Répétition

Le long du chemin qui avait ramené Nyarai et sa maîtresse jusqu'au cirque, la lionne n'avait pas prononcé un mot. Suivant fidèlement la jeune femme, elle ne s'était permise de la dépasser que pour aller ranger les courses. Ceci étant fait, et avant le souper, il était de coutume d'aller faire une dernière répétition avant le spectacle du soir, aussi Nyarai s'était-elle empressée de se faufiler sous l'immense chapiteau pour aller rejoindre le bord de la piste sur laquelle deux clowns pas encore maquillés répétaient les gestes à accomplir. Accroupie contre le rebord, ses bras croisées sous son menton, elle observa leur échange sans lâcher le moindre sourire. D'habitude, elle avait envie de rire, mais pas ce soir-là.

Elle émergea de sa contemplation lorsque le Mr. Loyal du spectacle l'appela pour lui confier quelques instructions pour la soirée. Un acrobate malade, son numéro allait donc être avancé le temps que le pauvre se remette de son mal de tête, de préférence avant la fin de la soirée. Sans mot dire, elle se contenta d'hocher la tête sur laquelle l'homme posa une main paternelle avant de l'envoyer grimper aux deux immenses rubans d'entraînements qui pendaient depuis le sommet du chapiteau. Elle grimpa, rapidement, exécutant les gestes pour se les remémorer, plus rapidement qu'elle ne devraient les faire plus tard. Mais malgré le peu de temps qu'elle y passa, en rien sa grâce ne s'estompa. Arabesque, pirouette, lâcher dans le vide, s'enrouler dans les voilures pour donner l'élan nécessaire à un saut, quelques positions comme des écarts, des ponts, et bien d'autres mouvements délicats et gracieux qui auraient été d'autant plus beau si elle avait revêtu son costume de scène.

Mais il ne s'agissait là que d'un entraînement, et la tenue moulante scintillante qui la perdaient dans les voiles originaux d'une blancheur immaculée étaient remplacés par un simple juste-au-corps et un vieux bas de trainning et des tissus de même matière mais salis par les répétitions successives et les manipulations régulières. Pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître, en rien les prouesses de Mirage, puisque c'était son nom sur la piste, ne semblaient perdre de leur beauté.

Au bout des minutes qui lui étaient imparties pour sa répétition, elle rejoint la terre ferme et céda sa place au couple de magicien qui maintenant mettait en place leurs outils de travail. Redevenue Nyarai, elle alla rejoindre les gradins, pour libérer l'accès au bord de la pistes et observa les autres répétitions avec une certaine fascination, malgré la fâcheuse tendance de ses pensées du jour à errer ailleurs...

Une ombre se tenait dans un coin sombre du chapiteau, ramassée sur elle-même, les sens aux aguets. Le jeune félin avait une expression triste, ses grands yeux mélancoliques semblant trop grands pour son visage fin. Et il avait aussi l'air affamé. Il avait observé la jeune femme dans son numéro. Une créature, sans aucun doute...

Pourquoi était-il venu dans ce cirque? Pour prendre un nouveau départ. Parce qu'il n'avait nulle part où aller... Parce qu'il lui fallait un toit et de la nourriture. Il n'avait jamais vécu libre et n'avait pas cet instinct sauvage que beaucoup de ses congénères avaient. Par contre, son insctinct de survie lui dictait sa conduite e tlui disait de venir ici.

Il jeta un coup d'oeil à la créature lionne. Elle était belle, avec des formes pleines, des yeux bleus et des cheveux très blonds. L'image de Katia lui vint aussitôt. Dans queleuq années, la petite créature gépard ressemblerait sûrement à cette lionne, mais en moins voluptueuse peut-être.

Il secoua la tête pour revenir au présent. Maintenant qu'il était là, il ne savait plus trop quoi faire. Il sentait la lionne... Allait-elle le sentir aussi? Il préférerait qu'elle fasse attention à lui et vienne à lui. Ce serait plus simple. Il ne se voyait pas la rejoindre sur le gradin.

Il bougea légèrement, se faufilant derrière les gradins en face de ceux de la lionne. Il était en dessous des sièges et il la fixait, ses yeux dorés luisant dans la pénombre. Il la fixait et il attendait.

Sur la piste, une femme entra dans une énorme boîte décorée d'étoiles pendant qu'un homme avec une série de gestes aussi étranges que futiles déblitérait ce qui s'apparentait aux formules magiques traditionnelles avant d'attrapper une épée entre ses mains. Un numéro qu'elle avait déjà vu des dizaines et des dizaines de fois. Mais ce n'est pas la lassitude qui lui fit détourner la tête. En temps normal, elle ne se lassait jamais de voir et revoir les numéros. Non, c'était autre chose, un peu comme si un courant d'air lui avait provoquer un frisson. Pour la première fois depuis un bon moment, elle abandonna la piste du regard pour balayer les gradins. QUelques vêtements abandonnés au premier rang, à peine une ou deux personnes qui longeait la première rangée pour passer vers ce qui servait de coulisses... Non, c'était plus haut.

