15h.
Dans une heure, il lui faudrait se rendre au laboratoire pour sa petite dose habituelle. Il ne serait pas en retard, il ne l'était jamais. A croire qu'il était une horloge à lui tout seul. Ses doigts, lianes fines malgré la force qu'elles cachaient, s'enroulèrent autour de la minuscule tasse de café. Levant un regard carmin, il distingua l'ombre mouvante du barman dérrière son comptoir de métal. Il le fixa un moment, image floue mais il pouvait discerner les gestes à travers le voile rouge de ses pupilles. Un coin de ses lèvres se releva sans vraiment exprimer une quelconque humeur. Replongeant les yeux dans la mer noire de son café, il se massa la tempe gauche avant de remettre en place le col de sa chemise. Il savait qu'elle était de couleur bleue, mais n'arrivait pas véritablement à être sûr de la couleur. De toute manière, il n'y accordait pas d'importance, tant que ce n'était pas du jaune canari, ça lui allait. Soupirant légèrement, il posa le coude sur le comptoir et logea son menton dans le creux de sa paume. Paupières mi closes, il donnait l'impression d'être plongé dans une intense reflextion. Un débat intérieur peut être ? Ou alors une interogation éternelle...En fait, rien de tout ça, il se disait simplement qu'il avait faim. Remarquez que cela peut passer pour une question existencielle. Aussi, son air si concentré venait tout simplement du fait que son estomac se faisait entendre. Coulant un coup d'oeil a côté de lui, il voyait quelques silhouettes ondulées s'affairer, mais il ne s'y interessait pas, c'était un oeil absent qui contemplait son environnement. Une joyeuse bande de moutons de Panurge. Dont il faisait partit d'ailleurs. En même temps, ça ou autre chose. Au moins cela l'occupait. Quoique cela faisait un moment qu'on ne l'avait pas envoyé dénicher du chat. Voyons le bon côté des choses, cela lui faisait des vacances au frais du contribuable, cela étant dit, il se doutait bien que ça ne durerait pas. Délogeant son menton de sa paume, il leva la petite tasse et, rejetant la tête en arrière, avala son contenu d'une traite. Elevant le récipient devant son nez, il songea avec ironie que la première qui était passée entre ses doigts après l'injection avait finie comme un puzzle de 5000 pièces. Depuis le temps, il avait apprit à contrôler sa force herculéenne, mais ce souvenir restait imprimé dans sa mémoire avec quelque chose de risible. Dans sa mémoire, il était resté un petit moment à regarder les débris. Un rien pouvait le fasciner parfois, mais en cette seconde, rien ne le subjuguait et...Et bien, ça commençait à le barber. Finalement, il se leva et s'en alla comme il était venu, sans rien dire.
-Ailleurs-