Neela [Thianra]

Prénom : Neela
Surnom :
Âge : 21 ans
Clan : La Thianra
Croisement : Issue de deux créatures Puma

Description physique :

Ile Saint Louis

Aout 2328

Un voile sombre sétait étendu sur la capitale française, plongeant les parisiens dans une douce torpeur. Mais bientôt les ténèbres furent déchirées par le rougoiement d'un brasier. Là, en plein coeur de la cité, un hotel particulier venait de prendre feu. Les rues qui auraient du être désertes se remplissaient peu à peu de voisins ayant quitté leur habitations par précaution et de badauds qu'un tel spectacle fascinait.

Parmi eux quelques uns avaient amené leurs créatures. Celles ci effrayées par le feu restaient prudemment en arrière mais on pouvait lire sur leurs visages , bien plus que de la peur, une profonde tristesse. Car si nul n'osait l'affirmer haut et fort, tous néanmoins savaient ce qu'un tel brasier signifiait. Ce n'était pas la première fois qu'une telle chose se produisait et plusieurs bâtioments avaient déjà fini en cendres. Et à chaque fois c'était la même chose, une fois le feu éteint on retrouvait le corps presque entièrement calciné de l'un des leurs. Et ce soir encore, c'est avec un sentiment où la rage et l'impuissance se mêlaient que les créatures observaient l'horrible et lente agonie de l'un des leurs.

Le petit immeuble de deux étages semblait comme prisonnier de ces gigantesques flammes qui léchaient ses facades et dévataient son intérieur. Une épaisse et noire fumée s'échappait des vitres du premier étage qui avaient volé en éclats. Prisonnière au second étage, une mince silhouette pleine de suie se dessina un instant derrière l'une des vitres. En bas, tapi dans l'ombre d'une porte cochère, un homme dont on ne percevait que le regard dément, sourit en tirant doucement sur une cigarette. C'est avec un certain plaisir qu'il observa la silhouette tenter de se rapprocher de la vitre sans succès, stoppée dans sa progression par un mur de flammes.

A l'intérieur du bâtiments la silhouette resta un moment encore devant cette fenêtre qui semblait représenter sa seule issue possible. La jeune femme aurait facilement pu passer pour une humaine, rien ou presque chez elle ne laissant supposer qu'il s'agissait de l'une de ces créatures issues de ces dangereux croisements génétiques. Pourtant, à y regarder de plus près, on ne pouvait ignorer cet imposant et affreux collier qui serrait son cou grâcile et qui était la preuve indubitable de sa vraie nature.

Le visage de la jeune femme était fin et ses traits d'une harmonie parfaite. Sa peau était d'une étrange pâleur qui fleurtait avec un gris très pâle, lui donnant un air presque lunaire. De rage ou de peur de périr par le feu peut être, les lèvres de Neela tremblaient légèrement. Mais cela n'enlevait rien à la délicatesse de cette bouche finement ourlée et aux lèvres rondes et charnues.

La fumée qui flottait dans l'air commença à pénétrer par les narines de son petit nez fin et droit. Comme à chaque fois qu'un danger se fait sentir, ses narines frémissent légèrement. Ne pouvant rester ainsi plus longtemps à ne rien faire, la jeune femme jette un regard sur cet endroit si familier qui l'entoure. Ses yeux... A eux seuls ils auraient suffit à trahir sa nature de créature : deux magnifiques formes oblongues où étincelles deux prunelles jaunes pareilles à celles du félin dont elle est issue. Pour faire face à la pénombre dûe à la fumée, ses pupilles se dilatèrent brusquement jusqu'à n'être plus que deux billes du jais le plus noir et le plus étincelant qui soit. Au bout d'à peine une fraction de seconde, la jeune féline repéra la porte qui menait à l'étage inférieur où devait encore se trouver son maître. S'approchant lentement de celle ci, Neela y apposa une main hésitante. La poignée était froide et hormis quelques nuages de fumée, aucune flamme ne semblait filtrer. Elle devait faire vite !

