"Heeey je suis rentrééééé !"

Encore une journée de dur labeur écoulée. Enfin, Angelo a quitté l'atmosphère surchauffée et lourde des bureaux où il est malheureusement enfermé toute la journée - sauf quand il arrive à s'échapper pour fumer une cigarette. Il n'aime pas aller travailler parce d'abord, il n'aime pas ça - ah comme il serait heureux si, comme les vraies panthères noires, il pouvait paresser toute la journée en laissant son corps souple abandonné aux rayons du soleil... - et ensuite, il n'est pas à l'aise en présence de tant d'humains. Il faut qu'il surveille ses gestes, qu'il les dose pour ne pas paraître trop souple, pas assez humain, qu'il cache ses crocs... Et malgré tous ses efforts - et Dieu sait qu'il en fait -, il ne parvient pas à éliminer cette dernière réticence général et inconsciente qu'ont les hommes à ne pas réellement le considérer comme l'un des leurs. A force de rester entre deux, il a fini par se faire détester des deux camps. C'est drôlement intelligent. Il secoue la tête pour chasser ses pensées, marchant le nez au vent. Pauvre nez qui a été toute la journée assailli par les agressives odeurs de parfum des femmes - "Beuââârk, c'est quoi cette odeur ?! x.X" Où sont les toilettes, déjà ?" -, et les montées sensibles de phéronomes. Les humains adorent le printemps, Angelo, non. Il a bien trop de sensations écoeurantes à supporter. Enfin, n'y pensons plus, pour le moment, il s'aère les poumons sur le chemin du retour de chez lui. Ses mèches de cheveux brunes sont soulevées par le vent léger, et il s'agace légèrement à essayer de les remettre en place, en soufflant dessus, et en secouant la tête. Il ne les dégage pas de son champ de vision avec ses mains, puisque lesdites mains sont cachées dans les poches de son jeans, négligemment. Son éternel sac kaki en bandoulière complète sa tenue, qui rend parfaitement justice à son jeune âge.

Il arrive donc près de sa maison, d'un pas souple, dont le léger déhanchement étouffe complètement le bruit - c'est un signe qu'il est détendu, et qu'il a cessé de penser à surveiller ses faits et gestes. Il s'arrête ensuite devant la porte, fouillant sans regarder dans le sac. Il laisse ses yeux chocolat détailler le paysage, se demandant comment était la capitale avant la venue de l'homme et de cet infernal goudron, ce traître dans lequel tous les étés il laisse la marque de ses semelles. Et le jeune homme se plaît à imaginer un monde luxuriant de verdure, un monde dans lequel la partie la plus animale de son être se serait sûrement plue. Enfin, tant que la chasse n'aurait pas été évoquée... Angelo est un grand prédateur de steaks et autres volailles, tant qu'elles sont enfermées solidement dans son frigo - et de préférence déjà mortes, il ne manquerait plus que les voisins appellent la police parce qu'il bouffait des oiseaux crus chez lui.

Après avoir fixement regardé le pauvre homme qui lui sert de "voisin-d-en-face" pendant cinq minutes sans bouger, il sort de sa rêverie, et le salue joyeusement. Dès qu'il sort des locaux où il travaille, finalement, il aime le printemps. Imaginer la sève glouglouter dans les arbres asséchés par l'hiver, observer le soleil timide et magnifiquement jaune après de longs mois gris... Ah quelle belle saison !

Et il entre chez lui tout guilleret, après avoir passé en tout un quart d'heure planté sur le pas de sa porte. Il la referme d'ailleurs avec automatisme derrière lui, pose son sac dans l'entrée et jette sa veste dans un fauteuil.

Enfin rentré. Ouf.

[Réservé !]