Dans le noir, une paire d'yeux paraissait luire. Nyarai eut un sursaut en constatant que ce n'était certainement pas le reflet de la lumière extérieur mais bien quelqu'un qui se trouvait là. Par réflexe, elle balaya à nouveau le reste des gradins, cherchant à voir si quelqu'un d'autre avait remarqué cette présence. Apparemment personne ne s'en souciait! Sur la piste, l'homme ouvrit avec fracas la grosse boîte devenue vide, et autour, les dernières personnes avaient disparu derrière les rideaux, hormis le patron qui assis sur le rebord faisait des commentaires sur le numéro.

A nouveau elle revint fixer les yeux sous les gradins et se pencha en avant. Personne n'avait rien vu, mais elle n'avait pas l'intention d'ignorer un regard un peu trop brillant pour être humain. Silencieuse, elle se pencha encore et se laissa glisser sous les sièges, mine de rien, sans se faire remarquer, et une fois au sol, elle avança, suivant le dessous des gradins, contournant la piste, avec rapidité tout d'abord, puis elle finit par s'immobilisé après avoir achevé le tour. A quelques mètres de cette créature, tous les deux cachés par les gradins, la lumière qui parvenait jusqu'ici était bien suffisante pour les fauves qu'ils étaient. Elle s'approcha encore un peu, détaillant ce qu'elle pouvait voir, mais une crainte l'empêcha d'aller plus loin.

"Excusez-moi... Je peux vous aider?"

Un ton identique à si elle lui avait demandé ce qu'il faisait là. A nouveau immobile, elle jeta quelques regard dans la pénombre, s'attendant en vérité à croiser une autre personne qui justifierait la présence d'une créature dans un environnement principalement humain.

Reyn vit avec satisfaction que la lionne l'avait remarqué. Il la regarda se pencher en avant, puis disparaître avec rapidité et agilité, avant de le rejoindre avec souplesse. Elle s'immobilisa devant lui, indécise. Enfion, elle lui demanda ce qu'elle pouvait faire pour lui. Machinalement, il regarda à droite à gauche, avant de sourire doucement.

En vérité, il devait donner une sale impression : il était vraiment dans un état pitoyable. Sa chemise blanche était sale, de même que son pantalon et ses chaussures. Son visage d'ange était maculé de traces noires, poussière et terre et ses cheveux auburns n'étaient pas dans un meilleur état. Il avait minci, même si la lionne ne pouvait le savoir. Manque de nourriture, manque de sommeil...

- "Oui, je pense que vous pouvez m'aider."

Sa voix était grave et douce, presque douloureuse. Soudain, sa queue se fit visible et sa balança rapidement en signe de nervosité. Pourtant, il semblait tout-à-fait calme.

- "Pour être franc et comme vous pouvez sans doute le voir, je suis à la rue et sans ressources. J'ai besoin d'un toit... Je ne suis pas une créature sauvage. J'ai toujours été domestiqué. Et aujourd'hui, je suis seul et dehors."

Cela le génait de quémander ainsi de l'aide, mais il n'avait pas le choix. Sa queue se balançait toujours rapidement, seul signe de son anxiété. Ses yeux semblaient implorer la lionne...

A nouveau elle fit quelques pas en avant, puis sur le côté, contournant la créature comme si elle ovulait mieux le regarder. Mais toujours son regard revenait fixer les yeux du Guépard, comme si elle s'attendait à y déceler quelque chose. Mais la douleur, l'état dans lequel il se trouvait lui fit presque honte de son propre comportement et elle baissa les yeux, s'immobilisant à nouveau.

"Je ne sais pas..."

Elle n'avait aucun droit, ou plutôt elle n'en prenait aucun. Pouvait-elle ainsi venir en aide à une autre créature? On ne lui avait dicté aucune règle sur le sujet et un peu perdu, elle jeta un coup d'oeil entre les gradins, là où le couple de magicien poursuivait son numéro. La caravane où elle vivait devait être vide, elle pouvait au moins aider un peu.

"Je peux vous donner à manger si vous voulez. Ensuite nous pourront voir le reste avec les membres de la troupe."

Etrange comme la méfiance pouvait disparaître si rapidement. Bien qu'hésitante, elle releva les yeux sur la créature, avec autant de curiosité que de tristesse. Il avait l'air mal... Bien plus mal qu'elle ne l'avait jamais été. Quel monstre serait-elle de l'abandonner dans l'obscurité des gradins?

Reyn supporta sans broncher l'examen silencieux de la lionne. Après tout, il était un étranger, sa méfiance était légitime. Apparemment, ce qu'elle vit la rassura puisqu'elle accepta de lui venir en aide. Il poussa un infime soupir de soulagement.

- "Merci. Mais si cela risque de vous causer des ennuis... Enfin, je ne voudrais pas que vous ayez des problèmes à cause de moi..."

