Ménage!

Cette maison était grande.
Très grande même, surtout si on avait de petites jambes...
Elle ressemblait presque à un palais comparé à la minuscule maison de banlieue où il vivait autrefois, avec son ancien maître.
Il l'aimait bien, parce que "grande" impliquait pour lui "découverte", donc "jeu".

Casey trottinait à travers le salon, ayant pour toute arme un chiffon. C'était une pièce large, meublée comme il se devait de quelques fauteuils et un canapé aux couleurs sobres, d'un poste de télévision, d'une table basse où gisait un journal et un vase de verre rempli d'immortelles. Tout l'endroit, autant que le reste de la demeure, était plongé dans une sorte de pénombre silencieuse, où l'on craignait presque de respirer. Dans l'air, outre la fragrance de cendre froide qui marquait le passage de Maître Shift, on pourrait même sentir celle de la solitude.
Cette atmosphère de cimetière n'altérait en rien la fascination du petit Casey pour cette maison et son propriétaire. Monsieur Shift l'avait emmené avec lui, loin de cet endroit à l'odeur de mort et aux gens méchants. Et c'était amplement suffisant pour qu'il se mette à l'aimer.

La jeune créature était vêtue d'un T-shirt blanc qui aurait plus convenu à un adulte qu'à lui, car le col du vêtement baillait largement sur l'une de ses frêles épaules et ses pans lui retombaient jusqu'à mi-cuisse, cachant son short noir. Ses longs cheveux blond miel étaient sommairement noués en tresse, mais deux sempiternelles et larges mèches venaient encadrer son visage mutin éclairé d'un petit sourire. Ses oreilles s'agitaient de temps à autre, de même que sa queue préhensible qui ondulait tranquillement près de ses jambes à demi nues.

Le petit garçon s'attela bien vite à sa tâche, galopant entre les sièges rembourrés comme le félin qu'il était pour tapoter les coussins d'un côté, épousseter le cuir des fauteuils. Le tout en souriant comme un bienheureux et fredonnant même une petite comptine qu'on lui avait apprise autrefois.
Au bout d'un petit moment de labeur, que les rideaux furent tirés de côtés et la fenêtre ouverte, laissant un peu de la lumière anémique du matin pénétrer le triste living, Casey se mit à quatre pattes sur le tapis- dans une posture toute féline- et s'approcha de l'angle du mur qu'occupait un fauteuil. Il avait repéré quelque chose de légèrement brillant dans le coin, et son imagination d'enfant lui fit imaginer une pierre précieuse, un joyau perdu par le Roi des Aulnes ou autre fantaisie de ce genre. L'oeil brillant de curiosité, le Chaton tendit une main à travers le rideau d'ombre qui séparait le flanc du fauteuil du mur, tatonna un moment pour atteindre le "trésor perdu" et parvint à nouer ses petits doigts autour de quelque chose de long et plutôt plat, comme la manche d'un couvert en quelque sorte.
Intrigué, mais dépité de ne pas sentir à la place la forme d'un quelconque jouet magique, Casey retira la main du coin d'ombre pour pouvoir observer sa trouvaille dans la lumière. Sa bouche s'entrouvrit de surprise quand il vit que ce qu'il avait trouvé était un étrange couteau, au long manche plat et blanc qui se terminait par une courte et fine lame un peu émoussée par son séjour dans la poussière. Ce que Casey ignorait évidemment, c'était que ce "couteau" était un fait l'un des scalpels de son Maître, qui l'avait peut-être égaré il y a quelque temps dans le salon.
Fasciné, le blondinet tourna l'outil de chirurgie plusieurs fois entre ses mains, et bien sûr, ce qui était certain d'arriver dans ces circonstances arriva:

"Aïeuh!"