Invité

[j'espère que ça t'ira, au pire j'éditerai Wink

]

La petite Savannah avec ses allures si frêles avait un regard bien froid en marchant dans la rue d’un pas pressé, dévisageant toutes les personnes lui passant à coté. En fait Savannah n’était plus vraiment elle, elle était en réalité Freyja, son 'alter'. Si bien que la jeune fille marchait d’un pas assuré, ne baissant pas les yeux lorsqu’on la regardait, contrairement à ce qu’elle faisait habituellement.
Comme toujours Freyja cherchait à aider Savannah. Et cette fois, elle lui cherchait un lieu où elle pourrait être en sécurité, car vivre dans les rues ce n’était pas quelque chose pour Savannah. Il fallait absolument qu’elle puisse lui trouver un toit. Mais le temps qui lui était imparti était restreint, en effet, elle ignorait combien de temps elle pourrait encore disposer du corps de sa si douce Savannah, sûrement pas plus longtemps qu’une heure. Il fallait donc qu’elle trouve rapidement un endroit sûr. Ce fut pour cela qu’elle accéléra sa cadence, ses enjambées se firent plus longues et encore plus décidées qu’auparavant.

Freyja ignorait tout de cette ville, alors elle allait au grès de ses intuitions. Elle ne savait pas trop par où commencer, et surtout où aller. Mais elle faisait confiance à son instinct, pour sauver Savannah – et elle par la même occasion – elle était prête à tout. La jeune fille continuait son avancée, son regard se portant à droit puis à gauche, elle cherchait à présent presque désespérément un endroit pour Savannah. Freyja savait que le temps lui était compté, elle devait faire très vite à présent. La créature arriva dans le quartier des habitations, des maisons, rien que des maisons ! Enfin, Freyja avait trouvé quelque chose d’intéressant. Très certainement, elle ne pourrait pas séjourner dans l’une de ces somptueuses demeures, mais au moins elle y trouverait bien quelque chose d’intéressant. De la nourriture suffirait bien assez peut être de l’argent aussi. A présent il fallait trouver une maison dans laquelle il serait facile d’entrer.
Encore et toujours, Freyja accéléra ses pas, à l’affut de la moindre ouverture possible. Très vite son regard fut attiré par une fenêtre entrouverte. Une chance en or à ne pas manquer. Si le propriétaire de la demeure était toujours dedans, tant pis, il fallait tout de même tenter le tout pour le tout. Avec toute son agilité féline, Freyja se dirigea discrètement vers cette fenêtre. Elle se glissa dans l’interstice sans grande difficulté, grâce à sa souplesse. Sans un bruit, elle commença à marcher sur le sol, prenant garde aux moindres bruits, mais la maison semblait vide. Une chance pour Freyja, mais alors qu’elle allait découvrir l’endroit, son regard sembla se vider de toutes émotions. Elle tomba ensuite lourdement sur le sol, inconsciente.

A peine quelques minutes plus tard, Savannah se réveilla, son regard si innocent enfin retrouvé. Elle posa sa main à sa tête, elle avait mal, horriblement mal. Une douleur qui résonnait au creux de son crâne, et encore un de ses trous noirs qu’elle haïssait tant. Et puis elle se retrouvait dans un lieu qu’elle ne connaissait pas, qu’elle n’avait même jamais vu ! Apeurée Savannah s’assit, parcourant la pièce de ses grands yeux curieux.

« C’est toi Freyja qui m’a amené ici, hein ? »

Une question dont elle connaissait pertinemment la réponse, mais bon ! Sans qu’elle puisse vraiment se poser d’autres questions, elle entendit une clé déverrouiller la porte d’entrée. Et comme il était prévisible une personne entra dans la maison. Savannah paniqua littéralement, se leva précipitamment et chercha un endroit où se cacher. La personne qui venait de rentrer ne l’avait pas encore vue, elle avait encore une chance. Elle se trouvait très certainement dans son salon vu les meubles qui s’y trouvaient, alors Savannah sauta derrière le sofa. Mais vu qu’elle n’avait jamais été très douée, elle oublia sa queue qui ondulait derrière elle. Son appendice caudal, dépassait donc de sa cachette, trahissant lamentablement sa présence dans la pièce. Telle une enfant, elle était à quatre pattes sur le sol, ses coudes appuyés sur le sol, son visage enfouit entre ses mains et son arrière train relevé. Elle avait perdu tous ses moyens et n’espérait qu’une chose : ne pas être retrouvée. Espérance très certainement vaine, vu sa manière si efficace de se cacher !