Malgré ses paroles, il espérait vraiment qu'elle ne reviendrait pas sur sa décision. Il avait capté son regard curieux et triste. Il hésita à lui raconter pourquoi il avait besoin de son aide. Elle avait le droit de savoiur, mais en même temps, elle ne voudrait peut-être plus aider un meurtrier... Il verrait bien une fois nourri.

- "Je m'appelle Reyn."

Il pouvait au moins se présenter. Ce serait plus commode et c'était la moindre des choses à faire. Il riva ses grands yeux dorés dans ceux, bleus intenses de la lionne. Il esquissa soudain un sourire :

- "Votre numéro est particulièrement splendide."

C'était un compliment sincère. L'espace d'un instant, il avait oublié sa tristesse et son abattement, subjugué par la grâce félin de la lionne.

Plus par réflexe que part habitude, Nyarai secoua la tête. Qu'impotre les ennuis, si ses maîtres n'étaient pas contents, ils sauraient le lui faire comprendre. Mais ne rien faire aurait sans doute été pire. Et quelque chose lui disait que ce n'est pas en apportant de l'aide qu'elle allait se faire punir. Alors autent essayer! De même, comment aurait-elle décemment pu abandonner quelq'un dans le besoin? La souffrance paraissait palpable, impossible à ignorer.

"Tout ira bien, je pense."

A peine la naissance d'un sourire, à la fois ravie et intimidée, enchantée de pouvoir poser un nom à présent sur ce visage qui, il y avait quelques instants encore, n'étaoient pour elle qu'une intrigante paire d'yeux mordorés brillants dans l'obscurité. La politesse voulait qu'elle ne reste pas une étrangère non plus, n'est-ce pas?

"En... Enchantée. Moi, c'est Nyarai."

Elle avait ecore baissé les yeux, de longues mèches pâles venant cacher la teinte rose qui s'étendait sur ses joues. Jamais encore quelqu'un d'extérieur au cirque n'avait complimenté son numéro. C'était une première, et aussi surprenant que celui lui paraissait, elle s'en sentait rassurée.

"Je ne fais que mon travail, mais ce n'est important. Si vous voulez bien me suivre, Reyn, je vais vous donner quelque chose de chaud à manger."

Déjà elle continuait à longer le dessous des gradins, là où la toile imperméable laissait un ryon de lumière déclinante se projeter sur le sol. Arrivée près de celle-ci, elle écarta un pan, laissant apparaître les caravanes parquées un peu plus loin. Il paraissait n'y avoir personnes, tous occupés sans doute à mettre au point les derniers préparatifs avant la représentation de la soirée.

- "Nyarai..."

Le mot roula sur sa langue, alors qu'il replongeait dans un silence méditatif. Elle semblait prête à l'aider. Il s'écoeurait lui-même de devoir quémander de l'aide ainsi. Surtout qu'elle ne l'aidait que parce qu'il lui faisait pitié. Il était devenu une vraie loque et bien qu'il n'ai jamais été de nature combative, cela le révulsait. Il devait se reprendre! Il avait été brisé trop jeune, mais il pouvait se reconstruire maintenant! Il savait qu'il était beau avec sa gueule d'ange, même si à cet instant, il était en bien trop mauvaise état pour cela.

*Tout ira mieux quand j'aurais mangé et surtout, quand je serais à nouveau présentable... Oui, il est temps de tout recommencer...*

Il ne serait plus un esclave sexuel, plus jamais. Même quand il était chez David, jamaius il ne s'était départit de sa grâce féline ou de sa fierté apparente. Malgré tout, il avait toujours gardé la tête haute. Et voilà qu'il était inquiet, agité de tics anxieux, replié sur lui-même. Il se faisait horreur. Il devait retrouver sa fierté d'antant, même si elle n'était qu'apparente.

- "Merci Nyarai."

Il suivit alors la jeune lionne, en silence.

C'est tout juste si elle bredouilla un "de rien" un peu gêné, politesse oblige, même si pourtant en rien le félin ne s'était montré agressif ou menaçant. Sans en attendre d'avantage, elle se glissa à l'extérieur, plissant un instant les yeux sous la lumière extérieure. Elle s'assura une dernière fois que Reyn se trouvait bien derrière elle puis traversa la "place" laissée par les caravane por se diriger vers l'une d'entre elles dont la porte entrouverte se balançait sans trop de conviction dans les courants d'air. Elle monta les deux ou trois marches qui permettaient l'accès à l'intérieur et s'engouffra, laissant la porte bien ouverte derrière elle.

L'intérieur n'était éclairé que par les fenêtres dont les petites voilures filtraient la lumière naturelle. La caravane se limitait à une porte sur la droite (certainement ce qui devait faire office de la salle de bain), un couloir le long duquel on trouvait frigo, cuisinière et armoires, et au fond, deux lits, dont un se limitait à un matelas sur le sol, et une sorte d'étagère dissimulée par une bande de tissu qui faisait comme un second plafond au-dessus des lits.

