Babylone, en des temps reculés.Les Dieux ont, voilà longtemps, perdus leur immortalité, conservant une pérennité toute relative.
Ils ne dépendent désormais, que de la foi de leurs dévots pour accroître puissance et vie...
Mais voilà qu'une ziggurat leur amène l'espoir, l'espoir d'un renouveau, d'un retour à l'ancienne Gloire, Marduk, l'Ilum, aurait reconquit l'éternité!
Et tous, s'attroupent autour d'elle, tous espèrent en cette citadelle, gravir, cette Tour, pour recouvrir...
Quoi donc?
Car en leur sein, les avis divergent, certains préfèrent conserver une fin, appelant à la vengeance naturelle! D'autres, veulent simplement atteindre leurs ambitions, d'autres encore, leurrent leur semblables par de fausses déclarations...
Et dans les entrailles de la ville pourrissent les anciennes croyances, l'humain, cette créature que les Dieux pensaient avoir asservies, se met à penser, qu'il n'est pas si plaisant de dépendre de leur bonne volonté.
Pourtant, il est de plus en plus urgent d'agir!
car les vents tournent, et, qui sait ce que recèle vraiment cette énigmatique tour?
***
Archives de Yamquzzu-Halama, 3e roi de Babylone.« Le pays sans retour…
La sombre demeure d’où ne sortent jamais ceux qui y sont entrés,
Où les habitants sont privés de lumière,
Ne subsistant plus que d’humus, alimentés de terre,
Affalés dans les ténèbres, sans jamais voir le jour,
Revêtu, comme des oiseaux, d’un accoutrement de plumage,
Tandis que sur verrous et vantaux s’entasse la poussière…
Ces prédicateurs de malheurs, plus prophètes que poètes étaient de plus en plus nombreux. Et il en allait de même pour leur public.
Celui-ci, particulièrement, bénéficiait de l’écoute attentive d’une bonne centaine d’oreilles.
Une telle concentration de population ne manquerait pas d’attirer la garnison chargée de faire respecter l’ordre.
Pourtant ses vers n’étaient pas si mauvais. Et même, fait appréciable, ils étaient presque vrais. Presque.
D’habitude, Babylone était une ville paisible, forte de sa puissance et de son rayonnement. Mais depuis quelques temps, voilà que l’atmosphère était devenue fébrile, et les agitateurs étaient légions.
On ne pouvait empêcher les gens de penser, de réfléchir. Et même si la plupart n’avaient aucune idée de ce qu’il pouvait bien se passer, ils sentaient que quelque chose n’allait pas. Que quelque chose n’allait plus.
Et en effet, plus rien ne fonctionnait comme avant. Quelque chose avait pourrit, avait cassé.
Ce quelque chose, comment aurions-nous pu le sentir ? Cela avait été silencieux. Intangible.
Et pourtant, cela avait été. Nul n’aurait sut dire ce qui avait disparu, pas même les dieux. Surtout les dieux. Ils étaient désemparés, affolés. Tout ce qu’Ils avaient patiemment construit s’était délité, et avait fuit leur logique.
L’âge d’or était bel et bien fini.
L’ère des miracles était révolue. Ce n’était pas exact, pourtant. Les hommes devenaient juste de plus en plus capables de les expliquer.
Bientôt, l’homme cesserait de croire aux dieux, et Leur culte déclinerait, les tuant à petit feu.
Alors Ils s’étaient retournés contre moi, m’accusant de vouloir les tuer, de vouloir les rayer de notre monde.
Oui, je le confesse, j’ai souvent ardemment désiré que le règne de l’homme vienne enfin. Mais je sais bien que cela n’est que chimère. Si les dieux venaient à disparaître, qui sait ce qui se passerait !
Pourtant, il semble qu’Ils aient perdu toute raison. Depuis peu, Ils s’entêtent à rendre désespérément stérile la terre que nous cultivions à grande peine. Et ce n’est pas le moindre des maux qu’Ils nous aient envoyés.
Il y a bien eut un regain de ferveur parmi la population, mais cela n’empêche pas les hommes de mourir comme l’eau sous un soleil brûlant. Bientôt, je règnerait sur une cité vide. »
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Correspondance de Marduk, tablette n°34, sous le règne de Su-Malika, 111e roi de Babylone.« Ainsi parle Marduk à son ami.
Ici, les travaux avancent bien.
Nous n’en sommes encore qu’à la troisième terrasse, mais tout se déroule comme prévu. Bien sur, quelques petits retards, qui, si ils ne sont pas déjà arrivés, sont à prévoir.
Mais, et tu le sais fort bien, je manque de main d’œuvre !
Les ouvriers, ici, si ils sont enthousiastes, n’en sont pas moins inefficaces et maladroits !
Je sais que dans ton pays, il y a maints ouvriers qualifiés, experts dans l’art d’ériger les ziggurats.
Pourrais-tu m’en envoyer quelque uns ? Je t’en serais éternellement reconnaissant, ce qui, si j’arrive à mes fins, ne sera pas une parole en l’air !
Portes-toi bien ! »
Correspondance de Baal, tablette n°112,sous le règne de Su-Malika, 111e roi de Babylone.« Ainsi parle Baal à son serviteur.
En ce qui concerne le sujet dont tu m’as entretenu, sache que je ne compte t’apporter aucune aide.
Tu es mon vassal, et comme tel, tu me dois obéissance ! Je n’ai que trop toléré tes fantaisies, et maintenant, cela suffit ! Je t’ordonne de revenir dans ton district, et de quitter tes projets insensés !