[Non non ça me va parfaitement ^^. Pareil pour moi, si ça te convient pas, tu peux me mpter.]

Négligemment, il suit des yeux le parcours aérien décrit par sa veste, pour la regarder s'étaler dans un désordre froissé sur le fauteuil. Il a un léger haussement d'épaules désintéressé du sort de son vêtement, puis va à la cuisine, en sifflotant les notes très reconnaissables du French-Cancan. Allez savoir ce qu'il se passe dans cette tête creuse que possède Angelo - dit Borgia. Direction la cuisine, histoire de voir ce que peut bien contenir comme trésor son frigo - "ahaha, tenez-vous bien, les tranches de jambon !" - mais il change changer brutalement d'avis en plein milieu de sa démarche. Précisons au passage qu'il a l'air parfaitement idiot avec la jambe en l'air et l'air concentré. Il repose son pied au sol, puis volte sur le bout des pieds, avec souplesse. Les ailes fines de son nez se dilatent légèrement, alors qu'il fouille du regard le salon. Ca y est, il n'est pas si quiche que ça, et a fini par se rendre compte qu'il n'est pas tout seul. Il continue de humer l'air discrètement - on entend même pas les "nif-nif" produits habituellement -, les yeux demi-fermés.

Enfin, il semble avoir repéré la source de l'odeur. Il s'approche du canapé - qui n'était pas dans son champ de vision à cause du mur -, et arque ses fins sourcils en prenant une expression stupéfiée. C'est bien une queue qu'il voit, là ? Il incline la tête sur le côté, légèrement, à la manière d'un jeune animal qui ne comprend pas bien ce qu'il voit. L'arc de ses sourcils se rabaisse, se fronçant à nouveau. "C'est une blague, ou quoi ?" Après quelques instants d'hésitation légitime, il s'approche du canapé, et s'accoude à son dossier.

"Bonjour, jeune fille."

Il paraît très détendu, observant la créature qui est roulée en boule au sol. En effet, une fille, avec des oreilles, une queue - celle-là même qui dépassait du meuble -, et un collier dans des cheveux blonds. Plutôt mignonne, même s'il ne la regarde qu'avec peu d'intérêt sexuel. Il n'est pas du genre à violer les gens qui viennent squatter chez lui. D'ailleurs, que vient-elle faire ici ? Peut-être est-elle, elle aussi, une envoyée de la Thianra, comme cette Ombre qui l'a visité il y a quelques jours. Enfin, il préfère ce type d'envoyé, avec qui on peut engager le dialogue... Parce que l'assassin de la Thianra n'est pas spécialement enclin à la parlotte. Bref, il la détaille. Et ne cherche pas à cacher sa propre nature de créature : il lui fait un sourire étrange qui laisse visible ses crocs. De toutes manières, il a énormément de mal à cacher sa nature à ses semblables, qui la sentent bien plus nettement que les humains. Enfin, face à cette créature-là, il ne se sent pas spécialement en danger, et apparaît donc comme calme et peu menaçant. Il roule quand même des muscles, histoire de montrer qu'il ne se laissera pas égorger sans jouer des crocs, mais il ne pense pas être obligé d'avoir recours à ce genre de défense ultime.

"Vous vous êtes perdue chez moi ? Pourtant, ce n'est pas très grand... Si vous voulez, je vous fais une visite guidée."

Invitation implicite à rester ? Rappelons qu'il n'a toujours pas d'air - ni d'intention - lubrique à l'égard de Savannah.

"Au fait, je m'appelle Angelo..."

Bon, monsieur n'a pas l'air spécialement fâché que l'on trouve refuge chez lui.