Ne se préoccuppant pas le moins du monde de ses longs cheveux noirs qui venaient lui griffer le visage et voiler son regard, la jeune femme se précipita vers le lavabo de la salle de bain dans laquelle elle se trouvait et ouvrit avec fébrilité le robinet d'eau froide. Arrachant de ses doigts fins et agiles la chamise qui la couvrait elle en fit de larges bandelettes qu'elle imbiba d'eau avant de s'en protéger le corps du mieux qu'elle pu. Elle protégea en premier ses cheveux mais surtout ses mains sans lesquelles elle ne parviendrait jamais à fuir loin de ce brasier.

Sans sa chemise on pouvait admirer les courbes délicates et fines de la jeune femme. Ses muscles étaient bien dessinés, presque comme ciselés dans sa peau opaline, et bien qu'elle ne fut pas des plus épaisses sa musculature laissait présager d'une force certaine. Enfin prête à quitter la pièce, la jeune femme se jeta à terre afin d'éviter la fumée. Près du sol, en effet, l'air se révélà bien plus frais et respirable. Appliquant, à la façon d'un baillon, un linge humide sur sa bouche, elle ouvrit la porte et pénétra dans le couloir principal.

Sous son corps, elle sentait la chaleur du brasier en train de dévaster l'étage inférieur. La température était si élevée que Neela en vint à se dire que c'est bien en dessous que le feu avait du prendre. Bien que l'idée d'affronter les flammes ne lui plut guère elle savait que son maitre se trouvait en bas et il était hors de question pour elle de s'enfuir sans avoir auparavant tout tenté pour sauver celui qui s'était montré si bon envers elle et les siens. Aussi, n'hésita t'elle que fort peu avant de bondir en direction de l'escalier qui menait à l'étage inférieur.

A quatre pattes, bondissant ainsi, Neela avait perdu toute ressemblance avec les humains et ressemblait plus que jamais à un félin. Elle avait sorti ses griffes, comme par instinct et celles ci l'aidaient à la fois lors de ses bondissements mais aussi pour progresser. Les tapisseries anciennes dont le vétérinaire, son maitre, était si fier et qui jusque là ornaient les murs de l'escalier, s'affaissaient et barraient la route de la jeune femme. A grands coups de griffes, celle les lacéra et les repoussa violemment, continuant sa progression. Son corps tout en longueur se maculait peu à peu de suie mettant ainsi en valeur ses muscles que l'on voyait se contracter puis se retracter durant sa course folle. Ses jambesincroyablement longues et affutées, telles des pattes arrières, lui conféraient l'impuslion nécessaire pour effectuer de longs sauts.

Description mentale :

Les poumons de la jeune femme la brûlaient de plus en plus et plus d'une fois, Neela dut suspendre sa course pour reprendre un tant soit peu son souffle. Elle aurait pu tout abandonner : renoncer à tout espoir et attendre la Mort tranquillement. Mais c'eut été mal la connaître ! Certes, le feu provoquait toujours en elle, comme chez la plupart des félins d'ailleurs, une peur panique mais pas au point de rivaliser avec son courage qui avait parfois tendance à frôler la témérité irraisonnée.

Comme à son habitude , la jeune femme ne se fia qu'a son instinct et celui ci lui ordonnait de tout faire pour sauver ce vieil homme qui avait, depuis sa naissance, veillé sur elle. Si elle haîssait bon nombres d'humains pour la cruauté et le mépris qu'ils ne cessaient de témoigner à ceux de sa race, elle avait appris à aimer celui qui lui avait offert non seulement un toit et de quoi se nourrir mais aussi et surtout une certaine éducation et toute son affection. Par loyauté et amour, Neela se devait de braver le danger pour tenter de le sauver.

Arrivée en bas de l'escalier un mur de flammes, guère plus haut qu'un petit muret se dressa devant elle. Derrière, affalé à même le sol du grand salon, le Dr Frederic de Saint Hilliers reposait visiblement aux portes de l'inconscience. Son esprit alerte et vif eut vite fait d'évaluer la situation : périlleuse au possible et presque totalement désespérée ! Mais cela, bien loin de la décourager, ne fit que renforcer sa détermination.

