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| Dans ce monde périclite... | |
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Thim Invité
| Sujet: Dans ce monde périclite... Ven 3 Mar - 20:11 | |
| Du béton sous les pieds, un colosse d'acier au-dessus de la tête. Emerveillé, à demi-effrayé, un jeune adolescent avait rejeté sa tête en arrière pour contempler l'impérissable Tour Eiffel. Dans ses immenses prunelles océan se reflétait l'architecture entrelacée du symbole français, souvent tâché de sang depuis quelques décennies... Aujourd'hui, comme hier, comme depuis plusieurs années, il avait quémander une piècette, un bout de pain, fait les yeux doux à d'attirants étrangers... C'est les mollets lourds qu'il s'était rendu ici, les pieds traînant sur l'asphalte suintant des rues parisiennes. Balayant le Champ de Mars dans son dos, le vent venait souffler derrière ses oreilles félines, ces dernières cachées par une vieille casquette à la Gavroche lui tombant parfois sur les yeux. Au loin le soleil dardait ses derniers rayons, mourrants dans un horizon de sang, tâchant ces nuages filandreux semblables aux oripeaux décharnés de la guerre qui n'était plus. La peau pâle de son visage, en cet instant teintée d'orangé, se tira d'une moue perplexe. Comment avaient-ils fait pour battir un truc pareil ? *o.Ô* Combien de millions de touristes avaient foulés ces marches bancales ? On pouvait aussi se demander combien de suicidés, combien d'espions sur la ville, combien de... Mais tout ça Thimothé n'y pensait pas. Un long et lourd manteau d'étoffe grossière rapiécé recouvrait ses épaules frêles, tombant jusqu'à ses genoux, le faisant paraitre encore plus abattu et faible. Sous cet accoutrement, personne n'aurait deviné sa nature hybride. De toute façon qui s'en serait soucié ? Parmi les humains qui connaissaient la créature qu'il était, on disait parfois que les Arnaiths le trouveraient trop pitoyables pour perdre du temps avec lui. Il n'avait donc pas à s'inquiéter hein... C'est ce qu'il se disait. Planté sur l'immense place aux pieds de la Tour et son visage fin toujours tourné vers les étages supérieurs, Thim découvrait pour la première fois l'édifice. Bouche ouverte, il devait paraître bien candide et naïf, émerveillé pour si peu, comme un enfant. Il fit distraitement trois pas en arrière, ne se souciant guère de savoir si quelqu'un s'y trouvait. Et le hasard (peut-être pas) le fit buter contre un corps plus imposant que le sien. Il trébucha en arrière contre l'inconnu... [Réservé ! ]
Dernière édition par le Ven 3 Mar - 23:41, édité 2 fois |
| | | Angelo Borgia Agent extérieur
Nombre de messages : 314 Race : Panthère noire Clan : Arnaith Âge du personnage : 20 ans Date d'inscription : 03/03/2006
| Sujet: Re: Dans ce monde périclite... Ven 3 Mar - 23:18 | |
| Et l'inconnu en question n'a pas l'air tellement ravi qu'on le prenne pour un vulgaire lampadaire, à entendre son claquement de langue agacé. Il se recule, laissant Thim se débrouiller avec ses jambes, son corps, et son foutu équilibre. Ah les gens, je te jure, ils sont impossibles, de nos jours. Le jeune homme agacé dépasse Thim de haut - à peu près une quinzaine de centimètres -, sans pour autant être réellement un colosse. D'abord, un mètre soixante quinze, c'est une taille certes respectable, mais ce n'est pas exceptionnel. Et ensuite, il est bien trop élancé et mince pour paraître réellement dangereux. Par contre, son expression est agacée, ses lèvres fines légèrement retroussées en une mimique non de dégoût mais d'intimidation. Pourquoi ses collègues de bureau ne l'apprécient guère ? Ne cherchez pas : il est bien trop animal encore pour réellement leur plaire. Ce côté bestial ne le quittera jamais, même s'il le désirait ardemment : après tout, c'est un muté. Quand même. Même si son apparence est tout humaine : cheveux bruns, fins, laissés lâches, sans aucun couvre-chef pour cacher une paire d'oreilles compromettantes, pas plus que d'un long manteau qui pourrait dissimuler un appendice caudal malvenu. Courte veste en jeans, portée sur un pantalon de velours noir et fatigué que justifie le temps froid et sec. Une besace kaki en bandoulière, une paire de chaussures aux lacets négligemment défaits. Des yeux chocolats, des traits fins et expressifs composent un visage régulier, et harmonieux finalement. Un humain tout ce qu'il y a de plus humain, pourrait-on se dire. Mais le on qui lui fait face présentement n'est pas facile - pas aussi facile - à berner que les hommes. C'est un de ses semblables, il le sent, assez confusément. Pauvre Angelo qui s'est énormément humanisé, au détriment de ses réactions animales pourtant bien pratiques. Est-ce pour aider la Thianra, ou parce qu'il l'a voulue, cette humanisation ? C'est une dissertation, vous avez quatre heures. [Oui booon...]
Et celui qui lui fait face - il est humanisé, certes, mais il a senti que c'était un individu de sexe masculin, quand même -, ne manquera pas de le reconnaître comme étant des siens. Bien sûr que non. C'est trop palpable, cette appartenance à la race des mutés, il faut encore qu'il travaille pour réussir à berner tout le monde, à devenir entièrement, réellement un hybride total et parfait. Au moins, ça l'occupe pendant ses longues journées. Il incline la tête sur le côté, légèrement, quelques mèches de cheveux brunes poussant l'audace à venir chatouiller le bout de son nez fin. Il pince lentement ses lèvres minces, ses yeux - dont la couleur pourtant si douce n'arrive pas à masquer totalement cette impression d'animalité qu'il dégage - détaillant patiemment la personne en face de lui. Tiens donc. Une créature libre. Impossible de savoir ce qu'il en pense à ce moment précis. Vu son clan, vu sa position, vu ce qu'il est censé faire, il est - il doit être - content pour cette créature qu'elle soit en liberté, et non asservie à un quelconque humain brutal. Oui, mais voilà. D'accord, il doit bien jouer son rôle auprès des humains, mais pourquoi n'est-il pas plus cordial avec ses congénères, ses semblables ? Il préfère taire ses raisons, tenir un pari dangereux, sautiller comme inconscient le long de la ligne au delà de laquelle il est allé beaucoup trop loin. Une manière de vivre qui en vaut une autre, après tout.
Enfin, il prend la parole. Il a une voix plutôt douce, plutôt basse, mais malgré cela elle ne donne pas l'impression que son propriétaire est posé. Et pourtant, a-t-on jamais vu plus calme que ce jeune homme aux mains enfoncées dans les poches de sa courte veste ? Là où son apparence est trompeuse, sa voix le trahit. Angelo n'est pas une personne calme, certainement pas. Tout se lit dans cette voix si expressive : son irascibilité, ses doutes, sa mauvaise humeur actuelle, ses frayeurs qui le collent comme une seconde peau. Encore faut-il pouvoir déchiffrer ces sons, ces syllabes, toute cette symbolique vocale que possède le muté.