Invité

Ne prêtant plus attention à ce qui se passait autour d'elle Savannah restait sans bouger sur le sol. Elle chantonnait dans sa tête la mélodie d'une boîte à musique, celle qu'elle n'avait jamais pu toucher chez Eloïse. Elle attendant, agitant de plus en plus sa queue, marque de son inquiétude et de son stress qui montaient en flèche. Son rythme cardiaque s'accéléra, et les battements de son coeur raisonnait dans sa tête, elle en avait même l'impression que toute la ville pouvait les entendre. Plus les longues secondes, puis les minutes passaient, plus Savannah avait peur. Dans son esprit, elle allait mourir, c'en était fini d'elle. Ce fut pourquoi lorsqu'elle entendit une voix très proche d'elle, et ne pouvant que s'adresser à elle, elle hurla. Bien qu'avant que son "AAAH" suraigu ne sorte de sa bouche, elle se soit mise à genoux pour voir qui s'adressait à elle. Puis, les yeux fermés, elle s'agrippa au sofa qui venait de lui servir de cachette bien inutile. Elle rouvrit un oeil, pour voir si cette personne en face d'elle, allait lui faire quelque chose. Mais elle ne semblait pas menaçante, et à y regarder de plus près, ce jeune homme avait des dents bien étranges pour un humain. Un petit déclic dans l'esprit de Savannah, ce n'était pas un humain, mais une créature comme elle. Mais il était si différent d'elle, pas d'oreilles sur sa tête et ses yeux n'étaient pas comme les siens.
La question d'Angelo la fit rougir, et elle baissa la tête. Si elle lui disait que ce n'était pas elle qui était venue ici, il ne la croirait pas. Parler de Freyja était quelque chose que Savannah ne faisait que si elle se manifestait et pas autrement.

"Pardon..."

Sa petite voix à peine audible était tremblante. Son visage toujours tourné vers le bas, elle lâcha doucement le sofa, laissant ses mains glisser sur le tissu. Savannah se releva ensuite, relevant enfin la tête pour regarder Angelo. Même si elle n'était toujours pas à l'aise, elle se força à faire bonne figure. Si les premiers moments de leur rencontre n'étaient pas bien glorieux, cela pourrait sûrement s'arranger.

"Moi c'est Savannah."

Toujours aussi timide, Savannah sortit de derrière le sofa. Elle regarda l'endroit, laissant ses yeux vagabondait dans les moindres recoins, tout en faisant quelques pas peu assurés dans la pièce. Puis elle se retourna vers Angelo, avec un air interrogateur, sa main se posant sur son sac.

"C'est ta maison à toi tout seul ?"

Question peut être stupide, mais peut être qu'Angelo vivait avec ses parents. Ou bien avait il un propriétaire, comme elle en avait eu un auparavant elle aussi. Savannah avait trouvé une maison avec une personne qui lui semblait gentille, peut être que si elle aussi était gentille avec elle, elle pourrait rester. Et surtout ne plus devoir vivre dehors, comme une clocharde. Seule Savannah était perdue, et il fallait qu'elle trouve quelqu'un qui veuille bien d'elle, sinon elle finirait par se laisser mourir ne sachant pas comment se débrouiller toute seule.

[Hop, désolée pour l'attente prolongée ^^ ! En espérant que la réponse te convienne fufufu !]

Quand la jeune créature qui était très mal cachée derrière son canapé se redresse avec un grand cri aigu, Angelo ne peut s'empêcher de sursauter. Ses tympans martyrisés protestent légèrement, et il secoue la tête pour se débarrasser d'une petite douleur désagréable qui lui parcourt la boîte crânienne - un peu comme si le cri de Savannah continuait de se répercuter dans le vide sidéral de sa tête de pioche. Il se reprend néanmoins rapidement, clignant rapidement des yeux - ses magnifiques yeux qui n'ont rien de naturel -, et se redresse légèrement, la courbe de ses épaules fines ne s'en dessinant que mieux. Il la regarde rougir, et ses lèvres fines s'étirent en un sourire attendri. C'est qu'elle lui donnerait presque envie de la rassurer... Il se demande un instant d'où elle peut venir, ainsi, à avoir sauté chez lui par la fenêtre qu'il avait laissée ouverte - une action qu'il regrette maintenant, l'odeur du goudron chauffé le rend légèrement malade. Cette curiosité ne sera que vaguement passagère : Angelo n’est pas quelqu’un de profondément social, préférant garder ses propres problèmes – et mine de rien, il les collectionne – et laisser les autres se débrouiller avec les leurs. Qu’est-ce que qu’avait dit cette brunette idiote qui sert de secrétaire à l’imbécile qui lui sert de chef, déjà ? Ah oui, elle s’étonnait qu’il ne possède pas de créature. Non mais vraiment, de quoi elle se mêlait, cette pouffe ? Il fait bien ce qu’il veut… Avec ses cheveux, cette créature qu’il ne possède pas, et sa maison. Ces pauvres humains avaient la manie stupide de fourrer leur nez dans les affaires des autres – chose désagréable au possible. Ca se voyait qu’elle ne connaissait pas l’Ombre, l’autre, elle aurait filé doux avec la créature-panthère noire… Des fois, il regrettait un peu son rôle d’agent double (donc, par définition, discret), et il faisait de plus en plus souvent des rêves d’éventrage de collègues… Note pour plus tard : penser à acheter des somnifères. Des fois que ses rêves redeviennent moins violents.