Neela, pour avoir tant de fois arpenter cette maison, en connaissait les moindre détails architecturaux qui étaient à jamais gravés dans sa mémoire quasi infaillible. Se souvenant des acrobaties auxquelles elle aimait se livrer et qui agaçaient tant son maitre, elle se releva et fonça directement dans sa direction. Arrivée à seulement quelques centimètres du mur de flammes, elle s'accroupit subitement et prenant appui sur ses jambes se releva d'un bont. Ses longues griffes vinrent se planter dans une poutre massive qui soutenait le linteau de la porte du salon.

Se balançant quelques très courts instants pour prendre son élan, la jeune femme usa de ce dernier pour se projetter au delà du mur de flammes un peu plus près de son cher maitre. Une fois à terre elle se roula sur le tapis, éteignant ainsi les quelques flammèches qui étaient venues lécher la toile de son pantalon et très légèrement brûlé sa peau. La douleur était une expérience nouvelle pour elle qui avait toujours vécu dans le confort relatif de cette prison dorée. Et, à sa plus grande surprise, Neela se montra bien plus résistante qu'elle ne l'aurait cru.

Se précipitant vers le vieux vétérinaire, elle tomba à genoux à ses côtés et le souleva de façon à pouvoir tenir son buste contre elle. Lorsqu'elle vit ce visage aux traits déformés par la douleur Neela sentit toute sa rage et sa peur s'envoler. Les pupilles de ses yeux se contractèrent et bientôt elle était redevenue l'insouciante et tendre jeune femme qu'elle avait toujours été jusqu'à ce soir là. Un mince filet de sang coulait de la commissure de la bouche de l'homme. Celui ci ouvrit les yeux et, voyant la jeune femme, lui dit :

- " Neela...Le temps est bientôt venu pour toi de prendre ton envol et de savourer cette liberté dont tu voulais tant faire l'expérience. "

La voix du vieillard était très faible et Neela dut se pencher pour pouvoir saisir les propos de son maitre. Elle aurait aimé pouvoir dire quelque chose mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle n'était pas du genre locace et , en de pareilles circonstances l'émotion l'étouffait tant qu'elle ne put que rester désespérément muette. Lisant dans les yeux de sa protégée toute sa tristesse mais aussi cette rage qu'il ne connaissait que trop bien, il fit un ultime effort et poursuivit:

-" Nous savions l'un comme l'autre, au vu des derniers évènements, qu'une telle chose finirait par se produire et que tu n'étais plus en sécurité, même auprès de moi... Ne dit rien et écoute moi petite féline... Depuis ta naissance j'ai pris soin de toi et je t'ai élevée comme si tu avais été l'un de ms enfants. Souviens toi bien, une fois que tu seras dehors, de tout ce que je t'ai enseigné. Tu es une jeune femme intelligente et très rusée et je suis certain que tu sauras échapper à ces monstres qui veulent ta mort et ceux des tiens. Mais prends garde Neela : dehors les humains te traqueront car les tiens les effrayent autant que les dégoutent. Tun'auras que peu de répit j'en ai bien peur... Et, s'il te plait, ne laisse pas ton carcatère bouillonnant te perdre : ton impulsivité, ta franchise et ton côté bagarreur risquent de te causer bien plus de tort que de bien ma petite... Et ce, même parmi les tiens. Tu dois apprendre à te modérer et surtout réprimer cette violence que je sais être latente en toi. Ne te sers pas de ma mort pour la laisser éclater ! Et préserve en ton coeur cette candeur et cette innocence que tu t'évertues tellement à vouloir cacher sous des airs rebels et frondeurs. Toi et moi savons ce qu'il en est vraiment... "

Le vieil homme fut subitement pris d'une violente crise de spasmes et Neela sut que la fin était proche.Sentant son coeur s'emplir d'une rage sourde et profonde, elel fit de son mieux pour ne rien en laisser paraître tandis que le vieillard prononçait ses dernières paroles :

