je suis désolée pour le bruit, vraiment. Mais je n'avais pas d'autre choix."

Elle s'approcha doucement d'eux avec une démarche de panthère visible au premier coup d'oeil. Elle leurs sourit avant de venir s'agenouiller auprès du bléssé.

"Je m'appelle Laïna et je vous promet que je ne vous veux aucun mal."

Elle parlait d'une voix appaisante, allant de l'un à l'autre avec ses petits yeux de braise, espérant un quelconque signe sur lequel elle pourait déterminer les efforts qu'elle aurait à faire pour les convaincre qu'elle n'était pas méchante et qu'ils pouvaient compter sur elle. L'humaine voulait amener le félin chez elle, en espérant que ce ne soit pas trop loin. Pour commencer, il fallait soulever le blésser. L'idéal aurait été d'avoir un chariot mais bon. Elle attendait les instructions

Algol avait légèrement sursauté lorsqu'Opale avait posé sa main sur son front pour évaluer sa température. Une réaction qui paraissait excessive, mais qui ne l'était pas lorsqu'on savait que le sous-chef avait pratiquement oublié qu'on pût s'inquiéter pour lui. Particulièrement quand "on" était une humaine.

"Mais Opale, écoute..."

Il ne poursuivit pas: inutile, la jeune femme ne l'écoutait déjà plus. Lorsqu'elle tira des bandelettes et compresses de la mallette médicale pour tenter de ralentir le débit du sang qui coulait le long de son flanc, Algol se laissa faire. Opale lui fit légèrement mal lorsqu'elle appuya pour maintenir le pansement en place le temps de le refermer, mais la créature ne broncha pas. En fait, il était tellement étonné de l'application que la jeune femme mettait à le soigner qu'il préférait continuer à l'observer sans rien dire. Aussi étonnant que cela pût paraître, il ne comprenait pas pourquoi l'Arnaith se conduisait de la sorte.

"Si tu fais cela parce que tu crois avoir une dette envers moi, je t'assure que ce n'est pas la peine."

Mais ce n'était pas une dette, il n'était pas idiot au point de ne pas s'en rendre compte. Et s'il conservait quelques doutes, le regard qu'Opale leva vers lui les anéantit en un instant.

"Je vais te ramener chez moi...Une fois la bas, j'appellerai un vieil ami et il te soignera...Fais moi confiance..."

Algol baissa la tête avec un soupir d'abandon: comment pouvait-il dire non? De toute manière, il n'avait plus le choix, il commençait déjà à sentir les effets de la perte de sang. C'est alors qu'un son atroce traversa son cerveau de part en part, au point de le faire grincer des crocs. Il tourna un regard furibard vers la créature qui arrivait au niveau des pavés, mais l'expression désolée de cette dernière le poussa à s'adoucir quelque peu. C'était bien une jeune féline, à peu près de la stature qu'Algol avait imaginée en l'entendant faire du bruit sur le toit. Il la salua d'un signe de tête et se présenta à son tour, bien que de manière incomplète:

"Algol, félin de la Thianra. J'apprécie votre bonne volonté, mais..."

Ce fut seulement à cet instant qu'il saisit le pourquoi des regards qu'échangeaient les deux jeunes femmes.

"Ah non, je peux marcher tout seul! Je suis peut-être malade, mais pas à ce point-là!"

Sans leur laisser le temps de protester, Algol se redressa sur ses genoux et attrapa le rouleau de bandelettes qu'Opale avait reposé à ses côtés. Il en trancha un long morceau d'un coup de griffes (de la main droite, il n'osait même plus essayer de sortir celle de la main gauche) puis la noua de son mieux pour garder son bras blessé en écharpe. Se relever fut légèrement plus périlleux, mais il parvint à tenir sur ses jambes flageolantes à condition de s'appuyer sur le mur. Non mais! Blessé ou pas il avait encore un minimum d'orgueil à préserver, et se faire porter par deux filles n'était pas spécialement pour lui plaire...

"Ca ira, je vous dis. Marchez lentement et ça ira. J'espère que tu n'habites pas très loin, Opale."

Il lui adressa un sourire mi-figue mi-raisin: il s'évertuait à se donner l'image du valeureux guerrier qui souffre dans l'honneur, mais dans les faits il n'était pas sûr d'avoir envie d'affronter le moment où il devrait quitter l'appui bienveillant du mur de l'école...

"A moins que mademoiselle Laïna ne préfère nous abandonner maintenant et savoir tout de suite comment trouver la Thianra?"

Opale se releva a la suite d'Algol. Elle respectait la volonté du felin et ne l'aidait pas a se maintenir debout bien que la jeune femme se tenait a moins d'un metre pour parer une eventuelle chute. L'Arnaith rentra la tete dans les épaules lorsque Laïna fit glisser ses griffes le long de l'acier, cela avait produit un son des plus desagreables. Elle reporta son attention sur Algol: Le sous chef avait vraiment bien du mal a rester sur ses jambes et elle esperait qu'il arrive sans trop de difficulté jusqu'à chez elle. Opale ramassa la malette gentillement offerte par Laïna et la referma. Elle decida de l'emporter avec elle. Qui sait, cela pouvait toujours etre utile. Son regard sombre se posa sur la creature qui venait de descendre de son perchoir.

"Decide toi vite Laina ! On a pas toute la journée !"