Ses yeux couleur chocolat scrutent patiemment le visage de Savannah. Elle semble hésiter, réfléchir, puis finalement lui cacher quelque chose. Il fait assez peu confiance à son instinct quelque peu émoussé, et sortira donc bien vite ce genre de pensées de sa tête – vide, disais-je plus tôt. C'est également à cet instant de la conversation qu'il décide que la jeune fille – la jeune créature plutôt, mais il finit par ne plus trop opérer de différences entre les deux – ne fait pas partie de la Thianra, et n'en a probablement jamais entendu parler. Elle n'a pas l'attitude si particulière des adhérents de cette organisation, tout comme Thim ne l'a pas. Décidément, Angelo attire les créatures qui agissent en électrons libres. Remarquez, il ne s'en plaint pas : les méthodes musclées utilisées par l'Ombre ne lui plaisent pas particulièrement. Il regarde avec un certain amusement - en aucun cas méchant Savannah - tenter de faire bonne figure, et croise ses bras sur sa poitrine, ses hanches droites s'inclinant quelque peu alors qu'il l'écoute attentivement. Il incline légèrement son profil fin et bien dessiné, ses lèvres minces s’étirant un peu plus, en un sourire à l’expression presque franche, mais cette fois, il ne découvre pas ses dents.

« Angelo, comme je disais plus tôt… Enchanté de te rencontrer. »

Au moins, on peut dire que le garçon est plutôt laxiste. Il rentre chez lui, retrouve une fille totalement inconnue planquée derrière son canapé, elle lui perce les tympans grâce à une ancestrale technique de cri-qui-tue, et tout ce qu’il trouve à dire, lui c’est « enchanté de te rencontrer ». Tiens, pour appuyer ses dires, il tend vers elle une papatte – heu, une main amicale et soyeuse. Il jette un regard autour de lui, assez fier, quand elle lui demande s’il habite vraiment tout seul ici. Le sourire qu’il a accroché à ses lèvres fines ne semble plus jamais vouloir partir de là.

« A part quelques araignées, je suis le seul habitant, oui. J’imagine qu’il y a quelques souris, aussi… »

Bon, il s’exprime très mal, il est pratiquement incompréhensible, mais ce qu’il vient de formuler se rapproche du « oui, je vis tout seul ». Allez savoir quelle est cette fixette qu’il nous fait sur les nuisibles qui peuvent habiter chez lui… Il s’appuie un peu plus sur le canapé, le rembourrage visiblement moelleux s’enfonçant légèrement sous son poids – il a beau être mince, un homme adulte, ça pèse ! – demandant.

« Pourquoi, tu veux squatter ? »

La question n’est certainement pas posée méchamment. Il a plutôt l’air d’être intéressé par la réponse qu’il accueillera ensuite d’un « mais y’a pas d’problèmes, tu peux rester ! ». On pourrait se demander ce qui motive la créature humanisée à cette action. En tous cas, l’attirance sexuelle est à mettre hors de cause. Angelo n’a qu’un regard curieux pour la jeune Savannah. C’est certes le printemps, mais les odeurs d’hormones qu’il se voit obligé de subir à longueur de journée à son travail on comme qui dirait tendance à l’abrutir… Il incline légèrement la tête sur le côté, attendant ses réponses, toujours à moitié affalé sur son canapé.