"Tiens donc. Un étranger à Paris."
Un sourire fin étire ses non moins fines lèvres. Pas le genre de sourire carnassier, non, plutôt un sourire sans expression, le genre que l'on réserve aux gens croisés par hasard, et que l'on ne compte plus jamais revoir. Un sourire prêt-à-porter, et jetable. Ce n'est pas que la présence d'un étranger le surprenne. Mais... Un étranger de ce type, en plein coucher de soleil, ça, oui, ça le surprend... légèrement.
"Vous êtes perdu ?"
Il jette un rapide coup d'oeil à la Tour Eiffel. Un coup d'oeil blasé. Elle ne lui a jamais fait grand effet, cette tour, sauf quand on lui a expliqué qu'au choix elle représentait une femme les jambes écartées, ou un pénis géant. Voilà bien une invention d'homme. Et après, c'étaient eux, les mutés, les bestiaux sanguinaires. Ben voyons. Ses iris parés d'une paire de lentilles se posent à nouveau sur l'homme-chat. Il attend quand même sa réponse, ayant une certaine suite dans les idées. | |
| | | Thim Invité
| Sujet: Re: Dans ce monde périclite... Sam 4 Mar - 0:10 | |
| Totalement absorbé par la gigantesque construction, Thim n'avait pas calculé la propabilité de bousculer aussi minablement un inconnu. Quand il sentit son dos rencontré un corps étranger, il se raidit automatiquement, perdant stupidement son agilité chronique. Et l'autre, apparemment trèèès intéressé par le suivi de sa chute ne fit rien pour le retenir. Lamentable... Il tomba sur les fesses, meurtrissant par la même sa queue de chat. Un petit couinement s'échappa de ses lèvres tandis que son visage se plissait de douleur. En un bond, il fut de nouveau sur pied, regardant cette fois-ci l'étranger dans les yeux. Il essaya de revêtir l'apparence la plus crédible possible, tentant de faire oublier le ridicule de sa culbute. Mais quand on s'appelait Thimothé, qu'à seize on avait le visage d'une gamine et une voix même pas muée, paraître crédible était un défi de taille. Quelle honte... Il n'y avait bien que lui pour faire ça ! Ses joues rougirent immédiatement de gêne. Il lui avait quant même marché sur le pied... Il se racla la gorge dans le but de posée sa voix le plus clairement possible.
"Je... Je suis désolé... Pardon..."
Et voilà que s'envola tout bonne résolution. Il cessa de vouloir faire le grand et baissa les yeux, coupable. D'habitude, il n'y avait que face aux créatures qu'il était intimidé... D'ailleurs... Non ce n'était pas la brise qui caressait sa nuque mais bien le duvet lui-même qui se dressait. Déglutissant avec difficulté, il déporta son regard bleuté du sol pour le poser à nouveau sur l'inconnu, fronçant légèrement les sourcils. Il avait une drôle d'impression face à cet humain... Qui n'en était pas un mais ça, ses aptitudes de félins étaient bien trop faibles pour lui permettre de s'en rendre compte. Malgré tout, il savait que ce joli jeune homme avait un truc qui clochait. Il le dévisagea, scrutant ses yeux doux aux iris parfaitement humaines, ses oreilles rondes et normales...
L'autre souriait. Bien trop naïf pour identifier le caractère superficiel de cette preuve de non-hostilité, Thim sentit ses lèvres grandir pour dévoiler ses dents blanches où ne se percevaient pas de crocs distincts. Un étranger ? Toujours aussi rouge, il secoua la tête et bafouilla.
"Oh mais je... Je ne suis pas un étranger, je vis à Paris !"
S'il n'avait jamais vu la Tour Eiffel, c'était parce qu'il avait passé son enfance cloitré dans un vieux manoir poussièreux à la vieille odeur de biscuit sec... Et ces dernières années, il n'avait jamais songé à venir jeter un coup d'oeil. Ses mains rejointes dans le dos et le ventre en avant comme un petit garçon timide, il hocha négativement de la tête.
"Non... Je ne suis pas perdu..."
Nerveux il ne savait pas quoi dire ou faire pour pardonner sa bévue. L'autre semblait serein, désintéressé.
"Encore une fois... Pardon..."
Il baissa à nouveau ses yeux au sol, les fixant vaguement sur l'angle brisé d'une dalle. |
| | | Angelo Borgia Agent extérieur
Nombre de messages : 314 Race : Panthère noire Clan : Arnaith Âge du personnage : 20 ans Date d'inscription : 03/03/2006
| Sujet: Re: Dans ce monde périclite... Sam 4 Mar - 20:26 | |
| En effet, le grand brun aux formes minces et plates, observe la créature-chat tomber sans faire aucun gestes pour l'aider. La solidarité est une notion toute humaine que pourtant Angelo n'a pas intégré à son comportement. Les fines ailes de son nez se plissent légèrement, et il laisse échapper un léger reniflement de mépris ; avec un peu de chance, l'autre ne l'aura pas entendu. Et de toutes manières, qu'est-ce que ça changerait ? Lui, Angelo, la créature la plus humanisée parmi les rangs de la Thianra, est considéré comme faible et peu fiable par les autres insurgés. Et il se sent largement supérieur en force par rapport au garçon qui est présentement au sol. Non vraiment, les autres créatures doivent complètement ignorer ce pauvre garçon. Il plisse un peu ses yeux chocolat, détaillant à nouveau le jeune homme prénommé Thim, qui vient de laisser échapper un couinement de douleur. Sans doute à cause de sa queue qui traînait, raisonne Angelo, qui enfonce un peu plus ses mains dans ses poches, persistant dans son refus d'aider le garçon. Son expression un peu hautaine s'efface quand soudain Thim bondit sur ses pieds, comme si un scarabée à cornes venait de lui mordre les fesses. Pas un bond normal, non, mais un bond souple, rapide, félin. Les fins sourcils bruns se froncent, conférant au visage d'Angelo une expression très humaine - encore une fois, on y revient toujours - de mécontentement, voire même de fureur contenue.