-" Laisse moi içi... Tu ne peux plus rien pour moi Neela. L'homme qui est venu içi ce soir et qui a déclenché cet incendie venait pour t'abattre. Et je me suis interposé pour te laisser le temps de fuir. Fais en sorte que ma mort ne reste ps vaine. Fuis Neela ! Fuis vite de cet endroit et ne te retourne pas. Je lis dans tes yeux, et je sais pour te connaître mieux que personne, que la vengeance viendra te tenter mais resistes y. Ton grand coeur et ta bonté ne doivent pas devenir tes faiblesses mais des forces. Uses en pour tenter de faire de ce monde un monde meilleurs où les tiens pourront vivre librement. Ne cède pas à la colère qui finirait, comme les créatures membres de la Thianra y ont cédé, à pervertir ton coeur et ton âme et à faire de toi une sauvageonne meutrière perpétuellement en fuite. Tu n'est pas faite pour tuer Neela, tu es bien trop tendre pour cela. Sauves toi et vas te réfugier loin d'içi, là où personne ne pourra t'atteindre. Les quelques connaissances vétérinaires que tu auras acquises auprès de moi te permettront de panser tes plaies et celles des tiens. Toi qui ne comprenais pas l'intéret de ces leçons que je te forçais à suivre tu dois maintenant en saisir l'importance, non ? Le vieil homme parlait très lentement à présent et chaque mot lui était une véritable souffrance. Cependant il lui restait encore une chose à faire avant de s'endormir pour toujours. Faisant signe à la jeune femme de se baisser, il leva sa main tremblante et la libéra de son collier. Puis il acheva Va Neela ! Maintenant tu es libre... "

Un instant après, la jeune femme pleurait sur le crops sans vie de celui qui avait été son protecteur. Et à ce moment précis, Neela sut qu'elle ne pourrait jamais respecter les dernières volontés de cet homme. Cette nuit là, Neela venait de perdre toute trace de candeur et d'innocence. Son coeur était empli de rage et réclamait vengeance. Dorénavant, et elle le savait, sa vie serait en permanence teintée de violence et de colère. Elle maudit chaque humain et se promit de les faire payer tous pour ce chagrin immense qui la submergeait et faisait si lentement mais si surement, sombrer son âme dans les ténèbres.

Neela déposa un dernier baiser sur le front de son ancien maître et, se moquant bien maintenant du feu qui l'entourait ou de la fumée qui la faisait tousser si fort, se dirigea, l'oeil sombre vers la fenêtre qui donnait sur l'arrière cour. Les flammes qui dansait devant et semblaient ainsi en empêcher l'accès étaient suffisemment basses pour être franchies. Neela sortirait donc par là.

Libre, elle serait bientôt libre. Mais cette liberté n'était qu'illusion. Car Neela venait de s'alliéner à une autre maitresse : la colère dont le second nom ne pouvait être que violence.
Et quoiqu'il lui en coûte, Neela accomplirait cette vengeance qui semblait être devenue, en un instant sa raison de vivre.

Histoire :

La chaleur qui régnait dans la pièce commençait à devenir difficilement supportable et la fumée générée par les flammes lui piquait de plus en plus les yeux. Les flammes dévoraient tout sur leur passage et bientôt elles viendraient étreindre le corps de la jeune femme aussi si celle ci n'y prenait garde. Le temps lui était maintenant compté si elle voulait se sortir de là vivante et pour le moins indemne.

Elle jeta un dernier regard vers le cadavre de son maitre, inspira un bon coup et prenant son courage à deux mains se prépara à sortir. Prenant bien soin de se protéger le visage de ses deux mains, elle courut en direction de la petite fenêtre et, bondissant par dessus les flammes, projetta son corps contre la vitre. Sous le choc, celle ci explosa en des centaines de petits éclats qui retombèrent en pluie sur le corps de Neela lorsque celle ci vint rouler sur le sol pavé de l'arrière cour.

Le souffle court et la mine barbouillée de suie et de cendres, la jeune femme prit un long instant pour humer l'air extérieur qui lui parut d'une fraicheur plus qu'agréable. De quelque part tout près lui parvinrent les cris des sirènes des pompiers qui avaient été appellés pour maitriser l'incendie. Elle entendait aussi les murmures des badauds et voisins qui assistaient, presque fascinés, à la destruction du batiment, se demandant ce que les hommes du feu allaient bien pouvoir trouver à l'intérieur.