Invité

D'un air interrogateur, Savannah observa cette main qui se tendait devant elle. Elle inclina la tête à gauche, puis à droite. Cela lui faisait bizarre que quelqu'un lui tende la main pour la saluer. Elle avait vu mainte fois ce geste venant d'autres humains pour ses anciens maîtres, mais pour elle, ils se contentaient du petite tape sur sa tête, bien souvent très désagréables, car trop fortes ou mal placées – les oreilles c’est très vite douloureux. Ou alors, ils lui jetaient des regards plus ou moins méprisants. Entre ces deux solutions, finalement elle préférait qu’on lui tende également une main amicale. Alors ce fut toute folle par les pieds, que Savannah saisit la main d'Angelo, et elle la serra de sa petite mimine, qui finalement n'était pas aussi faible qu'elle n'y paraissait. Elle secoua ensuite le bras de son nouvel 'ami' avec, peut être, un peu trop d'entrain, accompagnant le tout d'un sourire que seules ses oreilles arrêtaient, et heureusement, parce que sinon il serait prêt à faire un sacré nombre de fois le tour de sa tête. C’est sans parler de ses yeux, tellement elle souriait que ces derniers étaient presque invisibles, tout fermés de bonheur.

"Moi aussi je suis enchantée Angelo !"

Elle lâcha enfin la main d'Angelo, sentant la sienne un peu engourdie d’avoir un peu trop serrer celle de son interlocuteur. Pourtant elle demeurait toujours aussi souriante qu’auparavant, ne montrant pas la légère douleur dans son extrémité. A présent, Savannah semblait totalement à l’aise. Sa voix n’était plus tremblante du tout, et elle était même enjouée. Elle ressemblait à présent à une petite fille toute contente d’aller à sa première fête foraine.
Savannah ne put s'empêcher de refaire un petit tour sur elle-même après la réponse d’Angelo sur le fait qu’il avait des araignées et des souris qui squattaient chez lui. Mais cette fois elle le fit avec un air de traqueuse. Sa queue ondulait à présent de façon beaucoup plus lente, et sa posture - les genoux légèrement fléchis, la tête quelque peu entrée dans les épaules -, la faisait plus ressembler à un lion prêt à bondir sur sa proie, qu'à une gamine innocente. Elle termina son second petit tour d'horizon d'un petit bond pour qu’elle soit à nouveau en face de la créature, ce qui fit revenir au galop sa nature de petite fille.

"Des araignées ? J'aime bien les araignées ! Parce qu'Eloïse, elle, elle les aime pas."

Sûrement qu'Angelo ne comprenait rien à ce qu'elle venait de dire, mais dans l'esprit de Savannah tout le monde connaissait cette horrible peste d'Eloïse - qui devait certainement être obèse à l'heure actuel vu toute la bouffe qu’elle ingurgitait. Le ton de sa voix était moqueur, une autre facette de Savannah qui faisait rarement son apparition, peut être était-ce une partie de Freyja qui déteignait lentement sur son alter égo.
Sans prévenir, Savannah se jeta sur Angelo, l'enserrant entre ses petits bras, à peine eut il terminé de prononcer sa question. Elle releva alors la tête – car n’étant pas bien grande, elle était très logiquement plus petite que le pauvre homme qu’elle serrait contre elle – plongeant ses grands yeux ambrés dans ceux chocolat d’Angelo.

"C’est pour de vrai, je peux rester ici ? C’est pas un mensonge ?"

C’était fou de voir à quel point Savannah pouvait changer de ton en si peu de temps. De la voix tremblante, jusqu’à la voix enjouée en passant par le ton moqueur, il fallait tout de même un peu s’accrocher pour la suivre. Puis, se rendant compte que le fait de prendre un presque inconnu dans ses bras, pouvait gêner les autres, Savannah desserra son étreinte. Par reflexe elle baissa les yeux, remettant derrière son oreille ses cheveux, dévoilant ainsi ses joues légèrement rougies.