Oui, il est furieux. S'il ne s'était pas aussi durement entraîné à réfréner ses pulsions animales, il lui aurait au moins donné un coup de griffes au visage. Peut-on être aussi stupide ? Angelo déteste, exècre, hait attirer l'attention sur lui. Et ce bond, ce bond injustifié - à son sens -, vient, il en est sûr, de les faire repérer sur toute la place. Il jette un regard circulaire rapide autour de lui, et constate qu'en effet, plusieurs personnes ont fixé le regard sur eux. Et l'on peut alors parfaitement comprendre que Thim perde soudain toute la superbe dont il avait essayé de se parer. Il a réussi à mettre Angelo en rogne. Alors, oui, certes, la créature qu'est Angelo est corrompue, il adopte entièrement toutes les habitudes humaines, et est très doué pour l'imitation. Mais son expression est bien plus flamboyante à cet instant que celle d'un bête humain. Inconsciemment, il laisse ressortir tout son côté prédateur, dominateur - car il l'est, même s'il n'a pas souvent l'occasion de l'exercer -, pour impressionner la créature-chat qu'il a reconnu comme l'un des siens, et comme étant plus faible que lui. Et il se sert des méthodes animales pour l'intimider. Quoi de plus normal ?
Après ce soudain accès de fureur, il semble se calmer. Ou plutôt, il maîtrise ses émotions sans grande difficulté, son agacement se traduisant seulement dans l'arc surélevé d'un sourcil dédaigneux. Pas un étranger. Eh bien, de nos jours, les habitants ne sont plus ce qu'ils étaient. Son regard chocolat, à nouveau, balaie de haut en bas Thim. Mais cette fois, il ne se fait en aucun cas discret. Il veut que l'autre sache qu'il est en train de le jauger, ouvertement, et il montrera clairement qu'il ne le craint pas, en croisant négligemment ses bras minces. Puis il reprend, de sa voix basse, tout à l'heure câjoleuse, presque amicale, maintenant cassante.
"Bien entendu, tous les Parisiens sont émerveillés devant la Tour Eiffel. Tout le monde le sait."
Cette phrase n'est présente dans la conversation que pour assurer encore son ascendant dominant sur Thim. Histoire de lui prouver aussi vocalement - et non plus seulement par un langage approximatif de gestes et d'expressions - que celui qui commande, cette fois, c'est lui. Quand je vous dis qu'il adore faire son petit chef, c'est pas des blagues, c'est vrai. Il n'a pas décroisé les bras, et son sourcil reste soulevé par l'agacement et le mépris. Manifestement, la créature-panthère pourtant si humaine n'est pas sensible à l'apparente innocence de son interlocuteur. Il se sert de la faiblesse presque directement avouée du jeune homme pour le dominer. Charmant garçon. Il grince légèrement des dents, ce qui rend un son désagréable, et surprenant.
"Alors il faudrait voir à ne plus prendre cet air... Comment dire... Perdu."
Et il lui fait un sourire carnassier. D'habitude, quand Angelo sourit, il ne découvre jamais ses dents. La raison ? Des crocs un peu trop voyants. Mais là, il commence à faire sombre - le soleil s'est enfin couché -, et il peut se permettre de montrer les crocs. Au sens animal du terme. Il a beau être réellement très proche physiquement des humains, ses crocs sont deux armes redoutables, et solides. Enfin, Thim prendra peut-être ce sourire pour une preuve d'amitié.
Il finit par froncer du nez encore une fois, avec beaucoup de mépris, à l'écoute de la dernière phrase de Thim. Et il laissera échapper de ses dents serrées un hargneux :
"Ben tiens, tu peux t'excuser."
Mais quel mauvais caractère ! | |
| | | Thim Invité
| Sujet: Re: Dans ce monde périclite... Sam 4 Mar - 21:12 | |
| Les joues cramoisies et les yeux baissés, il reconnaissait totalement sa culpabilité. C'était vrai quoi ! On ne fonçait pas impunément dans les gens comme ça. Et pis pourquoi il avait toujours la tête ailleurs ? Il faudrait qu'il songe vraiment à faire plus attention tout de même ! Il n'avait pas remarqué que les regards s'étaient tournés sur eux quand, instinctivement, il avait bondi sur ses pattes. Oh lui ça ne le dérangeait pas trop d'être repéré par des humains. Il ne savait pas pourquoi -et ne se posait pas la question d'ailleurs- les humains ne lui voulaient jamais de mal. Il avait eu beaucoup de chance sûrement et puis, quand on voyait la misérable petite créature qu'il était, on soupirait puis passait à autre chose. Ca avait toujours été plus hardu avec les créatures...
Quand l'inconnu répondit enfin, il releva le bout rosé de son nez minuscule, dévoilant de grands yeux désolés, avides de miséricorde. La replique cassante resta sans relève. Thim n'était pas de ceux qui avaient un sens aïgu de la repartie. Non lui, dès qu'on commençait à hausser le ton, il se taisait et subissait docilement. La méchanceté gratuite qu'on lui balança à cet instant à la figure l'écrasa, semblant affaisser encore plus ses épaules malingres. Que lui avait-il fait pour qu'il s'acharne de la sorte sur la pauvre petite bête qu'il était. Quand le grand brun sourit, il perçut les deux crocs qui siègeaient à la place des humaines canines. Il dégluttit avec effort, baissant à nouveau les yeux, lentement. C'était donc ça... C'était toujours comme ça de toute façon. A chaque fois qu'il rencontrait une créature, il s'en prenait plein la tête. Il se demandait bien ce qu'il avait pû leur faire. Il savait qu'il était faible, il savait qu'il n'avait aucun caractère (enfin, pas dévoiler pour l'instant lol), aucune combativité. Certes il n'avait jamais fait face à des situations l'exigeant... Il avait été élevé comme un gentil petit humain, assez spécial avouons-le. Il ne chercha même pas à comprendre ce qu'il lui voulait, trop occuper à retenir ses larmes.
Dans sa casquette bouffante, ses deux oreilles s'étaient rabattues en arrière et la queue rachitique qui terminait sa colonne était venue se réfugier entre ses cuisses maigres. Il garda ses yeux larmoyants baissés, reprenant sur un ton encore plus rabaissé et triste.
"Je... Je ne voulais pas vous importuner..."
Il était trop naïf pour réaliser que la politesse n'entrait pas en ligne de compte, trop naïf pour comprendre que l'autre assouvissait de manière peu noble son désir de domination. Il recula d'un pas hésitant et tremblant, ne remarquant toujours pas les regards interrogateurs et parfois courroucés qui se posaient sur Angelo. Et oui, là les humains voyaient plutôt un homme hautain qui réprimandait une -ou un, c'était difficile à déterminer- jeune adolescente chétive et craintive. |
| | | Angelo Borgia Agent extérieur
Nombre de messages : 314 Race : Panthère noire Clan : Arnaith Âge du personnage : 20 ans Date d'inscription : 03/03/2006
| Sujet: Re: Dans ce monde périclite... Dim 5 Mar - 2:21 | |
| Et si Thim ne remarque pas les regards pesants des badauds, trop occupés à être confus pour cela, Angelo, lui, les remarque bien, vu qu'il est aux affûts. Il commence à être réellement en rogne, bien que cette nouvelle vague d'attention l'inquiète bien moins que la première : cette fois, il ne paraît pas bizarre mais son comportement est désapprouvé. Aussi étonnant que cela puisse paraître, la créature panthère préfère autant ça. Il n'aimerait franchement pas que les hommes découvrent sa nature de créature. Il appréhende ça comme une expérience douloureuse au possible. Et quand les gens le regardent ainsi, ils le reconnaissent comme l'un des leurs, certes comme un déviant [notions de socio de term' ES XD] mais un des leurs quand même. Et c'est cela qui importe, plus que tout, à la sauvegarde d'Angelo. Malgré tout, son agacement atteint des sommets. Il porte une main aux longs doigts minces, dignes d'un pianiste, à ses yeux, les cachant quelques longues minutes. La douleur lancinante qui lui lacère les yeux ne fait rien pour arranger son humeur déjà désastreuse - et encore aggravée par la bourde de Thim. Ses lèvres fines s'entrouvrent pour laisser échapper un court soupir, comme s'il essayait de se donner du courage.