Mais Nyarai n'alla pas jusque-là et se contenta de s'arrêter au frigo qu'elle entrouvrit. Il y avait là deux plats déjà préparés, pour les soirées, puisqu'entre les répétitions et le spectacle, il n'y avait généralement pas le temps de faire dans l'art culinaire. Elle en sorti un, les deux étant identique, sur lequel trônait somme toute un repas équilibré, viande, légumes, et quelques pâtes visiblement. Le reste du frigo était vide, signe qu'il serait bientôt temps d'aller faire les courses.

"Désolée, le choix est plutôt restreint."

Embarrassée, elle jeta un regard vers son semblable et retira la protection de plastique pour recouvrir le plat qu'elle glissa dans un petit micro-ondes juste à côté.

Reyn suivit Nyarai en silence et pénétra à sa suite dans la caravane. Il jeta un regard à l'intérieur, découvrant cet espace exigu, bien loin de ce qu'il avait connu durant ces dernières années dans la grande bâtissse luxueuse de David. Cependant, l'intérieur était convivial et il s'y sentait mieux que dans n'importe quelle pièce du manoir.

Nyarai alla farfouiller dans le frigo et lui présenta d'un air désolé deux plats identiques qu'elle mit à chauffer. Il eut un petit sourire et un geste nonchalent de la main.

- "Non, c'est très bien... C'est déjà beaucoup que vous m'acceptiez sous votre toit et me nourrissiez."

Il eut un sourire désolé et se machouilla la lèvre quelques instants, hésitant à lui demander pour utiliser la salle de bain. Finalement, il se lança :

- "Je sais que j'abuse, mais... enfin, serait-il possible que j'utilise votre salle de bain?"

En fait, il avait non seulement besoin de se laver, mais aussi de laver ses affaires. Seulement, il n'avait pas de rechange... Mais il ne poussa pas le culot jusqu'à lui demander si elle n'avait pas quelque chose à lui prêter en attendant. Il renfilerait ses affaires sales, voilà tout.

Penchée sur le micro-onde, elle l'encclencha avant de se tourner une fois de plus vers le jeune homme. La salle de bain, pourquoi pas! L'eau n'était pas limitée, les caravannes prenait sur le réseau de la ville avec la bénédiction de la population locale.

"Oui, bien sûr, mais..."

Elle le considéra, un peu gênée. Les vêtements avaient l'air autant en sale état que lui, et il aurait été ridicule de demander si il avait des rechange, puisqu'apparemment il n'avait rien sur lui. Consciente qu'elle le fixait depuis un peu trop longtemps, elle se détourna, bredouillante.

"Heu... Pendant ce temps, je vais voir si je peux vous trouver des habits à votre taille."

Autant pour détourner son attention que pour véréfier si elle pourrait mettre ses dires à éxécution, elle écarta du bout des doigts le voile qui recouvrait une fenêtre pour voir non loin de la caravanne voisine, le couple de magicien qui retournait maintenant dans leus "appartements" suite à leur répétition.

"Je pense que j'en aurais rapportés avant que vous n'ayez fini votre douche."

Reyn sourit à Nyarai, heureux qu'elle ait pensé aux vêtements sans qu'il ait à lui en parler. Il n'aurait pas osé de toute façon.

- "Merci beaucoup."

Le sourire de félin était plus assuré et charmeur. Il se dirigea vers la ptite porte qui était sans nul doute la salle de bain et s'y engouffra. Enfin, il allait pouvoir se doucher et retirer toute cette crasse qui le dégoutait! Il retira sa chemise, défit les bandages que Katia avait appliqué avec tant d'attention, puis ota ses chaussures, chaussettes, pantalon et sous vêtement. Il régla l'eau de la douche et avec un petit soupir de plaisir se glissa sous le jet d'eau brûlante. Il n'avait pas demandé à Nyarai s'il pouvait utiliser ses produits de douche et sahmpooings, mais il supposa qu'elle aurait accepté. Il en prit un peu, légèrement géné de lui emprunter ça et put enfin se récurer minutieusement. Il resta un moment sous la douche, délassant ses muscles noués, retrouvant un peu de sérénité et d'énergie.

Un peu troublée peut-être, Nyarai se détourna et s'assura, inutilement certes, que le micro-onde réchauffait bien le repas et, une fois qu'elle eut entendu la porte se refermer, elle s'élança hors de la caravane et parcouru rapidement la distance qui la séparait de la caravane du couple. Elle échangea quelques mots, rapides, la tête baissées, s'attendant à des remontrances.

Mais au lieu de cela, l'homme s'éloigna vers le chapiteau, et la femme rentra dans son chez-elle, laissant Nyarai devant la porte pendant à peine une minute avant de réapparaître et de lui tendre des vêtements qu'elle s'empressa de prendre, les joues rouges. Elle revint sur ses pas, jetant un regard inquiet vers le chapiteau, mais pour le moment, ce n'était pas sa priorité. Elle rentra dans sa propre caravane et sorti d'une main l'assiette chauffée du micro-onde qui entre temps s'était arrêté pour la déposée sur une petite table déjà relevée. Alors seulement elle s'approcha de la porte de sa salle de bain, collant son oreille à la porte. L'eau coulait, mais peut-être l'entendrait-il? Elle frappa un peu timidemment quelques coups sur la porte.