"Le cadavre d'une foutue créature" railla l'un d'entre eux.

Lorsqu'elle entendit cela et surtout les rires qui suivirent, Neela sentit sa rage envers les humains grandir un peu plus encore. L'envie de se précipiter vers eux et de leur déchiqueter la gorge l'effleura mais elle y renonça bien vite. Ils étaient en supériorité numérique et elle, de son côté, n'était guère vaillante pour le moment. A moitié nue, légèrement blessée, elle n'aurait pas eu la moindre chance. Aussi, laissant pour l'instant la raison l'emporter, elle se faufila discrètement dans le fond de l'arrière cour et emprunta la porte dérobée qui menait à la rue. Une fois là, elle se tapie dans l'ombre, évitant soigneusement tous les lampadaires et ne put résister à la tentation de chercher parmi cette foule compacte, le visage de celui qui était responsable de tout cela. Elle ne connaissait pas ses traits et elle n'avait aucune chance de le retrouver ainsi ce soir là. Mais, alors qu'elle s'éloignait rapidement des lieux, elle sut qu'un jour ou l'autre l'heure viendrait pour elle de partir en chasse de ce sinistre individu et de le tuer. Celui ci ne lui avait peut être pas laissé de photo mais il avait laissé bien mieux... son odeur. Ce parfum âcre et trop chargé qu'elle avait senti sur le corps de son maître et qui lui avait causé des hauts le coeur. Jamais elle ne pourrait oublier une telle odeur... Jamais.

Cette nuit là, la première de sa nouvelle existence de créature libre, Neela la passa enfermée dans le petit cabinet vétérinaire que possédait son ancien maitre, de l'autre côté de la berge. Elle savait pertinemment que tôt ou tard on viendrait l'y chercher mais elle espérait que la maitrise de l'incendie et l'inspection des décombres à la recherche de son corps lui laisserait assez de temps. Du temps pour panser ses plaies, et du temps aussi pour se reposer. Les évènements de la nuit l'avaient bien plus épuisée qu'elle ne l'aurait pensé et, à peine, avait elle eut le temps de nettoyer et de panser sommairement ses plaies, que Neela plongea dans un profond sommeil.
Mais loin d'être reposante, sa nuit fut des plus agitées. Comme dans un semi cauchemard Neela assista, impuissante, à une bien étrange projection où le film n'était autre que celui de sa Vie.

Neela était, comme certaines autres créatures, née en captivité. Ses parents, deux créatures aux gènes de Puma étaient la propriété d'un riche homme d'affaires parisien. Celui ci se vantait auprès de qui voulait l'entendre qu'il possédait, à n'en pas douter, les deux plus beaux spécimens du genre. Et il se réjouissait de cette naissance qu'il attendait avec la plus grande impatience. Pourtant, quelle ne fut pas sa déception lorsque, enfin, Neela naquit. Loin de ressembler à ses parents, l'enfant ne possédait ni leurs oreilles de félin, ni leur longue queue souple et encore moins le doux pelage gris bleu... D'accord sa peau d'une pâleur qui fut jugée presque mortuaire, se rapprochait légèrement du pelage de ses parents mais c'était bien tout ! Elle ne possédait rien, hormis ces yeux jaunes cerclés de noir, qui puissent faire d'elle une créature de choix comme ses parents.

Furieux, l'homme arrache la petite aux bras de sa mère, et ne voulant pas s'encombrer d'une créature à l'aspect aussi humain amena celle ci à son vétérinaire. Le Dr Frederic de Saint Hilliers comprit, au moment même où le bonhomme franchissait sa porte en tenant à bout de bras le bébé, quelle serait la nature de sa requête. Aussi est ce sans la moindre surprise qu'il écouta celui ci lui annoncer froidement :

- " Débarassez moi de cela docteur ! Que voulez vous que je fasse de cette "chose braillarde qui ne ressemble à rien ? Pas de pelage ni d'autres attributs félins... Rien qu'une affreuse créature dénuée de toute beauté et donc de toute valeur ! Tuez la ! "