Allez Angelo, du calme. De toutes manières, il ne te répondra pas. La main qui protégeait ses yeux douloureux - dont les veines commencent à apparaître, sérieusement dilatées et éclatées -, retourne prendre sa place dans sa poche, alors qu'il observe Thim d'un nouveau regard. Moins agressif que les précédents, il ne tente manifestement plus d'assurer sa domniation. En fait, Angelo est animé par un profond désir de se colleter à plus fort que lui. Il est sans doute un peu maso, sans vouloir se l'avouer. Il baisse ses paupières sur ses iris chocolat, posant son regard acéré - il y voit comme en plein jour - sur la même dalle cassée que regardait Thim un peu plus tôt. Et enfin, après un long temps de silence - durant lequel ses gestes auront été riches en intéprétation -, il prend la parole. C'est amusant de constater combien il réfléchit avant de parler. Sa double situation et ses mensonges permanents l'épuisent.
"Ok. Je suis désolé. Je voulais pas être agressif comme ça."
Il ne donnera pas de raisons quant à sa soudaine gueulante. Pourtant il y en avait plusieurs, mais elles lui paraissent trop humaines pour être évoquées en face d'une créature comme lui. Faible, certes, mais une créature comme lui. Et tout comme il n'aimerait pas être découvert par les redoutables hommes, il n'apprécierait guère que ses semblables le découvrent aussi proche de leurs ennemis. Il pince les lèvres en se faisant ces réflexions. Mais dans quel guêpier a-t-il réussi à se fourrer, lui ? Il pousse un léger soupir, baisse le nez vers le pavé, ne réagissant pas quand quelques mèches de cheveux bruns tombent devant son regard, barrant son front. Pas de panique, il vient juste de se rendre compte combien il est sur la corde raide en permanence, et combien il sera seul si jamais il tombe... Ce qui arrivera forcément un jour. Il déglutit, se mordille la lèvre inférieure - et malgré ce tic, ses crocs resteront invisibles -, puis redresse le nez vers Thim.
"J'ai dit que c'était pas grave..."
Il cherche des yeux un banc, une boîte aux lettres, quelque chose pour s'appuyer, au moins. Par pitié. Finalement, il trouve - ce n'est pas si dur - et va se laisser lourdement tomber sur une chose en fer forgé qui prétendrait peut-être à être un banc de ville - hideux certes, mais bel et bien un banc. Il lève ses yeux chocolat vers Thim, se demandant s'il va s'asseoir à côté de lui. Inutile de préciser que la créature panthère a rentré les griffes, les crocs, et l'attitude méchante et orgueuilleuse. Il semble anéanti de fatigue, et de soucis. Innoffensif, enfin. | |
| | | Thim Invité
| Sujet: Re: Dans ce monde périclite... Dim 5 Mar - 3:43 | |
| Après avoir fait un pas en arrière, Thim cessa de reculer. Il n'allait quant même pas s'enfuir ! Il était déjà suffisament ridicule pour de plus passer pour un trouillard ! Ce qu'il était un peu. Notons qu'il pouvait lui arriver d'avoir extrêmement de courage ! Notamment quand il s'agissait de personnes à qui il tenait. Partagé entre l'envie de dégarpir sur le champ et celle garder un semblant de fierté, le chaton ne remarqua le changement d'attitude du dénommé Angelo. Il n'osait pas lui jeter de regards et c'est seulement quand le brun s'excusa qu'il releva la tête timidement, en même temps qu'une oreille. C'était à présent l'autre qui regardait le sol d'un air songeur et las. Etrange ce mec quant même. Le visage de Thim s'inclina légèrement sur le côté tandis qu'il haussait un sourcil, quelque peu étonné du revirement d'humeur apparent. Toujours aussi perplexe, il suit sans bouger l'homme du regard alors que celui-ci se dirige vers un vieux banc rouillé. Il haussa son deuxième sourcil quand Angelo s'abattit comme une masse sur la feraille. Il paraissait soudain si fatigué... Quand les deux prunelles du jeune homme se tournèrent à nouveau vers lui, il se sentit rosir. Il avait le choix entre: prendre ses jambes à son cou, partir tranquillement la tête haute, lui jeter un regard fier et lui tourner,... Lentement, ses pas hésitants le menèrent jusqu'au banc où il posa délicatement son postérieur, faisant bien attention cette fois-ci à ne pas se faire mal au derrière.
Disons que trente centrimètres le séparaient du brun qu'il regardait d'un air presqu'inquiet. L'autre semblait tellement abattu, épuisé...
