La Grande Dame de Fer

Jeena, encore remuée par son premier voyage en train, marchait au bord de la Seine, bagages en main. Elle était tout simplement émerveillée parce tout ce qu'elle pouvait voir. Elle qui sortait tout juste de sa campagne natale, c'était un véritable choc qui s'offrait à ses yeux.
Au détour d'un parc, elle leva la tête et vit la cime de la tour Eiffel. Accélérant le pas, elle se rendit sur la place où tronait la vieille Dame de Fer et, sous le choc, elle laissa tomber l'une de ses valises.

"Magnifique..." murmura-t-elle.

Jeena, qui adorait tout ce qui touchait de près ou de loin à la science, s'approcha pour regarder en détail la splendide création des Hommes.

A-t-on déjà vu oeuvre plus complète, plus harmonieuse que la Tour érigée par un coup de folie de ce divin monsieur Gustave Eiffel? Le visage de Paris avait bien changé au cours des siècles, depuis l'exposition universelle de 1900 à l'époque de la peste rouge, mais la Tour était toujours là, splendide défi au temps et aux inutiles disputes des mortels.

Algol réfléchissait à l'histoire de ce si beau territoire d'escalade, allongé sur le dos sur une poutre qui ne devait pas dépasser les trente centimètres de large et qui se situait à (approximativement) trois mètres... sous le premier étage. Il faisait encore jour et les humains erraient nombreux sur la place en contrebas: il n'aurait pas été très judicieux de faire la sieste plus bas, à une altitude où leurs yeux si peu puissants pouvaient voir le semi-léopard des neiges.

Lui les voyait, par contre, aimable fleuve de modèles réduits qui vaquaient à leurs occupations plus ou moins pacifiques. Algol se retourna sur le ventre pour mieux les observer, ses bras pendant de chaque côté de la barre comme les pattes d'un gros chat paresseux.

*Comment une espèce capable de construire un prodige comme cette Tour peut-elle se révéler aussi frustre et bête?*

Question éternellement sans réponse, apparemment. Algol laissa son regard perçant vagabonder sur la place, jusqu'à ce qu'il accrochât une silhouette un peu différente des autres... La créature redressa la tête et ramena ses bras devant lui pour les croiser sur le métal, signe évident d'intérêt pour ce qu'il voyait. Une jeune femme, la tête renversée en arrière comme une enfant et qui regardait la structure d'acier avec un émerveillement perceptible. A côté de tous ces Parisiens mornes et sans vie, elle détonait comme un personnage colorisé dans un vieux dessin animé en noir et blanc.

Algol s'aggripa à la poutre pour se laisser choir en contrebas, sur un étais de métal incliné à plus de quarante-cinq degrés. Mais il était trop bon acrobate pour perdre l'équilibre face à cette petite difficulté, et il continua sa dégringolade, à mi-chemin entre la chute et le vol. Arrivé à portée de vue des humains, il ôta son foulard pour rendre son collier visible. Mieux valait se faire passer pour un gentil minou, il n'était pas là pour provoquer une panique qui se terminerait infailliblement en bain de sang.

Puis il s'arrêta sur une poutre toute proche du sol, à une petite dizaine de mètres de la jeune femme qu'il avait repérée. Il s'accroupit bien en vue et attendit sereinement qu'elle terminât son observation de la Tour, un léger sourire aux lèvres: ce n'était pas tous les jours qu'il croisait une provinciale fraîchement débarquée dans ce monde brutal et merveilleux de la capitale. Voilà qui lui promettait des nouvelles fraîches sur l'opinion des humains du reste du pays à propos des créatures.

Jeena laissa traîner son regard sur la surface impeccablement sculptée de la Tour Eiffel. Elle souriait comme une gamine et les passants ne manquaient pas de lui lancer des regards souvent réprobateurs et toujours moqueurs. Mais la jeune femme pouvait bien s'en moquer. Elle avait sous ses yeux l'une des choses les plus belles qui lui avait été donnée de voir.

Soudain, elle sentit un regard plus insistant se poser sur elle. Elle se tira de sa contemplation et se tourna de chaque côté pour apercevoir la personne qui lui vouer un quelconque intérêt.

Son regard s'arrêta sur une silhouette accroupie à quelques mètres de là. Elle retint sa respiration mais ne bougea pas.

[dois y aller moi. @+]

(ok ^^)

Algol vit l'humaine se figer, de fascination ou de peur, il n'aurait pas su le dire avec exactitude. Peut-être un mélange des deux.