Le vétérinaire avait sourit poliment et avait répondu qu'il en serait donc fait selon ses désirs. Mais aussitôt que l'homme eut franchit la porte de son cabinet, l'homme s'était approché du petit paquet et en avait sorti le petit bébé qui grelottait autant de faim que de froid. Là où l'autre n'avait vu que laideur lui y vit de la beauté et son coeur se prit immédiatement d'affection pour ce petit être qui le regardait avec ses grands yeux jaunes et qui lui souriait. Arrachée trop tôt àux bons soins de sa mère la petite, qu'il décida presque instinctivement de nommer Neela, pleurait et s'agitait, réclamant à manger. Frederic, ému, ne put lui faire l'injection fatale qui lui avait été demandée. Consscient des risques qu'il encourait à braver ainsi les ordres d'un homme aussi influent, il décida néanmoins de prendre soin de l'enfant et de l'élever de son mieux.

La situation actuelle le poussait bien trop souvent à déroger à ses principes aussi bien d'homme que de vétérinaire et Frederic de Saint Hilliers ne supportait plus cela. Il avait choisi ce métier par amour des animaux et dans le but de les soigner. Mais maintenant on exigeait de lui qu'il mette à mort de pauvres créatures innocentes pour la plupart et qui ne devaient leur existence qu'à la folie des hommes eux mêmes. Et ce petit bébé à qui il était en train avec douceur et tendresse, de donner le biberon, lui rappella ce pourquoi il avait embrassé cette profession. Lorsqu'il vit le visage si doux de cet enfant lui sourire , Frederic sut qu'il venait de prendre la bonne décision : Neela resterait dorénavant avec lui.

C'est ainsi que la jeune femme d'aujourd'hui avait fait son entrée dans la vie du vétérinaire. Les années passèrent lentement et Neela grandit dans cette douce captivité. A l'époque elle s'en contentait et ne s'en plaignait jamais, ne connaissant rien d'autre et ignorant tout de ce que le monde extérieur était. En effet, son maître refusait de prendre le moindre risque et il ne laissait guère sortir la jeune femme que dans la cour. Pensant que c'était pour son bien, il tentait à sa façon de la protéger, lui cachant volontairement ce que sa nature de créature faisait d'elle aux yeux des autres.

Aussi, pendant de longues années, Neela ignora t'elle la haine et le mépris dont les siens étaient victimes. Et même son statut de bête captive ne la faisait pas souffir, ignorant ce que la liberté voulait dire et surtout ayant la chance de vivr auprès d'un maitre aimant qui la choyait et l'éduquait comme si elle avait été humaine. Il lui appris patiemment à lire, à écrire ainsi qu'à compter. Puis, lorsqu'elle fut en âge de comprendre, il lui inculqua quelques rudiments en matière d'art et de littérature. Si la petite fille se révélait être plutôt douée il n'en restait pas moins que tout cela semblait prodigieusement l'ennuyer. Et elle comptait les heures la séparant du moment où son Maitre lui permettrait enfin de pouvoir sortir s'amuser dans la cour. Dans ces moments là, Neela était la plus heureuse des créatures, bondissant un peu partout et développant ainsi son agilité et sa musculature.

Mais virent les années sombres et en 2323, alors que Neela venait de fêter ses quatorze ans, la Thianra fut déclarée officiellement comme étant une menace. Les créatures encore libres se virent traquer et les autres recensées. Ce fut à cette époque où, contraint et forcé, Frederic dut mettre son collier à sa jeune protégée. Cette fois il n'avait plus le choix. Refuser de le lui mettre aurait été trop dangereux : Neela aurait pu être considérée comme une bête fugitive et malgré son jeune âge abattue. Ce fut à cette époque aussi que la petite commença à assaillir son maitre de questions. Elle ne comprenait pas l'utilité de ce collier qui la gênait dans ses jeux et elle ne cessait de le harceler de questions. Et bientôt, Frederic n'eut d'autres choix que de lui répondre.