"Excusez-moi... Je vous dépose de quoi vous habiller devant la porte."

Elle n'osait ni voir si la porte était verrouillée, ni attendre que lui-même vienne l'ouvrir, ce serait très impoli, et en plus, elle risquait d'en voir un peu trop pour ses pauvres yeux. Elle se pencha, déposant son butin soigneusement plié et repassé devant la porte. Oh, rien de bien extraordinaire, c'était le genre de tenue pour être à l'aise qu'à peu près tout le monde portait dans la petite communauté formée par le cirque.

Des sous-vêtements confortables, un bas de training, un T-shirt et un sweat pour ne pas attrapper froid. Le tout déposé, elle se pressa de tourner le dos à la porte pour aller sortir des services, et ainsi éviter de se retourner et de voir ce qu'elle ne devrait pas.

Alors qu'il ne pensait plus à rien, la voix de nyaraï traversa le bruit du jet d'eau. Il ne lui répondit pas. Dieu que cette douche faisait du bien. Il n'aurait jamais pensé tant savouré de se sentir propre à nouveau! On ne se rendait compte de la valeur de certaines choses que lorsque l'on en était privé.

Après un dernier rinçage, il jugea qu'il était temps de sortir de là. Il avait passé du temps à se savonner méticuleusement et à se laver les cheveux. Il les avait même lavé trois fois, c'était dire. Il aurait pu passer pour maniaque, mais io fallait bien avouer que des jours d'errance sans avoir accès à du savon avaient rendu la tâche ardue.

Il sortit de la douche, prit une serviette et se sécha rapidement. Il avait les cheveux ébouriffés, mais propres. Son visage, que la crasse ne dissimulait plus était légèrement creusé. Mais sinon, c'était toujours la même gueule d'ange, les même yeux brillants, bien que légèrement assombris. Il se passa la main dans les cheveux, tentant de les discipliner un peu. Puis, il regarda la porte.

Elle lui avait dit qu'elle avait déposé des affaires devant. Il allait donc devoir entrouvrir la porte pour les prendre. Il se dirigea vers la porte, l'entrouvrit, glissa un bras et récupéra vite fait les affaires avant de refermer. Il enfila rapidement les affaires et soupira d'aise. Il était enfin redevenu présentable!

Il prit ses anciennes affaires et les lava dans la douche avec ce qu'il pouvait. Elle devait bien avoir de la lessive, mais il n'osait pas lui en demander... Il les pendit et sortit enfin de la salle de bain.

Il regarda Nyarai avec un petit sourire. Il se tenait plus droit, plus fier et il était indéniablement beau, maintenant qu'il était propre et que ses traits étaient bien visibles.

- "Merci pour les affaires... Je les rendrais aussitôt que les miennes seront sèches."

Ses cheveux étaient toujours en bataille.

Nyarai était en train de terminer de mettre la table, ou du moins ce qui faisait office de table. Elle avait tout préparer pour une seule personne, son preopre repas attendrait encore. Elle avait entendu la porte s'ouvrir et se refermer après qu'elle eut laissé les vêtements, tout en ayant bien pris soin de ne pas se retourner à ce moment-là. Mais maintenant que ce devait être bon, elle avait fait face, mais était restée silencieuse. Les lèvres entrouvertes, son regard glissa de haut en bas, puis à nouveau en haut sur la créature.

Puis elle se repris, secouant la tête, laissant ses mèches blondes cacher le rouge qui lui montait au joue. Non mais où avait-elle appris ces manières? Elle avait dû être offensante ainsi à contempler la "nouvelle" personne qui était sortie de sa salle de bain.

"Heu... Et bien je pense que vous pourrez les garder, enfin je crois... Vous êtes... heu... Très bien comme ça. J'espère que la douche vous a fait du bien."

Ses yeux fixaient maintenant le bout de ses pieds. Elle s'écarta contre le côté du passage, laissant le passage libre pour que Reyn puisse accéder à la table.

"Vous voulez boire quoi avec? J'ai de l'eau, du jus de fruit et du lait."

Reyn nota avec amusement que Nyarai l'avait détaillé de la tête au pied. Pas étonnant étant donné l'état dans lequel il était arrivé. Une honte pour lui de s'être ainsi laissé allé. Mais cela ne se reproduirait plus! Ce moment d'égarement était bel et bien terminé et il allait reprendre sa vie en main.

Il eut un sourire en coin quand la jolie lionne baissa la tête, cachant son visage avec ses longds cheveux blonds. Elle devait avoir conscience que son examen silencieux n'avait pas été très discret et s'en sentait génée. Mais il n'y avait pas offense, loin de là. Il en fallait bien plus pour l'offenser qu'un coup d'oeil appréciateur.