Casey fit un bond en arrière, et aterrit sur son arrière-train dans ce petit cri de douleur qui ressemblait étrangement à un feulement de chat.
Une larme au coin de l'oeil, il baissa son regard vers la main droite, plus précisément le sommet de son index, où perlait une goutte de sang de belle taille.
Le scalpel lui était retombé sur le tapis, dans l'immobilité sereine du meurtrier qui avait commis son crime.
Gémissant, les oreilles couchées et la mine penaude, Casey porta le doigt blessé au niveau de son visage pour l'observer un moment, avant de l'entourer de ses lèvres pâles.

** i_i ça fait maaaaal! **

[hm dsl ><' g du improviser un peu bcp pour la description de la maison... ça ira? i,i]

[ Perfect ! ]

Si il y avait bien une chose que Wind n’aimait pas particulièrement c’était de se réveiller de bon matin. Sans raison, il s’était réveillé à l’aube. Seul dans son grand lit trop froid. Sans bruit, il alla boire à la salle de bain, pour enfin revenir et regarder dehors, le rideau entrouvert de quelques centimètres. Dehors, une clarté grisâtre annonçait un jour triste et pluvieux. Dépité, l’arnaith se recoucha dans la chaleur du lit, déprime par ce réveil prématuré. On était le week end, quelle idée de se réveiller de si tôt ? Généralement, on ne le voyait pas sortir de sa chambre avant onze heures, souvent même, l’heure avoisinait plus midi et demi lorsqu’il descendait déjeuner. En ce moment, il aurait aimé se perdre à nouveau dans ce majestueux royaume qu’est celui des rêves, annihilé son désarroi matinal, ne se soucié de rien, abandonner un instant la terre des hommes… Revoir sa sœur …
A mesure que les minutes passaient, dans son demi sommeil, le ressentiment à son égard se fit plus fort. Il en voulait à la jeune femme de l’avoir laissé seul lorsqu’il se sentait misérable. Pourquoi le laissait-elle s’engloutir dans cette solitude affreuse de l’aube, à cette heure où l’on se fait horreur à soi –même, où le malaise d’exister atteint son paroxysme.
Quelle étrange vision que cela aurait pu être pour n’importe qui. L’un des tueurs arnaith les plus froids qui ait jamais existés, allongé dans son lit, à maudire cette sœur qui l’avait abandonné. A qui l’envie de geindre comme un enfant devenait de plus en plus forte. Spectacle étrange de si bon matin…[1]

Bien plus tard, lorsqu’il eut finit de s’acharner contre les souvenirs éphémères de la dernière sœurs qui lui restait, il se décida à sortir de son lit, à aller de l’avant comme disent certains.
L’eau qui coulait bientôt sur son corps lui fit un bien fou, douche purificatrice de toute sa rancœur, qui semblait l’apaiser étrangement. La tête appuyé contre le mur froid de la douche, à laisser l’eau aller comme bon lui semblait, il tentait d’expier ses fautes, de pardonner, de se faire pardonner … Vers quel Dieu furent tournée ses prières ? Personne particulièrement.
Les cheveux humides, et un mal aux crâne insupportable, il quitta tant bien que mal la salle de bain. Sur son visage aucune marque de ses peurs matinales, le Wind que chacun connaissait avait repris sa place, bouter le peureux qui avait pris le contrôle de son corps ce matin au loin, et allumer sa première cigarette de la journée. Qu’elle personne aurait pu imaginer que quelques minutes avant il priait silencieusement dans l’humidité de sa salle de bain ? Personne n’aurait eu l’esprit tordu pour le faire. Personne n’aurait OSÉ le faire …