"C'est... C'est moi qui vous ai fatigué comme ça ? oO"
L'air perplexe persistait sur son visage, réellement inquiet d'avoir exténué ce pauvre. Pauvre homme qui l'avait presque agressé mais ça, il l'avait déjà oublié. |
| | | Angelo Borgia Agent extérieur
Nombre de messages : 314 Race : Panthère noire Clan : Arnaith Âge du personnage : 20 ans Date d'inscription : 03/03/2006
| Sujet: Re: Dans ce monde périclite... Mer 8 Mar - 22:15 | |
| "Repos", "banc", "silence" et "calme" sont autant de mots qui flattent agréablement les neurones épuisés du sieur Borgia. Il reste avachi sur son banc, épaules basses, les yeux dans le vague. C'est tellement reposant de ne même pas faire l'effort de demander à son nerf optique de transmettre les images que captent l'oeil. Aah, cette sensation est limite orgasmique. Angelo savoure avec lenteur la sensation de ses muscles se détendant, comme s'ils fondaient sur le bois à la peinture verte écaillée du banc. Il reprendra un semblant de mouvement pour virer de quelques coups d'ongles un peu de cette peinture, en se disant qu'il fait là une très bonne action, parce qu'elle est vraiment moche. Il fait un bond immense de surprise sur place quand Thim s'assied à côté de lui, aussi discrètement le fait-il. Il sent avec soulagement son coeur repartir docilement, et exhale un léger soupir. Il tourne ensuite son regard que n'aurait pas renié Willy Wonka [oui c'est osé comme comparaison ] vers la créature-chat. "Tu ne me fatigues pas, non... Par contre, tu vas me tuer d'un arrêt cardiaque." Que d'exagération et d'emphase dans sa phrase. Il dément cette impression un peu grandiloquente qu'il arrive à donner à quelques pauvres mots en esquissant un sourire amusé. "Non, ce n'est pas toi... Quoique tu l'aurais mérité. Tu m'as au moins cassé trois orteils avec ton gros corps sur mon frêle pied." Et il confirme le ton plaisanteur de cette déclaration avec une expression amusée - son éternelle enfance refait face sur ses traits fins, lui donnant un certain charme... agaçant. Pris d'une soudaine inspiration, il tend sa main à l'articulation fine et sèche vers Thim, un sourire sobre cousu aux lèvres. "Angelo Borgia, enchanté." Il n'a pas un ton très convaincu, mais il fait des efforts. C'est bien Angie. [Personne d'autre que sa joueuse n'a le droit de l'appeler Angie.] | |
| | | Thim Invité
| Sujet: Re: Dans ce monde périclite... Jeu 9 Mar - 0:23 | |
| (Bon, si je cessais de poster des messages nuls sur Lost Soul ?... ) Bon... Pour dire vrai, Thim savait -à peu près- déjà que ce n'était pas lui qui causait tant de soucis à la créature avachie tête basse sur ce banc à la peinture écaillée. En réalité, il était attiré par ce brun. Non pas qu'il y est eu coup de foudre loin de là... La seule chose qui intéressait tant le chat était le statut de créature de l'inconnu. Il n'avait pas l'occasion d'en rencontrer souvent. Ou du moins pas de créatures libres comme lui. La plupart -la totalité à vrai dire- de celles qu'il avait pu approcher portaient ce si élégant collier... Et puis la plupart du temps elles ne l'appréciaient guère. Comprenez, apprécier un adolescent mi-chat qui se prend pour une fille et qui -de surcroit- est parfaitement libre, est une chose ardue quand la liberté fait défaut... Le jeune homme qui se trouvait ici ne portait pas de cuir au cou et son maintien ainsi que son regard haut laissaient parfaitement paraître qu'il n'était pas domestiqué. Sauvage disons, comme tous les membres de la Thianra, quelque chose d'imprenable, d'impénétrable... La liberté ? Peut-être. N'empêche que lui, liberté ou pas, ça ne l'empêchait pas d'avoir l'allure d'un moins-que-rien excentrique et nigot qui se balade en jupette. Certes aujourd'hui il portait une espèce de pantacourt en jean grisâtre qui atteignait le haut de cheville. Ce qui n'exclut qu'il devait quant même paraître un peu benet à venir demander comme un grand naïf si c'était lui qui le fatiguait. Thim perçut bien la surprise d'Angelo quand il vint s'asseoir près de lui, arquant un sourcil perplexe. C'est marrant tiens, c'était bien la première fois qu'il faisait peur à quelqu'un. S'il commençait déjà à surprendre de la sorte la première créature libre de son répertoire de connaissances, il ne tarderait à pouvoir l'en rayer. Ses oreilles s'appitoyèrent légèrement, retournant flirter avec les mèches volantes de sa chevelure châtain. Il rougit à nouveau, se trouvant débile d'être venu sans un bruit, se maudissant de déjà commencer à se le mettre réellement à dos. "Dé... Désolé..."Moui un peu naïf... Un peu bêbête il semblerait mais Thimothé manquait juste d'un peu de contact avec des personnes réalistes, pour recadrer un peu dans sa petite tête chamboulée le manque flagrant de principes inculqué par feu Miss Gorman. Du coin de l'oeil, il dévisageait le plus vieux tandis que celui-ci se permettait de faire de l'humour. Ca passait tout de même mieux que les remontrances précédentes. Les lèvres roses de l'hybride faîblard qu'était Thim accordèrent doucement la fleuraison d'un sourire timide face à cette chute libre de tension dans l'atmosphère environnant... Alors comme ça il avait un gros corps ??? Cette fois-ci il ne retint pas son sourire et détourna son regard, le posant vaguement sur les bélîtres de la place. Bon lieu pour un médiant apparemment. Tous les gens qui passaient ici ne serait-ce qu'en l'espace d'une heure suffisaient à remplir de quelques pièces les poches trouées... A peine eut-il posé à nouveau ses prunelles d'un bleu abyssal sur le visage de la créature que celle-ci se présenta. Il cligna des cils quelques instants avant de passer des doigts fort peu assurés dans la main d'Angelo. Les yeux rivés face à l'image surréaliste de cette patte de créature qui sert amicalement la sienne, il béa pendant deux trois secondes avant d'accorder à ce cher Monsieur Borgia un sourire pâle et poli. "Moi c'est Thim... En... Enfin Thimothé."Pas de nom de famille ? Et bien non, il n'en avait pas. Orphelin depuis -presque- toujours, il n'avait pas eu de parents pour lui fournir un patronyme. Surtout que ces derniers n'en avaient même pas eu eux-mêmes... Restait la vielle Gorman. Et même si cette dernière avait tenté -en vain- de lui faire faire une carte d'identité, il n'avait pas hérité de son qualificatif familial. "Enchanté de même."Même s'il paraissait un peu empoté au premier abord, il avait de l'éducation le chaton. Et il savait parlé poliment et de manière courtoise même en subissant cette vie de bohême qui était la sienne. Il rosit un peu avant de reprendre la vague d'humour, souriant toujours avec cette timidité collante. "J'espère pour votre frêle petit pied qu'il s'en remettra vite..." |
| | | Angelo Borgia Agent extérieur
Nombre de messages : 314 Race : Panthère noire Clan : Arnaith Âge du personnage : 20 ans Date d'inscription : 03/03/2006
| Sujet: Re: Dans ce monde périclite... Sam 8 Avr - 22:00 | |
| Angelo sent vaguement la curiosité de Thim à son égard. Eh bien quoi ? Ce garçon-chat n’est-il pas libre, lui aussi ? Si la créature s’avisait de dire au Borgia qu’il lui trouvait comme une ressemblance étonnante avec les autres membres de la Thianra, il n’hésiterait en aucun cas à lui rire au nez. C’est exactement parce qu’il ne ressemble pas aux autres qu’il a choisi ce rôle d’agent double que d’aucuns s’avisent de lui reprocher. Quant à lui, il ne se sent pas libre. Il surveille ses mouvements, se demande si ses collègues savent qu’il est une créature, entre en apnée à l’apparition du moindre Arneith, mais à part ça, oui, d’accord, il est libre. La belle liberté qu’il a ! Par moments, il pense franchement à s’exiler dans un lointain pays… Seulement par moments, néanmoins. Avachi sur son banc – d’où il ne compte certainement pas bouger pour le moment – il jette un regard sévère à son pantalon. D’un index docte, il vient gratter du bout de son ongle effilé une tâche qui n’a absolument rien à faire là. Les traits fins et mobiles de son visage prennent une expression légèrement dédaigneuse, et il détache son regard chocolat du velours côtelé, pour le reporter sur Thim, maintenant assis auprès de lui. Il arque légèrement un sourcil avec agacement : de quel droit se permet-il d’être aussi proche de lui, d’abord ? Ses pulsions agressives resteront – par habitude – enfouies dans ses pensées, et il ne montrera absolument rien de cette répulsion de la proximité du garçon-chat. Il le dévisage avec un air légèrement… Incrédule. Angelo a pris l’habitude de n’être surpris par presque rien, mais là… L’attitude de Thim, selon lui-même, dépasse l’entendement. Les créatures ont perdu la guerre, sont pour la plupart esclavagisées, pour certaines sur la brèche, comme lui, ou ce garçon, et l’autre, il est naïf. Ca alors. Il passe une main aux longs doigts dans ses mèches de cheveux éparses, les remettant distraitement en place – tellement distraitement qu’elles sont encore plus en désordre qu’auparavant.