Elle tenta de reprendre contenance en engageant la conversation d'une voix hésitante qui arracha un nouveau petit sourire au félin.

- "Oui, la douche m'a été très bénéfique. Merci."

Elle s'écarta, tête baissée pour lui laisser le passage. Il se dirigea donc vers la table, de sa démarche souple et féline, elle aussi plus assurée et il la frola doucement avant d'aller s'asseoir. Elle lui proposa quelque chose à boire et il répondit d'un ton doux :

- "Du lait, ce sera très bien."

Il espérait que la gène de Nyarai se dissiperait vite. Il ne voulait pas la mettre mal à l'aise. Avec un ton nonchalent, il demanda :

- "Cela fait longtemps que vous êtes artiste de cirque?"

Entamer une conversation normale... La faire parler de ce qu'elle aime, voilà comment il allait tenter de la détendre.

Du lait... Soucieuse de ne pas montrer une fois de plus son impolitesse, elle gardait toujours les yeux baissés et ouvrit le frigo d'une main attrappant de celle qui était encore libre un verre propre qui avait fini de sécher à côté de l'évier. Ses gestes étaient presques machinaux, pourtant elle y mettait un soin tout particulier pour ne pas trop se laisser égarer. Ce n'est que lorsqu'une question lui parvint qu'elle inclina légèrement la tête, ses yeux au bleu profond se posant un sourt instant sur le félin.

"Oh... Juste quelques mois, c'est tout."

Elle rangea le lait dans le frigo et referma la porte, se décidant à s'approcher à nouveau pour poser le verre rempli à côté de l'assiette. Elle ne paraissait pas décidée à s'assoir et alla simplement s'appuyer contre le frigidaire, croisant ses doigts devant elle, peut-être un peu nerveusement mais sans plus. Non, Reyn ne lui faisait pas peur, il essayait même de la mettre à l'aise. Mais c'était plutôt les questions qu'elle avait dans la tête qui provoquait son incertitude.

"Désolée de vous poser cette question mais... Qu'est-ce qui vous est arrivé?"

Elle osa enfin relever la tête, timidement sans doute, mais quelque part elle préférait voir immédiatement l'impacte de cette question sur les traits du félin.

Nyarai n'était toujours pas à l'aise et préférait s'acquitter de menues tâches ménagères plutôt que de venir s'asseoir. Elle consentit enfin à lui répondre. Avec un sourire, il déclara :

- "J'aurais pensé que vous y étiez née vu l'excellence de votre numéro..."

Elle posa le verre de lait et alla s'adosser au frigo, bras croisés. Reyn la regarda, interrogatif. C'est alors qu'elle posa la question qui lui brûlait les lèvres. Une ombre passa sur le visage du jeune félin. Il s'appuya contre le dossier et passa une main sur son visage avant de soupirer.

- "Je suppose que je vous dois une explication effectivement."

Sa main droite était sur la table et ses doigts se mirent à pianoter nerveusement. Il ne la regardait pas.

- "Je suis né libre, mais j'ai été vendu par ma famille quand j'étais adolescent à un homme distingué. Seulement, ses moeurs, elles, ne l'étaient pas! D'ailleurs je me demande toujours si ma grand-mère savait ce que cet homme faisait aux jeunes garçons..."

Il se perdit un moment dans ses pensées, avant de secouer la tête.

- "Quoiqu'il en soit, il y a de cela une semaine, il a battu à mort une personne chère à mon coeur et devant mes yeux, pour me punir de l'avoir aimée elle..."

Son visage se ferma, alors que ses yeux dorés prenaient la teinte d'une inifnie tristesse.

- "Je l'ai tué. Et je me suis enfuis, sans nul part où aller..."

Cette fois, il se tut pour de bon et braqua son regard ambre sur Nyarai, comme pour la défier de le juger.

Juger, c'était exactement ce qu'elle était en train de faire. Ses yeux s'étaient sensiblement écarquillés sans qu'elle ne détourne le regard. L'histoire était affreuse, quel que soit le point de vue. Reyn avait souffert, dire le contraire aurait été stupide, mais en même temps... Un meurtre avoué comme ça... Une petite lueur de crainte traversa les yeux de Nyarai qui, lisant le défi dans le regard du félin, baissa le sien brutalement. Pourtant, il n'avait pas l'air mauvais, mais elle eut soudain comme l'impression qu'il allait lui reprocher cette peur, ou cette hésitation.

"Je suis désolée..."

Non en fait, elle n'était pas vraiment désolée d'avoir un peu peur. Elle était plutôt désolée pour les morts. Plus pour la victime aimée que pour l'humain, se surprit-elle à penser. Mais rien de toute cette affaire n'aurait dû se produire dans la conception idéaliste de Nyarai.

"Vous avez un endroit où rester maintenant, je pense. Du moins tant que les autres membres de la troupe ignorent ce qui s'est passé."

Elle imaginait déjà les cris si il se présentait en tant que meurtrier. Trop dangereux peut-être, mal jugé certainement.