Dans ses habits du week end, un simple jean et une chemise blanche, sans aucune goutte de sang sur lui pour une fois, une cigarette coincé entre ses lèvres, le voila qui descendait les marches maintenant. Pas qu’il avait particulièrement envie d’affronter le monde ce matin, mais resté dans son lit aurait refais naître à nouveau son moi détesté. La salive dans sa bouche avait un goût amer, ou était ce le ressentiment ? Il n’aurait su le dire.
Un bruit le surpris dans sa méditation … Un gémissement ? … IL aurait fallu réentendre pour en être sur. A pas mesurés, lents et silencieux, il s’approchait de la source du bruit. La petite arme de poing, un Beretta 92, fut très vite sortie de la poche arrière de son pantalon. A mesure qu’il s’approchait de la porte, il entendait la respiration de l’inconnue.
A la manière des plus grands films hollywoodiens, le voila qui entrait dans la pièce, arme au poing, et qui mettait en joug sa pauvre créature.
Lorsqu’il hurla le nom du petit ce fut plus un rugissement qu’autre chose :

« CASEY !!!!!!! »

Il avait presque oublié la présence de son serviteur. Wind devait avouer que c’était assez énervant de s’avoir que le petit se baladait sans cesse dans la maison. Et cela mettait ses nerfs à rudes épreuve, de un, car il aimait la solitude, et de deux, car il se retrouvait tout les quatre matins à manquer de mettre une balle dans le crâne du petit, après l’avoir surpris au détour d’un couloir.
Son pouls s’abaissait maintenant, reprenant le rythme normal pour un humain, et le Beretta repartis dans sa poche arrière. Pour souffler l’excitation qu’il avait emmagasinée, il s’assit sur un des fauteuils sombres.
Dieu ! Mais qu’est ce qui l’avait pris lorsqu’il avait décidé de le garder ?!
Maintenant seulement, il voyait la blessure du félin, et comprenait rapidement la cause de cela en voyant le scalpel par terre. Avec grâce Wind se décolla de son fauteuil, ramassa l’instrument et le posa négligemment sur la table. Avant de s’approcher de Casey. De là ou il se trouvait maintenant, il pouvait facilement sentir l’odeur faible du sang, quel crétin ! Il n’avait pas été fichu de ne pas se couper !

*Bon … Ou est ce que j’ai mis les pansements ? … *

Pas qu’il tenait particulièrement à soigner Casey, mais si il continuait de voir ce sang, la pauvre créature n’aurait pas fais long feu, il se serait jeté dessus et l’aurait frappé jusqu'à ce que mort s’en suive. Déjà qu’il avait eu du mal à en trouver une a un prix acceptable (une misère) ! Wind promena alors sa silhouette dans d’autre pièce de la maison, avant de revenir, un des dit pansement en main. Il le fit négligemment tomber par terre. Il n’allait pas lui mettre quand même !

« Mets ça ! »

La douceur du canapé lui parut réconfortante, il n’avait plus envie de bouger. La faim le taraudait cependant.

« Va chercher le journal ...Et après serre le déjeuner dehors... »

Les ordres étaient secs, sans joies, et dit d’une façon tel, qu’on les imaginait plus crachés qu’autres choses.
Dehors … L’envie l’avait pris soudainement. Profiter du début de matinée. Avant qu’il se mette à pleuvoir et que Wind soit obliger de rester enfermé avec un Casey survolter. La table qu’avaient laissé les anciens propriétaires était encore là, autant s’en servir.
Sa cigarette commençait déjà à se terminer, sans plus de cérémonie il jetta le mégot dans un cendrier posé sur la table, près du journal. Journal qui n’était pas à la date du jour, vivement que Casey ramène le nouveau, il aimait se tenir au courant de l’actualité- Bien qu’il la sache peu passionnante ses temps-ci-.
Le kiosque n’était pas loin. Il mettrait environs 5 minutes. Si il prenait plus de temps que cela, Wind pourrait déverser toute sa colère sur le pauvre chaton. Vision réjouissante.
Il ne bougea plus, avachi dans son canapé, fumant négligemment, attendant avec impatience de gronder le pauvre félin.

[1 : vous aurez peut être reconnue des phrases tirées de : " Que c'est triste Venise ..."par Solange Fasquelle ]

[ooo T-T c bô ce que t'écris....!]