Cette impression n’est que confirmée quand il lui serre la main pour se présenter. Thimothée, hein ? Enchanté de te rencontrer, vraiment… Il pince ses lèvres, relève un peu son bout de nez, une mèche venant barrer son œil droit verticalement. Alors comme ça, il ne portait pas de nom de famille ? Lui non plus, à la base, notez bien. Il en avait choisi un, au fil d’un livre d’histoire, sans plus s’intéresser aux gens à qui il l’empruntait ainsi… Les papes Borgia, cruels, sanguinaires, et pour le deuxième, entretenant une relation incestueuse avec sa sœur. Tout un programme… Il ne prend pas la peine de chasser sa mèche de cheveux de devant son œil, et considère Thim avec une fausse sévérité.
« Je ne sais pas s’il s’en remettra comme tu l’espères. J’ai les os très fragiles, vois-tu. »
Mais bien sûr. Comme s’il avait été conçu pour être fragile. D’accord, quelque part, on peut affirmer qu’Angelo Borgia est une créature loupée. Comme il y en a eu tant d’autres… Il passe une main distraite, à nouveau, sur sa mâchoire, l’air pensif. Il ferme à demi ses yeux injectés de sang, fatigués de devoir supporter sans arrêt ses irritantes lentilles de contact. Pris d’une soudaine curiosité, il se retourne vers Thim, posant son coude contre le banc, dans une attitude décontractée.
« Mais tu dors où, toi ? »
Question ô combien cruciale, il faut l’avouer.
Dernière édition par le Mar 19 Déc - 23:07, édité 1 fois | |
| | | Thim Invité
| Sujet: Re: Dans ce monde périclite... Mar 19 Déc - 18:03 | |
| Le duvet invisible de sa nuque s’hérissa doucement. Être assis à côté de lui, simplement. Cela semblait déranger son hôte, ça se sentait dans l’air. Le chaton déglutit lentement. Il ne savait pas réellement comment aborder cet énergumène. Mais sa curiosité était trop forte. Ainsi que sa solitude. Autant en savoir un peu plus de cet étrange personnage. C’était sa liberté apparente qui l’intriguait. Mais il était loin de s’imaginer qu’Angelo ne jouissait pas de la même liberté que lui. Thim lui, n’avait aucune attache, aucun problème. Aucun ami, aucun logis, pas un sous. Pas une seule responsabilité. C’était foncièrement différent de la situation de Sir Borgia. Quand l’agent-double posa sur lui son regard voilé de mèches noires, la plus jeune des deux créatures sembla rapetisser imperceptiblement. Même si la sévérité qu’on pouvait y lire était feinte, l’impression de dureté restait indélébile. Il ne put s’empêcher pour autant de lâcher un petit sourire quand il lui répondit. Il était peut-être naïf, mais pas encore stupide.
« Je n’en doute pas... »
La lassitude émanait de son être. Curieux par nature, le chaton se demandait bien ce qui pouvait lui provoquer tant de fatigue. Les mains timidement accrochées au bord du banc entre ses cuisses, il tourna son visage clair et juvénile vers son interlocuteur qui venait, comme piqué par on-ne-sait-quelle mouche, se retourner vers lui, pivotant sur le banc défraîchi. Il remarqua à ce moment ses yeux injectés de sang. Ce qui avait bien sûr pour effet d’intriguer encore un peu plus le chaton. Il se mit à rougir quand la question soudaine fut posée. Reportant ses prunelles d’un bleu d’obsidienne face à lui dans le flou, il se mit à réfléchir à sa réponse. Où dormait-il ? A vrai dire, jamais au même endroit... Une de ses mains pâles vint distraitement replacer sa casquette à la gavroche sur ses oreilles duveteuses, afin d’en assurer le couvert.
« Et bien... »
Il se mit à se remémorer les dernières nuits qu’il avait passé. Depuis qu’il avait fui l’horrible taverne poisseuse et emplie de vicieux il y a quelques années, il n’avait plus eu d’endroit fixe où dormir.
« Sous un pont ou... Sur un toit... Ou... »
La liste n’était pas si longue après tout. Il restait une petite créature affreusement faible et désirable qui se devait de s’endormir dans des lieux peu fréquentés et à l’abri des regards.
« Enfin là où je peux être en sécurité. »
Sécurité. Haha. Comme quoi sa notion de sécurité n’était pas vraiment réaliste. Comme beaucoup de ses notions d’ailleurs. Mais ça on ne pouvait lui en vouloir. Bref ! Tout ça pour en revenir au fait qu’il dormait dehors, jamais au même endroit, C’était un peu gênant d’avouer qu’il était... Simplement un petit clochard comme un autre. Il sembla sortir de ses pensées et tourna à nouveau son visage vers son hôte. Il reprit, d’une voix tout de suite plus enjouée.