"Si vous désirez rester, ne leur dîtes pas que vous avez déjà tuer, ils n'aimeraient pas je pense."

C'est tout juste si maintenant elle osa relever les yeux, pas directement sur le visage de Reyn. Juste sur la main qui avait pianoté nerveuseuement sur la table.

Reyn avait lu de la peur dans le regard de Nyarai et cela lui fit mal. Evidemment, si elle le prenait pour un meurtrier... Elle s'excusa alors... Mais de quoi? D'avoir eu peur ou de ce qui lui était arrivé? Des deux peut-être.

Elle lui demanda alors de n'en rien dire à personne et il éclata d'un rire, aussi sec qu'un aboiement.

- "Oh, mais vous savez, ce n'est pas le genre de choses dont j'aime me vanter..."

Il cessa soudain de rire et son expression se teinta de mélancolie.

- "Que vous me croiyez ou non, je n'ai pas aimé faire ça... Malgré tout ce que j'ai subi, jamais je n'aurais songé à le tuer. Mais quand je l'ai vu la frapper, elle, sans défense... Je suis devenu fou. Je n'ai pas réfléchis, j'ai agi. Mais trop tard, beaucoup trop tard. La seule chose que je regrette, c'est d'avoir été si lent."

Il soupira.

- "Rassurez-vous, je ne dirais rien. Mais, vous, vous aviez le droit à la vérité."

Son regard ambré se posa sur la lionne, mélancolique et poigant de tristesse.

- "Mais s'il vous plait, n'ayez pas peur de moi... Je ne suis vraiment pas dangereux pour vous ou les autres..."

Cette fois, elle releva les yeux plus franchement, croisant le regard mélancolique du guépard. La tristesse qui en émanait fit comme l'effet de l'apparition violente d'une boule dans l'estomac de Nyarai. A croire que la souffrance était palpable, à croire qu'elle allait ressentir ce qu'il y avait dû vivre. Mais jamais ce ne pourrait être pareil. Jamais elle n'avait vécu pareille chose. Similaire, mais tellement moins cruel, le passé de la lionne ne lui avait ôté aucun être cher. Du moins aucun auquel elle s'était attachée avec autant de passion que Reyn pour cet amour détruit. La cruauté humaine n'avait décidément pas de limite, mais heureusement qu'il ne s'agissait pour elle que d'exceptions, et non de généralités.

"Je suis vraiment désolée... Je n'ai pas vraiment peur, c'est juste que..."

Que quoi? Oui, quelque part, elle avait peur. Ne disait-on pas que ceux qui avaient tués étaient plus prompt à recommencer leur crime? Mais il ne s'agissait là que de peur, d'instinct de survie, d'insctinct de protection. Elle-même dans cette situation qu'aurait-elle pu envisager d'autre comme solution?

"Non, je n'ai pas peur. Je suis juste déçue du comportement de certains humains. Ici, ils sont très différents. Très gentils. Vraiment très gentils."

Pourtant, le traitement n'était pas privilégié. Son statut n'était pas tout à fait égal à celui des humains. Mais ici, personne ne lui faisait de mal, personne ne l'obligeait à faire ce qu'elle n'aimait pas. Le reste, elle le faisait volontiers. Ne leur devait-elle pas la vie?

"Quand vous aurez fini de manger, nous irons voir le patron du cirque. Il est sûrement déjà au courant de votre présence, mais le saluer sera une bonne chose. Surtout si vous désirez rester."

Le regard perçant du félin se posa dans les yeux bleus de Nyarai quand elle lui répliqua qu'elle n'avait pas peur mais qu'elle était désolée. Elle semblait ébranlée par ce qui était arrivé à Reyn. Venait-il de lui désiller les yeux sur la nature humaine? Peut-être... et il ne savait pas si c'était une bonne chose. Il haussa toutefois un sourcil sceptique quand la lionne lui répondit que les humains ici étaient gentils. Gentils... Est-ce qu'ils connaissaient seulement ce mot ? Reyn n'était pas de nature violente ni capable d'haïr une race pour les agissements de quelques uns de leur représentants. Mais nul doute que si cela avait été le cas, la Thianra aurait récupéré un membre...

- "Si vous le dites..."

Le ton du guépard était nettement sceptique. Aller voir le patron du cirque... Rester... Mais que pourrait-il bien y faire dans ce cirque? L'artiste? Un mince sourire recourba ses lèvres à cette idée... Artiste de cirque, voilà bien la dernière chose au monde à laquelle il aurait pensé. mais l'idée n'était pas mauvaise, loin de là. Logé, nourri, n'ayant de comptes à rendre à personne ou presque. C'était presque l'idéal.

- "Et comment expliquerons-nous à votre patron que je n'ai pas de maître, mais ce fichu collier?"

Il passa un doigt entre le collier et son cou. C'était une preuve indiscutée qu'il avait un maître. même s'il était mort maintenant. Comment expliquer cela?