"Pardon…"

Encore une fois, Savannah resservait ses excuses, la tête toujours baissée. Et le ton enjoué de la demoiselle ? Envolé ! Elle retrouvait sa petite voix fluette et presque inaudible qu’elle avait eut au début de leur conversation. Elle était définitivement une personne très compliquée et surtout incorrigible. Totalement désespérante cette petite Savannah…

Angelo observe avec un amusement croissant les changements brusques et soudains de la créature qui s'est invitée chez lui. Tout d'abord, il s'étonne légèrement de cet intérêt curieux pour sa main bêtement tendue vers elle. Il fait rapidement un semblant de déduction comme quoi elle devait appartenir à quelqu'un avant. Et ça se voit, à la manière qu'elle a de lui serrer la main comme s'il allait, au choix, partir en courant ou s'envoler... Il laisse toutefois sa pauvre main se faire secouer comme une salade dans un panier sans broncher - hé Angelo, t'es un homme ou quoi ? Toutefois, quand elle lui rendra sa pauvre patte endolorie, il la cache dans la poche de son jeans - qui aurait bien du mal à contenir autre chose que ses mains et ses fesses simultanément - histoire qu'elle ne s'en ressaisisse pas. Il ne lui vient absolument pas à l'esprit qu'il a une autre main, et qu'elle pourrait également s'en emparer. Le sourire qui étire ses lèvres semble en passe de devenir éternel : il ne s'en dépare pas, surtout au vu des réactions follement amusantes de Savannah. Avec un ton plutôt taquin, il répond à sa phrase enthousiaste :

"Oh oui, ça se voit !"

Ensuite, un de ses fins sourcils s'arque avec curiosité quand la jeune fille volte sur ses talons pour chasser les araignées. Lui, il aime bien faire peur aux souris, apparemment, chacun son truc... Ses prunelles marrons s'arrondissent légèrement quand elle déclare qu'elle aime les araignées.

"Ah bon ?... Heu, moi je n'aime pas ça. Enfin, j'veux dire... Avoir huit pattes, quelle drôle d'idée..."

Non mais Angelo, n'importe quoi, mon pauvre vieux, tu déconnes à plein régime. Il secoue légèrement la tête, plissant les yeux, en quête d'arachnide pouvant parcourir les murs. Remarque si sa nouvelle colocataire fait la chasse aux araignées, tant mieux. Si elle décide d'en faire un élevage, ils vont moins être copains. Et puis c'est qui Eloïse, d'abord ? Note pour plus tard : penser à demander à Savannah qui peut bien être Eloïse... Et puis, tant qu'il y est, lui expliquer certaines choses à faire - ou pas, genre, monter un élevage d'araignées chez lui... -, et lui demander d'où elle vient exactement. Il en était à ce point - crucial ! - de ses réflexions, quand soudain, Savannah le serre contre elle d'un air décidé. "Ca y est, elle veut m'étouffer !" Oui, il est un peu paranoïaque... Ah non, finalement, ce n'est qu'une démonstration amicale - quoique musclée - pour lui montrer sa reconnaissance quant à la proposition de squattage. Il paraît ne pas trop apprécier l'étreinte ; le contact avec les autres n'a jamais été le fort d'Angelo, qui est assez regardant sur son précieux espace vital. Résultat : ses muscles se tendent légèrement, traduisant une réaction de rejet discrète mais ferme.

Et le voilà tout désolé la seconde d'après : Savannah a dû sentir cette répulsion légère mais réelle qu'il a, et elle a bondi en arrière, en s'excusant. Lui-même n'est pas à l'aise, il faut l'avouer, mais son sens de la comédie est tel qu'il arrive à déclarer un "non mais c'est pas grave" presque convaincant.

Pour tenter de dérider la jeune fille et de lui faire relever le nez, il ressort son sourire - qui, enfin, s'était décidé à partir ! - et pose deux doigts sous le menton de Savannah.

"Hmpf, t'as faim ?"

Parce que c'est pas tout, mais lui, oui. A la base, il se dirigeait d'un pas guilleret vers son frigo, et son estomac ne se laisse pas oublier facilement... Il emmène la créature sans attendre sa réponse vers la cuisine, lui proposant une chaise. Plutôt content d'avoir de la compagnie, au final, l'Angelo.[/b]

» "Oh no. But he is."