Casey contemplait d'un oeil triste et embué sa coupure, ne sachant comme s'y prendre pour empêcher ce liquide rouge à l'odeur infime mais désagréable de s'échapper de son corps.
Avec hésitation, il avait porté cette blessure à sa bouche pour suçoter le sang, mais il en apparaissait toujours une nouvelle goutte après, qui paraissait plus étendue et menaçait presque de s'écouler le long de ses phalanges.
Il émit quelques petits gémissements plaintifs, ignorant tout des bases les plus simples de la médecine qui lui auraient certainement déjà soufflé de presser le petite plaie avec un pan de son vêtement, ou tout simplement de trouver un pansement. Il ne lui vint pas non plus l'idée -saugrenue mais pas inenvisageable pour lui- d'aller trouver son maître, qui après tout, était vétérinaine, et qui aurait pu arranger la chose -en théorie.

Alors que la petite créature blondinette aurait pu continuer son manège (suçoter son doigt, gémir, agiter ses oreilles vers l'arrière, retour à la case départ...), un rugissement tira soudainement Casey de son hébétement temporaire.
S'étranglant à moitié, et sursautant de quelques bons centimètres, le petit félin se retrouva maladroitement assis sur le tapis, ses jambes repliées contre ses cuisses et ses avant-bras joints dans une posture peu virile. Ses oreilles étaient piteusement couchées comme si elles voulaient se cacher dans sa chevelure blond miel, et ses grands yeux presque larmoyants s'étaient aussitôt posées sur le nouvel arrivant, à savoir son maître bien-aimé.
Ce dernier avait une nouvelle fois pointé sur lui un jouet noir assez bizarre -dont il n'avait toujours pas comprit l'utilisation, par ailleurs- et était encore une fois énervé.
Ce n'était absolument pas l'arme de son propriétaire qui l'avait effrayé, mais 'seulement' le ton que celui-ci avait employé pour l'appeler. Très véhément. Et le petit chat ne comprenait jamais pourquoi il criait ainsi quand ils se croisaient dans la maison, alors qu'il n'avait -presque- rien fait!
Casey étouffa dans sa gorge un gémissement piteux, et murmura précipitemment alors que son maître se laissait tomber dans un des fauteuils:

"Pardon Monsieur...i_i..."

Casey n'osa pas bouger d'un poil, se cantonnant à observer avec ses grands yeux dorés son maître bien-aimé jusqu'à ce que celui-ci ne se lève, glane le scalpel meurtrier et le dépose sur la table avant de s'en aller sans piper mot.
Le blondinet battit des cils, sa frimousse exprimant sa tristesse de voir partir aussi vite qu'il n'était arrivé son propriétaire. Il rabaissa son regard sur son doigt blessé une fois que son Maître ait disparu de son champs de vision. Ca piquotait un peu, et la goutte rouge avait profiter de son sursaut pour se propager vicieusement sur la peau liliale de son doigt, le couronnant d'un pourpre luisant et gluant.

**birk i__i **

Il entendit des pas annonçant le retour de son mettre, et dressa les oreilles en même temps que sa tête lorsqu'il le vit réapparaître, ne dissimulant aucunement son soulagement de le revoir. Il suivit le vol plané du sparadrap jusqu'à ce qu'il atterisse près de son genoux sans un bruit. Une de ses oreilles frémit, alors qu'il fixait presque bêtement le pansement. Ce ne fut que dans il se rappella que son maître lui avait ordonné de le mettre qu'il réagit, et entreprit de se panser le doigt. Comme on pouvait s'y attendre de sa part, il le fit excessivement maladroitement...
La langue pincée dans un signe d'intense concentration, il enroula lentement et avec toute la minutie dont un enfant était capable, et au final, cela restait un pansement plus que bancal, qui faisait presque peine à voir.
Or, Casey état plutôt satisfait de lui, et après avoir observé son index à l'extrémité enrubannée, il leva son visage poupin vers Shift en étirant un immense sourire de reconnaissance et d'amour.