Sache que désormais tout est mortel sur cette terre, plus même nous, et tu dois être fou pour ne pas l’avoir encore compris ! Ouvre les yeux, et accepte les faits!
J’attends de toi obéissance et soumission ».
________________________________________________________________Tablette de Meskazagesi, grand prêtre de Marduk, sous le règne de Samsu-Ditana, 228e roi de Babylone.« Ô, cher ami, l’ère des miracles n’est pas révolue !
Un avenir exceptionnel s’offre à nous ! Tu verra, les dieux reviendront, immortels, puissants, comme aux origines !
Ce n’est pas une légende, mon ami, je l’ai vu de mes yeux !
Tu n’es pas sans ignorer le projet de notre Dieu vénérable et vénéré ! J’étais là quant il a enfin commencé l’ascension de sa Tour ! Oh, si tu avais pu être là ! Nous étions tous sur le parvis couvert de fleurs, vêtus comme pour les grandes cérémonies ! Un chœur de prêtre et de prêtresses chantaient des louanges infinies à notre Dieu ! Et notre Maître se tenait face à la Tour ! Puis, au bout d’une éternité, il posa le premier pied sur la première marche, et commençât l’ascension !
Nous sommes restés là des jours et des jours, ne comptant plus le temps. Nous nous relayions pour chanter et nous sustenter. Je n’ai jamais autant eu honte de ma misérable condition d’humain de toute ma vie. J’aurais voulu faire plus pour aider notre Dieu. Mais nous ne pouvions que rester là, écrasés par la majesté infinie de la Tour.
Et puis, un jour, je ne sais combien de temps plus tard, un jour il y eut quelque chose. Ce fut un jour étrange, baigné dans une paix insolite. Tout était calme, sans être silencieux. Autour de moi, mes amis avaient tous le même léger sourire de joie simple. Et je souriais aussi.
Et en mon cœur, je sus qu’Il avait réussit. Et même si on ne le revit jamais, je compris qu’Il avait reconquis son immortalité. »
________________________________________________________________Notes d’Ishtar, sous le règne de Kudur-Enlil, 347e roi de Babylone.« Bien sûr, j’ai lu toutes les archives qui s’offraient à moi. Je me suis d’ailleurs particulièrement arrêtée sur les notes de Yamquzzu-Halama et deMeskazagesi, qui, pour être des humains, n’en étaient pas moins des personnes sensées.
Leurs deux récits sont pourtant si opposés ! L’un est désespéré, l’autre confiant. Ils ne font pourtant que raconter une seule et même histoire. L’histoire de tous les Dieux. Mon histoire.
Mais c’est une histoire étrange, pervertie, sans début ni fin. Qui peut savoir ce qu’il s’est passé il y a quelques millénaires ? Je n’en sais toujours rien, et pourtant, j’étais là ! J’étais là, ce jour étrange où j’ai eu l’impression de me briser. Ce jour où nous avons tous perdu notre Immortalité.
La colère, oui, bien sûr. J’étais parmi ceux qui se vengèrent d’une façon cruelle sur les hommes. A notre décharge, il faut dire que nous ne connaissions pas le responsable. Mais même maintenant que les prières hommes sont devenus notre seul moyen de rester en vie, je n’ai pas honte de mes actes. Après tout, nous ne connaissons toujours pas le coupable.
Mais y en a-t-il vraiment un ? N’est-ce pas plutôt à cause de nous ? Nul ne pourrait le dire. Et très peu désirent vraiment le savoir. La peur d’un nouveau gouffre s’ouvrant sous nos pieds, sans doute.
Mais j’étais là aussi le jour ou Marduk pénétra enfin dans sa tour. Je me souviens encore de ces longues conversations sur les plans. Il changeait sans cesse d’avis. Il la voulait parfaite, sans même savoir si elle lui serait utile. N’en avait-il vraiment aucune idée ? J’en doute, mais en tous cas, à moi, il ne m’a jamais rien confié de plus.
Meskazagezi a parfaitement décrit dans son illumination ce qu’il se passa le jour qui est aujourd’hui généralement acquis comme celui où Marduk recouvra l’immortalité.
Pourtant, il y a une chose que ce prêtre n’avait pas prévu. Tous les dieux, dans un certain rayon, ressentirent la même chose. Et ils affluèrent en grand nombre à Babylone, désirant, espérant pouvoir eux aussi escalader la Tour.
J’ignorais qu’autant de dieux existaient en notre monde. Et ce nombre eut une conséquence prévisible : de nombreux conflits éclatèrent, conflits d’intérêts, conflits de puissance, de territoire, de connaissances…ils se querellaient sans raisons, et je vis, atterrée, certains Ilums s’y mettre aussi.
Ce fut peut-être ce qui causa la mort de quasiment tout mon peuple. Nous nous comptons aujourd’hui sur les doigts d’une main, et nous ne sortons plus, ermites éternels.
Mais je ne désespère pas mettre enfin un terme à cette histoire folle et lamentable. Elle n’a que trop durée. »
Résumé: Il vous est possible d'incarner un humain (qu'il soit fidèle aux Dieux, fanatiques, dévots, simples, imposteurs ou résistants) ou un Dieu (Majeur -places limitées- ou mineur) et de confronter vos personnages au sein même de Babylone antique, là où trône Babel, cette tour mystèrieuse, cette ziqqurat dont on ne sait rien.
Que recèle t-elle?
Personne n'est encore parvenue à y pénétrer à part Marduk l'Ilum, qui lui, a disparu.
Est ce l'immortalité? Et si cette Tour était bien plus dangereuse qu'elle y paraissait?
Tentez de le découvrir par vous même!
Lien de la pub pour Lost Soul