*Mais pas beaucoup de peur.*

La créature pencha légèrement la tête sur le côté, tic récurrent dans son espèce lorsqu'ils observaient quelque chose avec attention. Il prit sa voix la plus douce et aimable pour demander:

"Puis-je vous être utile, mademoiselle?"

Il aurait dû dire "maîtresse" et c'était déjà un pari risqué de prendre ainsi ses libertés avec les règles des créatures, mais Algol n'avait jamais appelé maîtresse qu'une seule personne, et il n'avait pas l'intention de recommencer. Il comptait simplement sur le reste de son attitude, ouvertement amicale, pour donner le change et masquer à tous les bipèdes qui passaient sur la place qu'ils se promenaient tout près du sous-chef de la Thianra.

Jeena se baissa pour reprendre sa valise tombée quelques minutes plus tôt. Elle gardait son regard rivé sur la Créature qui venait de lui adresser la parole mais il lui fallut un certain temps avant qu'elle comprenne le sens de chaque mot.
Elle bégaya :

"Je... euh... merci mais..."

Elle ne trouva rien d'autre à ajouter que ce balbutiement incompréhensible. En effet, ses yeux venaient de descendre sur le collier qui entourait le fin cou de ... de quoi ? Elle n'aurait su le dire précisément. L'humaine resta donc plantée sur place, fixant un être dont elle ignorait tout, et sentit son rythme cardiaque s'accélérer d'un coup.

*Où suis-je tomber ?*

Algol dut retenir un hochement de tête satisfait: la surprise de l'humaine devenait une peur de l'inconnu tout ce qu'il y avait de plus naturelle. Elle connaissait à peine les créatures, c'était visible. Elle était donc loin d'un danger potentiel. Algol descendit de son perchoir et s'approcha de la jeune femme d'une légère démarche de danseur pour dire avec une réelle gentillesse:

"Nous vous inquiétez pas, je ne vous veux aucun mal. Vous m'avez simplement semblée nouvelle en ville, et si vous avez besoin d'un quelconque renseignement, je me ferai un plaisir de vous le procurer."

Les créatures domestiquées ne s'exprimaient jamais de manière aussi littéraire (elles ne savaient ni lire ni écrire, alors pour se cultiver...), mais la jeune femme ne devait vraisemblablement être au courant de ce genre de détails. Algol nota cependant que le regard de l'inconnue s'était arrêté sur son collier.

*Elle connait les bases, j'ai l'impression. Pas d'imprudences.*

Il ajouta en s'inclinant légèrement:

"Je me nomme Algol, à votre service jusqu'à neuf heures si vous le désirez. Mon maître m'a demandé de rentrer ensuite."

(puis-je me joindre a vous... ^^)

Athly les regardaient de la tour Eiffel, Elle avait une jambe dans le vide et une autre posée sur l'acier glacé. Son regard se perdait dans le vide qui s'ouvrait sous ses pieds. Ses cheveux d'un blond éclatant se distinguaient d'en bas, lui fouettant le vise de par le vent qu'il y avait en haut.
Combien de fois était-elle monté ici pour se détendre... elle ne les comptais plus.
Sa vue percante étais dirigée vers les deux personnes se trouvant au pied de cette dame d'acier.
Elle se pencha d'avantage afin de mieux le voirs. Finalement, de quelques bonds agile les barres d'acier, Elle se retrouva sur le sol dans un bruit mat. ses pupilles d'émeraude les regardant sans expressions particulière, pour une fois... Elle s'avanca vers eux d'un pas calme, presque félin un sourire au lèvres ...

Presque rien ne changea dans l'attitude d'Algol, presque rien. Sauf son regard. Lorsqu'il perçut un mouvement fluide sur le bord de son champ de vision, les fentes de ses pupilles se braquèrent sur la droite. Il distingua la silhouette harmonieuse d'une créature s'avancer à travers la place sans pour l'instant éveiller la méfiance des humains. Parce qu'ils n'avaient pas vu ce qui avait sauté aux yeux d'Algol: l'inconnue ne portait pas de collier. Le sous-chef de la Thianra se raidit et dit aussi calmement que possible à l'humaine:

"Veuillez m'excuser."

Puis il fit quelques pas sur le côté pour s'interposer entre la jeune provinciale et la créature - un lynx apparemment. Un sifflement à peine audible mais parfaitement compréhensible pour des oreilles félines s'échappa des lèvres du semi-léopard des neiges:

"Qu'est-ce que tu fais ici sans collier? Tu veux déclencher un massacre?!"

