La mémoire ...

Tigresse tu iras mordre les rangs de ceux qui ne porte la marque des êtres de feu.

Ses pas félins la mènent au bon lui semble, légère, gracieuse, royale elle erre sans se soucier ni des regards, ni des dangers.
Elle harcèle une mèche de ses cheveux, les enroulant sur son doigt pour aussitôt les entortiller. Délicate elle sourit à certaines créatures esclaves sur son passage, voulant leur offrir un peu de sa joie, réchauffer leur âme desséchée … Mais celles-ci furtives sont déjà loin, il fait nuit et elles doivent rentrer chez leur maître. Cela fait pitié à Shan, cela la fatigue mais leurs colliers, leurs colliers les brûleront si elles tardent.



*Courez petites folles, loin vite, allez entre les jambes de votre maître.
Ne tardez pas !
Peut-être qu’il vous aime, peut-être pas…
Sans doute un jour il vous tuera … ou vous le tuerez …
Quand pourront donc se libérer les êtres de flamme, quand briseront-ils leurs chaînes pour tuer ceux qui président là où ils ne devraient pas …
Soit ils ont créé les premiers d’entre nous et bien des créatures encore vivantes …
Soit …
Mais cela ne leur donne pas un droit sur nous …*


Dis petite tigresse aux longs cheveux, toi qui a tout oublié de ton enfance, toi qui a tout accepté esclave, jusqu’à ce que l’air t’écorche la bouche et que ton jugement à jamais porta. Toi qui maudit ceux qui n’ont pas le sang chaud, toi qui refuse que l’on touche à ta liberté, toi qui sans peur sembles adulte. Tu es adulte ! Résolue, fière et adulte. Si jeune pourtant, tu n’a jamais eu d’innocence, tu n’as jamais vieilli.
Tu es juste arriver, un matin chez un homme, on ta donner un nom et un collier.
Tu as aimé …
Tu as vu la mort et ton jugement qui aurait pu être renversé ne faillira pas.
Dis …
Toi qui vie maintenant, toi qui existe, toi qui créer, toi qui blesse.
Dis moi donc ou sont passer tes rêves …
Quoi ? Tu n’en as jamais eu ?
Juste une résolution …
Juste une détermination…
Tu es brûlante tigresse et tu es machine.
Juste un instinct en marche, juste des préceptes, des règles dans ta peau.
Tu es si sure de toi …



Ses pas l’emmènent près de l’école, si près.



Dis petite tigresse, que sais-tu de l’école, d’un professeur, d’un enseignement ?
Où es-tu né ?
Qui as-tu côtoyé ?
Qui t’as vendu ?
Qui tu es ?
Car si tu portes ce nom Shan, ou l’autre, ce nom que tu as aboli de ton corps.
Cassandra, comme une petite poupée incassable, inusable qui te renvoie toujours son sourire et ses yeux éteins !
Quelle belle poupée tu étais Shan !
De la collection des superbes !
L’animal a genou qui attend qu’on le bouffe de l’intérieur …



Shan s’arrête quelques secondes et observe devant elle, longtemps, pensive. Elle respire doucement et profondément puis soudain, pétillante elle se retourne, offre son sourire le plus rayonnant et s’exclame à celui qui se tiens non loin d’elle.



« J’aime les ruines, elles sont la mémoire, la terrible mémoire des cœurs qui ont battu à l’unisson… »


Et toi ? Tu n'es même pas en ruine, tu n'es pas construite ...
Tu es ...
Juste ...



Une ombre lui cache le personnage …