"Merci Monsieur! -^^- "

Les ordres sèchement lancés par le vétérinaire Arnaith n'ébranlèrent même pas la jovialité de sa frimousse enfantine, et la petite créature bondit aussitôt sur ses jambes pour s'élancer vers l'entrée de la maison après avoir claironné un joyeux "Oui monsieuuuur!".
Sachant ce qu'il devait effectuer pour l'avoir souvent fait chez son ancien propriétaire, le félin aux cheveux blonds piocha une pièce dans la boîte réservée aux commissions, plus s'élança au-dehors sans autre cérémonie.

A l'extérieur l'air était plus froid, et un courant d'air particulièrement vicieux vint mordre les mollets nus de Casey, qui claqua des dents une demi-seconde avant de se mettre à courir comme un bienheureux, laissant échapper un petit rire en goûtant aux plaisirs de cette courte sortie.
Sa qualité de félin, additionnée à la vélocité surprenante des enfants, fit qu'il arriva en un temps record au kiosque à journaux. Légèrement essouflé, mais souriant de toute ses dents, il salua l'homme qui officiait au milieu de dizaines de magazines et journaux de tout goûts et lui demanda un exemplaire du journal que lisait habituellement son maître. Un autre client, enveloppé dans un long manteau et occupé à lire un journal, interrompit alors sa lecture pour poser un regard froid et ouvertement moqueur sur Casey, avant qu'il ne siffle, comme pour lui-même:
"Tiens, tiens...je paris que c'est la nouvelle créature du Zombi. Amusant ..."
Casey le regarda d'un air hébété, sans rien dire ni sembler comprendre de quoi parlait l'homme, qui tournait déjà les talons pour s'éloigner dans une rue voisine. Demeurant un moment perplexe, la petite créature donna la pièce au vendeur, plia le journal sous son bras et reprit aussitôt le chemin inverse. Il gambadait toujours aussi allègrement, comme s'il s'agissait d'un magnifique journée de printemps au milieu des prairies, au lieu d'un dimanche maussade et gris où le monde semblait encore endormi. Mais la remarque de l'inconnu continua de trotter dans sa tête, et il se promit d'en toucher un mot à son maître bien-aimé quand il serait de retour à la maison. Du moins s'il parvenait à ne pas oublier d'ici là.


Une fois rentré, il se dirigea aussitôt vers le salon où se trouvait toujours Shift [du moins je suppose ><" j'éditerai au besoin] et s'empressa de lui remettre son journal avant de foncer vers la cuisine avec un grand sourire accroché aux lèvres.
Il sortit un plateau blanc sur lequel il disposa aussitôt un tasse et sa soucoupe, accompagné d'une petite cueiller, une petite assiette de côté et un verre. Ensuite, il s'atela le plus rapidement possible à la tâche, se remettant à fredonner sa vieille comptine.
La cafetière crachotait son café dans un long gémissement alors que Casey laissait réchauffer quelques minutes au four deux croissants pour verser dans le verre du jus de fruit bien frais.

"...Shine, bright, sweet morning light, now in the air the spring is coming..."

Après quelques brèves minutes de préparation, Casey traversa, plateau soigneusement présenté en mains, quelques pièces pour atteindre l'extérieur où trônait la fameuse table. Celle-ci était en fer forgé peint, plutôt jolie si l'on y prêtait attention mais qui demeurait sobre et discrète. On y retrouvait jointes quatre chaises. La jeune créature déposa le plateau sur la table, et s'exclipsa furtivement pour revenir avec un chiffon, histoire de chasser les quelques goutellettes que la bruine nocturne avaient laissées sur la table et la chaise qu'allait occuper son maître. Une fois sa tâche accomplie, il revint vers le salon à petits pas et fit d'une voix où l'on sentait que le petit étouffait son enthousiasme naturel:

"C'est prêt, Monsieur!"