Athly planta ses deux billes d'emeraude dans ceux de la créature, un sourire narquois se dessinant sur son visage. Athly n'étais pas du genre a vouloire passer pour un gentil chat et a se fondre dans la masse, Ses yeux se posèrent sur le collier de la créature avant de revenir se planté telle une lame dans ceux du jeune homme. Elle ne connaissait absolument pas song rang dans la Thainra étand donné qu'elle venait d'arriver dans le clan. Cette histoire de collier ne la dérouta guèré et elle posa son index sur le torse de l'homme, tojours cet aire malin qu'elle gardait en elle. L'assurance de la jeunesse, surement... Elle lui répondis dans le même sifflement...

"Je n'ait pas peur d'afficher ma véritable origine, qu'ils viennent me voir je les attends..."

Elle se recula légèrement attendant sa réaction, elle avais parfaitement reconnu la créature et son arrogance envers un des siens pourrais bien lui couter sa libertée, peu importe, elle n'avait rien a perdre....

Un éclair passa dans les yeux d'Algol, mais il en fallait plus pour lui faire perdre son sang froid. Hors de question de faire appel à son rang dans la Thianra pour obtenir une chose aussi simple que le départ de la gêneuse. Il jeta un regard par-dessus son épaule pour s'assurer que l'humaine ne paniquait pas, puis il parla sans hausser le ton, mais avec fermeté:

"Je m'efforce de recueillir des renseignements sur l'image que les humains ont des créatures en dehors de la capitale. Si tu veux casser du bipède, soit. Mais vas ailleurs et ne viens pas empiéter sur ma mission, suis-je bien clair?"

Athly haussa les épaules et jetta un regard a l'humaine, visiblement elle avait l'air particulièrement intelligente et n'avait pas l'air impressionnée par le fait qu'Athly ne porte pas un de ces maudis colliers.
'si tu veux casser du bipède...', ces mots résonnairent dans ca tête, fesant tinter ses yeux d'une lueure vermeille pour finalement revenir au vert. Elle sourie mais pas méchament et parla d'un ton calme sans agressivité, asser bas pour que seul Algol l'entende.

"Je ne me bat que pour me défendre je n'engage jamais la violence... pour ta mission je te laisse en paix mais fait attention tout de même, offrez votre aide aux humains; ils vous jetterons des pierres..."

Elle recula lde quelque pas, puis commenca a s'éloigner vers la tour d'acier, afin de ne pas le gêner, car apparament elle n'étais pas la bienvenue ici...

Algol grogna:

"Ne crois pas que le rôle de la Thianra se limite à chasser les humains: si tu ne sais pas reconnaître ceux qui peuvent t'être utiles, alors tu n'iras pas loin."

Il était assez cassant, au risque d'énerver Athly, mais il fallait bien qu'il marque le coup: quelle idée de se balader sous la Tour Eiffel sans collier... Ce genre d'imprudence risquait de coûter bêtement la vie à la jeune fille. Voyant qu'elle s'éloignait lentement, il demanda un peu plus haut:

"Quel est ton nom?"

Athly s'arreta et tourna légèrement la tête vers Algol sans pour autant le regarder, elle ignora l'agressivité de ses paroles préfèrant ne pas faire une sène en publique et vu qu'il avait une mission, mieu vallait s'éclipser au plus vite et le laisser tranquile.

"Athly..."

Elle prit les escalier, comme toute bonne humaine, afin de lui montrer que quand elle voulait elle savait ne pas attirer l'attention et se fondre dans la masse...disparaitre

Les neurones de Jeena se mirent violemment en marche. Elle réfléchit à la fois aux paroles de la Créature mais également à ce qu'il portait autour du cou. Elle fit facilement le rapprochement mais ne comprenait toujours pas tout.
Lorsqu'une deuxième Créature à demi-féline s'approcha, l'humaine recula de deux pas mais ne dit rien.

*Que se passe-t-il dans cette ville ? Où sont passés les humains tels qu'ils existaient dans mes souvenirs ?*

Elle se posait beaucoup de questions. Beaucoup trop. Mais elle était incapable de trouver la réponse par elle-même.
Par-dessus tout, en cet instant, Jeena souhaitait rentrer chez elle et se plonger dans un bon gros bouquin pour retrouver son calme qu'elle avait perdu depuis quelques minutes.

Alors qu'il regardait d'un oeil légèrement réprobateur Athly s'éloigner, Algol sentit le vent lui porter une odeur d'égarement, presque de peur. Il se retourna et, découvrant l'expression pour le moins perplexe de l'humaine, sourit.

"Excusez-moi, je ne me suis pas présenté. Je me nomme Algol. Vous ne devez pas hésiter à poser des questions, vous savez. Vous ne me paraissez pas très familiarisée avec les créatures. Il y en a si peu en dehors de Paris?"