Le scepticisme du guépard était presque plus douloureux encore pour Nyarai. Elle aurait volontiers commencé à objecter, à débattre de la question, peu importe la honte qu'elle jetait en prenant la défense du genre humain. Et la violence n'était pas coutume à une seule espèce. Après tout, n'étaient-ils pas issus de félins dangereux? La nature les avait armé mieux que les humains. Et pourtant, ces mêmes humains au sein du cirque la laissait jouer avec leurs enfants, la laissait aller et venir dans l'enceinte du cirque comme il lui plaisait, se montraient souriants, lui offraient un toit et de la nourriture contre quelques minutes de danse aérienne par soirs? Ce n'était vraiment pas cher payé pour être soi-disant "esclave".

Mais Nyarai était bien trop peu emportée, pas assez sûre d'elle pour reprocher à un semblable d'avoir juste voulu sauver une vie, et protéger la sienne. Comment lui reprocher ses pensées alors qu'il n'avait connu que souffrance et humiliation? Et combien de fois Nyarai avait dû se faire violence pour ne pas sombrer dans le crime face à son ancien maître? La colère était légitime, l'expérience au sein du cirque allait peut-être changer tout ça.

"Pour... Pour le collier, il suffira de dire que vous vous êtes enfui. Vos blessures seront une raison bien suffisante pour qu'il ne vous rejette pas."

Oui, les humains du cirque étaient vraiment gentils. Et ce, quoique les créatures libres puissent en penser. Le scepticisme avait sa raison d'être, pas pas dans l'enceinte des artistes de la piste.

"Vous savez... Même si vous ne voulez sans doute pas y croire, ici c'est différent. On n'humilie pas les créature, on ne leur fait pas de mal. Ce sera très différent."

Voilà, c'était dit, une bien maigre défense d'ailleurs. Rouge de honte, elle baissa les yeux et se détourna.

"Je vais aller chercher le patron, si vous voulez..."

Nyarai avait beau lui dire que les artistes du cirque étaient tolérants et bienveillants, le jeune félin ne pouvait s'empêcher de ressentir une légère angoisse. Pourquoi ceux-là seraient-ils différents? Et pourquoi le garderaient-il s'il s'était enfui? Le plus sage était de le ramener à son propriétaire, pour ne pas s'attirer d'ennuis. pourquoi un humain risquerait-il le courroux d'un maître pour sa créature maltraitée et fugueuse? Non, elle se faisait des illusions sur ces humains...

Et pourtant... Une partie de lui avait envie de croire qu'elle aavit raison, qu'ici, on lui ficherait la paix et le tolérerait. Il ne demandait que ça. Qu'on le laisse tranquille. Il avait trop subi l'"affection" de son précédent maître. Il soupira et leva un regard résigné vers la lionne.

- "D'accord. On va faire comme ça. J'espère vraiment que vous avez raison Nyarai."

Car dans le cas contraire, tout pourrait très vite mal tourner. Il suffisait qu'ils aient des soupçons, qu'ils découvrent qu'il avait tué son maître et il passerait un très mauvais quart d'heure. Finalement, il laissait sa vie entre les mains d'une lionne trop confiante dans le genre humain...

Elle aurait mieux fait de se taire, elle en était convaincue. La honte la poussa à s'empresser de sortir de la caravane pour se retrouver à l'air libre sous la lumière déclinante. Dehors, il n'y avait toujurs pas grand monde à part les artistes qui avaient fini leur répétitions et qui repartaient dans leur caravane pour se détendre avant l'envoi du soir. Nyrarai ne leur prêta aucune attention et pénétra dans le chapiteau. Il ne fallu que quelques instants pour qu'elle en ressorte, accompagnée d'un homme au larges épaules et au ventre bien rebondi. Sa veste de mosieur loyal était ouverte sur son bedon et l'air grave, il traversait l'espace de terre suivit à courte distance par Nyarai, le regard baissé.

Il ne s'arrêta que devant la caravane et frappa quelques coups avant d'entrer, posant rapidement les yeux sur le félin. Au bas des petites marches, Nyarai s'était arrêtée, fixant avec obstination le bout de ses pieds. Oh, elle avait une petite idée du déroulement de l'entretien, après tout, elle aussi en avait eu un, mais pas tout à fait dans les mêmes circonstances. Elle fermait les yeux maintenant, espérant que rien du meurtre n'allait transparaître. Mais malgré cette angoisse, elle conservait une pensée optimiste sur l'issu de la discution.

Dans la caravane, le grand et bedonnant patron du cirque pas encore maquillé, nin même cnvenablement enferé dans son uniforme, puisque le moment ne s'y prêtait pas, croisa les bras sur son ventre rebondi et toisa avec interrogation le guépard avant de prendre le parole.

"J'ai entendu dire que tu avais des ennuis... Et que tu aurait besoin d'un endroit pour retomber sur tes pattes. C'est bien ça?"

Il n'y allait pas par quatre chemins, mais le meilleurs d'aller au but n'était-il pas la ligne droite?