« Et vous ?... Vous n’avez apparemment pas de maître... »
Il faillit, pris par son entrain, lui demander s’il faisait partie de la Thianra, si c’était bien, ce qu’il faisait, comment il le faisait, pourquoi il le faisait, quand, où... Quand je vous disais curieux... Mais il eut assez d’esprit vous retenir ses questions et sa curiosité mal-placée. |
| | | Angelo Borgia Agent extérieur
Nombre de messages : 314 Race : Panthère noire Clan : Arnaith Âge du personnage : 20 ans Date d'inscription : 03/03/2006
| Sujet: Re: Dans ce monde périclite... Mer 20 Déc - 3:30 | |
| Oui, que l’on soit assis à côté de lui, tout simplement, ça dérange Angelo. Il ne s’écarte pas vraiment, tout comme il ne demande pas à ce que Thim se pousse, mais il surveille du coin de l’œil les mouvements de l’autre hybride. Qu’il se rapproche encore un peu, et le grand brun ombrageux s’écartera. Il a bien hérité de la panthère noire ce trait de caractère très indépendant, très lointain. Malgré la volonté ou l’impression de rejet qu’il peut donner, ni son visage aux traits pourtant mobiles, ni son corps mince et souple ne traduisent un quelconque mal à l’aise. Ses lèvres ne sont pas tordues d’un rictus ennuyé, et ses muscles secs restent détendus, étirés par sa position effondrée sur le banc, encore une preuve de l’entraînement sévère qu’il s’oblige à suivre afin d’essayer d’atteindre au mieux le manque de communication humain. C’est pas ce genre d’attitude qui va aider Thim à savoir comment l’aborder sans l’agacer, mais c’est une seconde nature chez la panthère noire, brouiller les pistes. Il constate intérieurement avec une fierté très mal placée l’effet que ses expressions peut avoir sur le chaton qui lui fait face. Normal, lui est un grand fauve, le pauvre Thim n’est qu’un chat en comparaison… En attendant, le fauve en question s’est largement calmé, accablé d’un coup par ses frayeurs et ses soucis, et considère le petit Thim avec plus d’amusement mêlé peut-être d’envie que d’agacement, maintenant.
Quand Thim se prépare à répondre à sa question, voilà Angelo à l’affût de ses moindres réactions. Parce qu’il est passé champion dans l’art de les édulcorer, voire de les annihiler, il aime les retrouver chez les autres, s’assurer de sa pseudo-supériorité, essayer de se persuader qu’il n’est pas tant que ça en danger. C’est donc les iris chocolat fixés sur le garçon qu’il attend sa réponse. Iris qui s’agrandissent un peu en percevant ce qu’il voulait entendre. Oh, il s’y attendait, Thim n’a pas l’air de sortir fraîchement d’une maison, et puis, où peut dormir de nos jours une créature libre hormis sur un toit, un pont, et autres joyeusetés ? Non, lui, il est surpris par le mot qui sort de la bouche de Thim à ce moment-là. Sécurité ?! Mais qu’est-ce qu’une bestiole de compagnie comme Thim peut connaître à la sécurité ? Il est bien trop naïf, bien trop impressionnable pour être en sécurité ne serait-ce que dix secondes, de l’avis de Sieur Borgia. Il secoue la tête, mèches de cheveux suivant le mouvement avec grâce, et laisse finalement échapper un petit ricanement assez peu charitable. La méchanceté, ou en tous cas le manque de condescendance naturel d’Angelo n’est jamais très loin, finalement. Mais il se retient d’être trop sec dans sa réponse, détournant toutefois le regard de Thim, des fois qu’il se trahisse tout seul – chose qu’il déteste.
« Hum, oui je vois tout à fait ce que tu veux dire. »
Ses longs doigts se crispent sur son pantalon, il laisse le velours s’imprimer dans sa paume, avec une pointe de fascination. Bien qu’il en ait une très forte envie, il ne fera pas allusion aux créatures dans sa phrase suivante. Toujours cette peur d’être démasqué et reconnu qui le tenaille. Il reprend donc, avec un léger sourire – où perce une pointe légère d’incrédulité.
« Mais euh… Tu n’as pas trop de problèmes ? Je veux dire… Ca doit être… difficile. »
Pour ne pas utiliser le mot suicidaire. Il hausse des épaules, paraissant se détendre un peu plus. Et c’est dommage, car c’est le moment que choisit Thim pour lui parler d’un éventuel maître. Déjà, pour Angelo – comme pour beaucoup de ses semblables – appartenir à quelqu’un est quelque chose qui ne se conçoit pas. Et s’il veut rester libre encore un peu, il faut éviter à tout prix de parler ouvertement de sa nature de créature. Et c’est ainsi qu’il perd toute son attitude calme et détendue, se redresse en contractant ses abdominaux secs, et jette un regard fumasse à Thim. Après ce rapide et brûlant coup d’œil, il regarde autour d’eux, avec une certaine inquiétude – sans que ses gestes ne soient trop repérables. Après avoir dûment constaté que personne ne les a entendu, il se repositionne comme précédemment, mais dans une attitude bien moins calme et détendue.
« Tu serais gentil de pas évoquer ce genre de choses en pleine rue. »
C’est un ordre, même un peu déguisé. Il jette un regard en coin au chaton, sans même préciser ce qu’il lui ferait s’il n’appliquait pas ce qu’il vient de demander. Deuxième coup d’œil ; les gens sont suffisamment loin.
« Je vis tout seul. »
Heureusement que Thim a retenu ses questions, si seulement le mot « Thianra » avait été prononcé, Angelo l’aurait au moins giflé, au pire massacré. Pour le moment, le brun a repris une expression assez méprisante, observant de haut le chaton, sans toutefois arriver à se départir d’un penchant… attendri et compatissant. Son côté humain, sans doute, qui parfois tempère ses instincts animaux – les plus forts et les plus malins vivent, quant aux autres, tant pis. | |
| | | Thim Invité
| Sujet: Re: Dans ce monde périclite... Mar 26 Déc - 2:11 | |
| Ce fut Thim qui cette fois-ci commença à se sentir mal à l’aise. Il n’arrivait pas à cerner la créature qui siégeait à ses côtés. Finalement était-ce une bonne idée de rester près de cet homme ? A lui parler ? Il risquait d’y laisser quelques plumes. Il y avait quelque chose de sauvage dans l’attitude du brun. Un petit quelque chose qui se ressentait fortement. Sûrement quelque chose qu’il n’arrivait pas à estomper malgré ses efforts. Le petit ricanement qu’il lâcha serra les entrailles du jeune chat. Il se foutait de lui ? Il détourna le regard avant de prendre la parole. Thimothé fronça légèrement ses sourcils avant de ramener lui aussi son regard devant lui. Des problèmes ? Pas tant que ça... Il n’était pas poursuivi par les Arnaiths, il ne se faisait pas agresser, les humains l’aimaient bien, les créatures... Beaucoup moins... Difficile ? S’il était si maigre, ce n’était pas une question de morphologie de naissance, mais bel et bien à cause d’une sous-nutrition constante. S’il avait de quoi manger tous les jours, sûrement ne ressemblerait-il pas à ce qu’il était aujourd’hui. Oui c’était difficile. Dormir dans le froid, sous le vent et l’humidité de la pluie. Par été comme par hiver. Et c’était sans compter les vagabonds étranges qu’il croisait parfois et qu’il craignait.
« Nan... Ca va... Enfin...»
Mais malgré tout, il n’osait pas se plaindre. Quand il voyait comment étaient traitées certaines créatures ou dans quel degré d’insalubrité vivaient certains humains, il se sentait coupable de plaindre sa petite personne.