Il franchissait un cap interdit pour tout "animal domestique", mais il était de plus en plus convaincu que l'inconnue ne s'y connaissait pas du tout en conventions des créatures... ou en créatures tout court.

"Dites-moi, vous savez au moins ce qu'est une créature?"

Jeena sentit sa tête lui tourner lorsque le dénommé Algol se mit à parler de Créatures. Cependant, elle se garda de montrer son malaise et respira un grand coup pour reprendre contenance.

"On m'a toujours dit qu'une créature était un mot qui désigne des êtres dont on a du mal à trouver l'origine..."

La jeune femme marqua une pause mais continua de fixer Algol.

"Cependant, j'ai la vague impression qu'ici ce mot possède une toute autre signification, je me trompe ?"

Cette fois Algol abandonna tout faux-semblant: ce n'était pas la peine de jouer au gentil chat face à cette innocente et bien naïve jeune femme. C'est donc sincèrement qu'il l'invita à venir un peu à l'écart de la place, près d'un parterre de fleurs où personne ne pourrait les entendre. Algol s'assit avec la légèreté d'un chat et fit signe à l'humaine de venir à ses côtés.

"Rassurez-vous, je ne vais pas vous manger. Vous n'avez vraiment jamais entendu parler des créatures comme moi? Je présume pourtant que vous savez ce qu'est la peste rouge? Je peux vous expliquer si vous voulez."

Il lui sourit d'un air engageant et ajouta:

"Allez, venez vous asseoir, je vous promets que je ne vous ferai pas le moindre mal."

Bien qu'elle n'en avait vraiment pas envie, Jeena s'approcha du parterre de fleurs où était assis le 'jeune homme' mais elle hésita franchement avant de s'asseoir.
Elle déposa ses deux valises entre elle et la Créature, comme pour fixer une limite inutile.

"Evidemment que je connais la peste rouge. Je ne viens quand même pas d'une autre planète !"

La jeune femme n'avait pas dit ces propos sur un ton sec, bien qu'elle fut un peu vexée par la question. Elle se râcla la gorge et détailla les moindres faits et gestes d'Algol.

Algol eut un léger rire tout sauf moqueur.

"Excusez-moi, mais vous êtes la première humaine que je croise qui ne connaît pas ma nature et celle d'un bon cinquième des habitants de Paris."

Il exposa alors à l'inconnue comment les savants humains avaient joué à Dieu en utilisant leur science du génome, comment ils avaient créé ces si fascinants hybrides, comment leurs créations avaient plus ou moins échappé à leur contrôle...

"Pour prendre mon exemple, je suis un croisement entre un homo sapiens et un uncia uncia - un léopard des neiges, si vous préférez. Mais je ne vais pas me jeter à votre gorge pour autant. Vous n'avez vraiment jamais croisé d'individu comme moi?"

Agol était sincèrement intrigué: même s'il faisait l'effort de se cultiver le plus possible, il n'arrivait presque pas à accéder aux journaux, dont les points de ventes étaient sous bonne garde des Arnaiths qui voulaient isoler leurs ennemis de l'information. Lui-même n'avait jamais quitté la capitale, et le reste de la France comme du monde se résumait dans sa propre expérience à un grand point d'interrogation. A la réflexion, il se trouvait même un peu idiot d'avoir pensé d'office que tout le monde connaissait les créatures: après tout, la peste rouge s'était dissipée assez vite, et une affaire qui avait fait si grand bruit quelques dizaines d'années auparavant avait très bien pu se teinter d'oubli.

Jeena ne sut quoi répondre. Elle qui avait toujours cru en la science comme étant quelque chose qui pouvait servir en bien l'humanité, voilà qu'on lui en parlait comme d'un acte criminel.
Elle leva les yeux vers ceux d'Algol et sentit une pointe de sympathie à son égard. Comment peut-on réagir lorsque l'on naît pour servir d'autres personnes ? Jamais elle n'aurait imaginé découvrir pareille chose en montant à la capitale.

"Jamais auparavant je n'ai croisé Créature semblable à vous. Je pense que je m'en souviendrais si cela était le cas."

(Hin, hin! attention je squatte en force!! )

Catelyn avait décidé de faire un détour avant de rentrer. Elle était de bonne humeur aujourd'hui. La chasse avait été bonne et la Thianra avait perdu un membre. Assez faible, certes. Un sourire cruel se dessina sur ses lèvres pleines. La pauvre créature avait été condamnée dés qu'elle avait rencontré la jeune femme. Elle arriva en vue de la Tour Eiffel et s'arrêta. Combien de fois, enfant, l'avait-elle admirée? Combien de fois était-elle venue en famille lors d'un dimanche ensoleillé? Sa belle humeur s'envola tandis qu'elle replongeait dans son passé. Enfin, elle apperçut une jeune femme en conversation avec... une créature! De la haine à l'état pur enflamma l'ambre de son regard. Regard qui se posa sur le collier du félin...