Alors que Wind se levait du canapé pour rejoindre l'extérieur où son petit-déjeuner l'attendait, on pouvait voir Casey lui emboîter le pas en sautillant bizarrement.
Il semblait faire un effort manifeste pour contenir ses envies de bondir partout dans le salon avec force de miaulements enthousiastes -comme s'il y voyait par là une façon de transmettre un peu de sa vitalité débordante à son Maître.
Une mine joyeuse collée au visage, il s'amusait à sauter à cloche-pied aux endroits où Shift avait posé les pieds, ce qui était assez difficile, car d'abord son Maître faisait d'assez longues enjambées de par sa taille, et ensuite que ce pauvre chaton semblait avoir oublié que l'équilibre était le propre des félins...
Au moment où Casey faillit s'étaler lamentablement sur le sol, son propriétaire se mit à fredonner un air. Le félin, étouffant un miaulement dans sa gorge, se retrouva dans une position quadrupède mais ne chercha même pas à se relever, prêtant ses oreilles en pointes aux paroles marmonnée comme un De Profundis.
Bien entendu, n'étant même pas capable de parler un français correct, il ne pouvait comprendre cette phrase, car la seule chose qu'il savait de l'anglais était la fameuse comptine que lui avait apprise Monsieur Stanford...
Emerveillé d'entendre la voix de son bien-aimé maître articuler autre chose que des ordres, Casey sembla retrouver bien vite son calme, et se releva d'un bond léger pour suivre Wind jusqu'au jardin, trottinant gentiment derrière lui.

Alors que Monsieur Shift s'était installé et qu'il commençait à manger, le petit blondinet s'était posté non loin de lui, debout et jouant machinalement avec ses petites mains blanches. Ses grands yeux dorés étaient rivés sur son maître avec un petit air rêveur, mais s'égaraient parfois du côté du jardin, avec ses arbres chenus, et les quelques rares fleurs serties de perles de pluie qui donnaient une touche de couleur au paysage gris et triste de ce début de journée. En levant la tête, on pouvait voir un couvercle nuageux d'une asphyxiante opacité, couleur d'acier, qui menaçait le libérer sur Paris de mornes averses dans très peu de temps.
Loin d'être démoralisé par cet entourage si peu souriant, Casey agita pensivement ses oreilles d'avant en arrière, puis étira un sourire jovial. A quoi pouvait-il bien penser qui puisse le rendre si heureux?
Le jeune félin se tortilla encore un peu sur place, puis finit par s'asseoir à même le sol en tailleur. Sa queue de chat couleur crème ondulait tranquillement dans son dos, alors que son minois était levé vers le maître, dans l'attente d'un quelconque ordre, réprimande ou bien plus improbable d'un remerciement.
Shift se tourna finalement vers lui, et lui posa une question d'un ton morose.
Casey battit des cils en écarquillant démesurément ses yeux dorés. Sa petite bouche manquait de peu de former un O parfait. Cette fois-ci, il pouvait être convaincu que l'omniscience quasi-divine de son bien-aimé Maître.
Sortant précipitamment de son hébétitude, la jeune créature dressa haut ses oreilles avant de répondre d'une voix joviale:

"Voui Monsieur! ^o^ Au kiosque des journeaux! Il a dit quelque chose que j'ai pas compris é_ê..."

Le chaton afficha une moue qui exprimait son intense reflexion pour se souvenir de ce qu'il avait entendu, puis son visage s'éclaira et il s'approcha d'un petit bond agile de son maître, osant poser ses petites mains sur la cuisse de ce dernier pour lui demander d'une voix toute innocente:

"Monsieur, c'est quoi un...heu, un z...un zonby?"

Casey scruta attentivement le visage de Wind, ne sachant bien évidemment qu'il risquait de s'attirer les foudres de son maître en lui demandant aussi directement la signification de ce surnom si peu flatteur.