« Y’a pire je pense... »
Quelle erreur ne fit-il pas quelques instants plus tard ! Une grosse boulette apparemment puisque la panthère passa du jour à la nuit d’un instant à l’autre. Quoi ? Qu’avait-il dit de mal ? Estomaqué, le jeune chat garda la bouche à demi ouverte, scrutant le visage de son interlocuteur apparemment fort nerveux. Ce genre de chose ? Il voulait parler d’avoir un maître ou pas ? Bah oui... Thimothé n’était pas censé savoir qu’Angelo Borgia menait une double vie et cachait à tout le monde son statut de créature. Et pis... Il n’y avait personne autour d’eux. Pas de quoi en faire un plat ! Mais les choses n’étaient pas du tout comme ça dans l’esprit du plus jeune. Son cœur se serra et il sentit une vague de culpabilité l’envahir. Ses prunelles océan furetèrent en direction des passants, qui continuaient leur chemin sans n’en avoir rien à faire de l’hypothétique maître d’Angelo. Ses incisives bien humaines vinrent pincer sa lèvre inférieure alors que ses grands yeux suppliaient silencieusement le pardon.
« Je suis désolé... Je... Je ne pensais pas que vous teniez à tant de discrétion... »
Il détourna son regard de fautif de celui accusateur d’Angelo, déchiré par le mépris qu’il pouvait y lire, et le posa sur les dalles du sol. Il entendit vaguement la réponse de la panthère, et déglutit avec effort, la gorge nouée. Il vivait seul. Et il semblait libre. Etrange, pour une créature. Les libres, rares, comme Thim, étaient bien souvent des vagabonds puisqu’ils étaient rejetés de la société. Angelo n'avait rien d'un vagabond. Les autres étaient esclavagés, et par conséquent ne vivaient pas seuls ! La dernière solution était la Thianra. Sa voix claire ne s’éleva pas plus haut qu’un murmure.
« D’a... D’accord. »
Que dire de plus à présent ? Surtout que le froid était tombé sur la conversation, frigorifiant l’inspiration de l’adolescent. Ils étaient tous les deux des solitaires. Point à la ligne. Ciao, peut-être à un de ces quatre. Thimothé se leva de son siège, les joues encore rosies par la gêne, et se tourna vers l’agent double.
« Excusez-moi Monsieur, je ne voulais pas vous importuner. »
Sachant que le Monsieur en question avait à peine deux ans de plus que lui. C’était sa manière de lui dire au revoir et de lui demander pardon d’avoir été si stupide d’être venu s’asseoir à côté de lui alors qu’il n’avait rien demandé. Surtout qu’il lui avait foncé dedans, à la base. La curiosité était un vilain défaut. Tout le monde savait ça. Il se trouvait vraiment ridicule, collant, chiant, ... Il resta là immobile, n’attendant qu’un signe, qu’un mot, ou simplement que quelques instants de silence, pour pouvoir s’autoriser à laisser enfin ce pauvre homme en paix. Une brise se leva, légère, agitant face à ses prunelles bleutées quelques unes de ses mèches couleur châtain, voilant par intermittences le regard qu’il lui portait. |
| | | Angelo Borgia Agent extérieur
Nombre de messages : 314 Race : Panthère noire Clan : Arnaith Âge du personnage : 20 ans Date d'inscription : 03/03/2006
| Sujet: Re: Dans ce monde périclite... Ven 29 Déc - 21:24 | |
| Angelo a détourné son profond regard artificiel et injecté de sang de Thim, terriblement agacé. Il se sent comme une vraie panthère, prêt à bondir et à déchiqueter l'importun à coups de griffes, de dents et - côté très humain de la bête - avec des phrases assassines. Il retient pourtant - il ne sait lui-même pas trop pourquoi - un soupir agacé au fond de sa gorge, qu'il transforme en un long soupir, au cours duquel il ferme les yeux. Fatigué, à nouveau. Pas seulement du fait de Thimothé, d'ailleurs, sa petite personne y est aussi pour beaucoup. Pourquoi mais pourquoi s'est-il senti obligé de montrer à ce stupide garçon-chat qu'il était lui aussi un hybride ?... Pour un peu, il se planterait les crocs dans les mains, avec un grondement frustré et énervé. Mais non, il ne le fera pas. On est en public, il ne faut pas faire ce genre de choses voyantes en public.
Quand Thim exprime tout entier le désir de se casser immédiatement, il lui jette d'abord un regard très peu concerné, très absent. Ca exprime tout à fait le message " j'en ai rien à cirer de ta vie, hors de ma vue ". Mais, comme quoi tout est possible, une réflexion se fait dans l'esprit embrumé de la panthère noire. Mais mais... Thim est un danger potentiel pour sa couverture. Il fronce des sourcils, intimant silencieusement d'abord à l'autre hybride de rester d'abord en place. Non, t'es pas autorisé à partir tout de suite, exprime tout entier le corps longiligne et musclé du brun étendu sur son banc. Il le jauge à nouveau du regard, plus attentivement. Non, décidément, ce n'est vraiment pas indiqué de laisser courir n'importe qui dans la nature. Surtout un témoin de sa nature de créature. En plus, il a semble-t-il rien compris à sa couverture, son emploi, et tout. Normal, remarque, il lui a rien expliqué.
Angelo se redresse donc, écarte un peu les jambes, appuyant nonchalamment ses coudes dessus. Ses mèches châtain foncé fines et soyeuses tombent devant ses yeux, adoucissant miraculeusement l'expression brûlante qui ne le quitte pas souvent. Il semble réfléchir, lèvres fines parcourues de frémissements discrets, puis les pince, les décolorant. Il écarte ses cheveux d'un mouvement de main paresseux, et déclare, d'un ton bas, concerné.
" Tu m'as bien dit que tu savais pas où dormir ? "
Il n'attend d'ailleurs pas la réponse ; il en est très sûr.
" Bien, tu peux venir chez moi. Pas de dangers, j'suis pas un pervers... "
Un regard en coin exprime surtout le manque d'envie qu'il aurait du chaton. Apparemment, les garçons, c'est pas vraiment son truc, au fauve. Il fronce ses sourcils fins, et se fend - avec difficulté - d'un sourire sans expression.
" Et je pourrais t'expliquer deux-trois trucs comme ça. "
Voire même tu pourrais aider à parfaire mon camouflage. C'est tout benéf' pour les deux, on dirait. Il attend la réponse à sa proposition - Angelo n'est pas homme à poser des questions, ça le saoule. Il fait attention à édulcorer largement son attitude menaçante et agressive ; le grand fauve a rentré les griffes, et considère avec patience le chaton qui lui fait face. Une patience tout relative, d'ailleurs, la nature très remuante d'Angelo est resté affleurante. En attendant, sa proposition paraît sincère et il est moins agressif que d'habitude. Un vrai miracle quand on connaît l'oiseau. Enfin, le chat XD ! | |
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