Algol lut de la compassion mêlée à du respect dans les yeux de Jeena et cela lui fit plaisir. Ce bourrin de Noah perdait bien des choses en rangeant tous les humains dans le même sac. Pour Algol, ils se classaient en trois groupes: les intelligents, dans lesquels il plaçait Gustave Eiffel et cette jeune femme, puis les quelconques, ceux qu'il laissait à Noah dans ses envies aveugles d'extermination, et enfin les dangereux, des Arnaiths pour la plupart. Ceux-là devaient être éradiqués pour le bien de tous: jamais la paix ne reviendrait si des humains violents subsitaient pour se dresser aveuglément contre les créatures. Agréablement surpris par Jeena, Algol lui fit une petite confession:

"Je dois vous prévenir que je suis un hors la loi pour les humains de cette cité. Le collier que vous voyez autour de mon cou est désactivé, et cela fait longtemps que je ne sers plus d'humain. En théorie, nous ne sommes pas censés discuter d'égal à égal. Si on vous surprend en train de me parler avec respect comme vous le faites, on risque de vous regarder de travers. Par contre, pour ma part, je risque de..."

Il s'interrompit net. Une odeur ténue mais parfaitement reconnaissable venait d'accrocher ses narines sensibles. Du sang, et pas du sang humain. Algol suivit son flair et ses yeux ne tardèrent pas à repérer une jeune femme au milieu de la place, une jeune femme qui le fixait d'un air tout sauf pacifique. Elle était impeccablement propre, mais ne pouvait pas débarasser l'espèce d'épée antique qu'elle portait dans son dos de l'odeur du sang encore frais d'une créature malchanceuse. Algol sentit un léger grondement s'échapper hors de sa gorge et ses crocs se découvrir légèrement tandis qu'il renvoyait son regard à l'humaine.

La réaction de la créature ne plut pas du tout à Catelyn. Elle allait lui apprendre les bonnes manières à ce gros chat!
Elle se dirigea d'un pas vif et gracieux vers les deux protagonistes de la scène. Elle lança un regard mauvais au félin, puis se tourna vers la jeune femme et sourit gentillement. La jeune femme n'avait pas l'air d'être ici, elle était... décalée.

Bonjour... je m'appelle Catelyn. Cette...créature est-elle à vous?

Elle désigna d'un geste dédaigneux le félin. Elle n'avait pas réussi à effacer de sa voix toute trace de mépris. Cependant, elle regardait la jeune femme avec un air doux et aimable. Elle se doutait déjà de la réponse, mais il fallait bien trouver un moyen d'approcher et d'engager la conversation. Aussi attendit-elle, un sourire aimable plaqué sur son visage agréable.

Jeena fut surprise d'entendre qu'une 'personne' aussi agréable à discuter puisse être déclarée hors-la-loi. Cependant, elle ne fit aucune remarque et se contenta de sourire.

"Ne vous inquiétez pas, personne ne nous surprendra..."

Elle eut à peine fini sa phrase qu'elle remarqua le soudain changement d'attitude d'Algol.

"Qu'est-ce qui se..."

Jeena leva les yeux sur l'ombre qui venait d'arriver. Elle mit sa main en visière pour mieux la voir. Une humaine... le premier contact véritablement humain qu'elle avait. Enfin, cette dernière ne paraissait pas vraiment contente de cotoyer une Créature... et ça n'était qu'un euphémisme.

"Euh..."

Elle interrogea Algol du regard, ne sachant pas du tout quoi répondre.

Algol se mordit la lèvre: il avait devant lui une tueuse des Arnaiths, il en était pratiquement certain, mais il ne pouvait tout de même pas l'attaquer directement alors que pour un observateur extérieur, il était la créature de Jeena. Il ne voulait pas attirer d'ennuis à cette humaine intelligente et pacifique, il lui fallait briser tout amalgame possible. Il se leva avec autant d'aisance et de grâce qu'il s'était assis pour dire posément à la nouvelle venue:

"Non, je n'appartiens pas à cette jeune femme, que je vous prierai de laisser en paix. Je suis seul responsable de l'irritation que vous cause visiblement le fait que j'ai senti le sang que vous avez sur les mains."