Son ton avait été plus sec qu'elle ne l'aurait voulu. Cependant Opale ne savait pas pourquoi elle avait aidé Algol a sortir des égouts alors qu'il aurait été simple de le capturer, d'autant plus qu'elles étaient deux contre lui. Et elle ignorait aussi pourquoi elle se demenait pour le soigner alors qu'il aurait été plus simple pour elle de l'achever. Mais l'Arnaith n'était pas de cet accabi, ce n'était pas son genre de laisser mourir les gens, qu'ils soient humains et créature. De plus, elle savait très bien que la mort d'Algol la rendrait triste. Elle le savait depuis qu'il l'avait emmener à l'hopital, peut etre était ce cela qui l'avait poussée a l'aidé dans les égouts et qui l'animait a cet instant.

"Non, je n'habite pas très loin...On devrait y etre dans une petite dizaine de minutes...Tu penses pouvoir marcher jusque là bas ?"

Bien qu'elle ne doutait pas de la resistance physique du sous chef, Opale était legerement suspicieuse. Ils allaient devoir passer dans d'étroites ruelles et le mur de l'école ne le soutiendrait pas éternellement. Enfin, il était orgueilleux et il avait eu du mal a accepter l'idée qu'Opale l'aide. La jeune femme pensa qu'il était judicieux de remettre toutes questions a plus tard. La nuit commençait déjà a tomber, ils devaient se depecher sinon le medecin de la famille Wang rentrerait chez et Opale n'était pas sure d'avoir son numero personnel. Elle se tourna alors vers Laina, attendant sa réponse.

"Je veux bien vous aider, si je ne voux gêne pas! Monsieur Noah attendra bien un peu."

Elle leur sourit et les suivit dans le dédalle de petites rues qui s'entrecoupaient dans toutes les directions. La nuit venait doucement poser son manteau de velour sombre au dessus de leurs têtes, plongeant les environs dans l'obscurité. Il faisait frais et cela n'irait pas en se radoucissant. Elle souriat de voir le félin faire le fier dans un moment pareil. Ses pensées allèrent vers son père. Lui aussi faisait toujours le fort lorsqu'il n'était pas bien.

"Vous savez, monsieur Algol, notre aide ne vous fera pas devenir moins viril. Même si je peux comprendre que vous possédiez un fort égo, vous vous faites du mal plus qu'autre chose. Sans compter que la jeune fille qui est à vos côtés tremble de stress."

Elle savait bien que le félin ne l'écoutait qu'à moitié mais le silence devenait tellement pesant. Et la jeune femme lui semblait hostile. C'est pourquoi elle baissa les yeux et les laissa passer devant. Elle les suivrait un peu à l'écart pour les laisser tous les deux. Pour passer le temps, elle se mit à chantonner tout bas. Elle regardait le félin continuer d'avancer, de plus en plus difficilement. Soudain, elle eut une idée en voyant un vieux balai sur le rebord d'une poubelle. Elle alla l'attraper et d'un coup de griffe bien placées, elle hôta le bout de plumeau. Le manche était solide et haut, cela irait. Elle marcha pour rattraper la petite troupe et tendit le bâton au félin.

"Tenez, monsieur Algol! Peut être qu'en vous appuyant dessus, vous fatiguerez moins."

Puis elle alla reprendre sa place à l'arrière du peloton.

Les paroles de Laïna ne suscitèrent d'abord qu'un grognement peu agréable d'Algol en guise de réponse, mais lorsqu'il se rendit compte que la créature se laissait un peu distancer dans l'espoir de dissiper un malaise qu'elle croyait être dû à sa présence, le sous-chef revint à de meilleurs sentiments. Il s'appuya sur le mur de la ruelle qu'ils parcouraient (après tout, c'était un bon prétexte pour une pause supplémentaire), avant de dire d'une voix légèrement haletante:

"Ce n'est pas une quetsion de virilité, mais de principe. Je peux marcher, je marche, c'est tout."

Conscient que son argument manquait singulièrement de valeur, le léopard des neiges préféra reprendre sa marche titubante. Un observateur extérieur aurait été étonné de voir que malgré son flanc qui le brûlait et son sens de l'équilibre visiblement troublé par la fièvre qui s'installait dans son corps, Algol marchait toujours avec cette sorte de légèreté surréaliste qui était l'apanage des créatures, et c'était à peine s'il trébuchait de temps à autres. Mais cette relative stablité tenait du fait qu'il s'arrêtait dès qu'il se sentait un peu faiblir, avant que son petit numéro ne s'effondrât. Le stratagème fonctionnait, mais les obligeait à marcher lentement, et Opale les pressait d'avancer plus vite. C'est pourquoi Algol sentit une bouffée de reconnaissance aveugle l'envahir lorsque Laïna lui proposa la canne qu'elle venait d'improviser:

"Merci, merci beaucoup..."

Le félin cala le bâton sous son bras valide et repartit à un rythme légèrement supérieur, même si sa démarche de danseur souffrait un peu de ce troisième appui qui le faisait instinctivement boîter. Il suivait Opale, impatient d'arriver chez elle: il commençait vraiment à fatiguer, et il supportait de moins en moins bien cette odeur abominable qui se dégageait de ses vêtements; lui toujours si soigneux d'habitude...

Opale se tenait toujours a moins d'un metre d'Algol, pour eviter la chute. Voila maintenant plusieurs minutes qu'ils marchaient dans les ruelles sombres et humides de Paris. Elle aussi était pressée d'arriver. La jeune femme en avait marre d'etre trempée et commençait par avoir froid. De plus le sous chef ne tiendrais pas eternellement debout dans son état. L'énieme ruelle qu'ils venaient d'arpenter deboucha sur une grande rue bordée de quelques maisons blanches.

"C'est bon, on est dans ma rue ! On est bientot arrivé !"

Opale les emmena tout au bout de la rue. Ils se trouvaient devant une maison plutot etroite et haute. La jeune femme poussa le portail et s'effaca pour les laisser entrer dans la cour.

"Voila, on est chez moi !"


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