Neela se souvenait avec force détails et précisions ce jour où son maitre l'avait emmené pour la première fois dans la rue pour la conduire à son cabinet. Elle se souvenait de tous ces regards qui s'étaient posés sur elle et notemment sur ce maudit collier qui ne la quittait plus. elle avait entendu ces murmures sur leur passage et, ne comprennant pas l'hostilité de certains humains envers elle, avait demandé des explications. C'est là qu'elle avait appris aussi bien la cause de sa différence que les conséquences que sa nature de créature impliquait. Frederic lui conta tout, depuis la création des premières créatures, jusqu'à la terreur que la création de la Thianra avait sucité chez certains humains. Neela écoutait avec attention, souffrant de découvrir si soudainement qu'elle n'était qu'une créature issue d'une maudite expérience génétique et que son avenir se résumait en gros à être captive ou à périr. Elle se souvenait aussi de cette rage qui s'était emparée d'elle lorsque lui avaient été révélées les causes de son arrivée chez Frederic.

Ce jour là, Neela sut que son existence ne serait plus jamais la même. Elle qui ne nourissait aucune animosité envers les humains se mit à penser à eux avec méfiance et même hargne et n'eut elle été si proche de son maître qu'elle se serait déjà laissée emporter par la colère et la rage. Mais, par amour pour celui qui avait si bien su la protéger jusque là, elle étouffa toute colère et prit son parti de la situation. Après tout, malgré sa captivité elle était loin d'être malheureuse. Son maître était très bon envers elle et jamais il ne lui fit sentir qu'elle n'était qu'une "créature". Auprès de lui, et malgré l'insidieuse envie de liberté qu'elle sentait grandir en elle, Neela passa encore quelques joyeuses années.

Mais, presque un an avant que l'incendie ne survienne, les choses semblaient déjà avoir profondément changées. Neela faisait toujours autant preuve de dévouement et d'une loyauté sans failles envers Frederic mais celui ci avait noté que la nature féline de sa protégée se faisait de plus en plus sentir. Neela était devenue une ravissante jeune femme au charme aussi mystérieux qu'envoutant, mais malgré son apparence presque totalement humaine, il sentait le fauve sur le point de s'éveiller. Ses griffes d'ailleurs avaient poussées elles aussi et Neela prenait un malin plaisir à les utiliser pour grimper aux quelques arbres que comportait la cour ou pour chasser d'innocents petites bêtes telles que les écureuils qui avaient le malheur de croiser son chemin. Alors qu'elle prenait cela comme un jeu somme toute bien innocent, lui voyait se profiler la prédatrice qu'elle était sur le point de devenir. Et le coeur du bon docteur Saint Hilliers se serrait alors, devinant que bientôt, sa petite protégée lui échapperait pour s'en aller rejoindre les siens et un destin qu'il savait ne pas être des plus calmes. La Vie devait bientôt lui donner raison...

Ce fut quelques semaines seulement avant l'incendie que tout se décida et que Neela, sans même le savoir scella leur avenir. Nous étions fin juillet 2328 et ce jour là Frederic avait emmenée Neela avec lui dans son cabinet. La présence de la jeune créature chez lui était dorénavant connue de tous, et bien que Neela se forca à se montrer sage et disciplinée, nombreux étaient ceux qui rêvaient de se débarasser de cette bien encombrante voisine. Un vent meurtrier soufflait sur Paris cette année là et plus que jamais, les créatures étaient menacées. Plusieurs d'entre elles avaient été mises à mort par leurs maitres humains qui craignaient trop la vindique de leurs frères de race. D'autres, avaient refusé de se séparer de leurs serviteurs mais se montraient plus durs que jamais envers eux. D'autres, rares cependant, réellement attachés à leurs compagnons semi félins tout comme l'était le vieux vétérinaire, tentaient de leurs mieux de les protéger. Mais une attitude aussi laxiste était assez mal perçue et, fort curieusement, ces humains là et leurs pauvres créatures avaient tous ou presque trouvé la mort dans des incendies.

Frederic lui même ne se sentait guère à son aise comme s'il eut senti que bientôt son tour viendrait aussi. Préférant ne pas courir le moindre risque il avait donc emmené Neela qui dormait paisiblement, lovée dans un grand fauteuil club tandis que lui faisait ses consultations. Il venait d'ailleurs de raccompagner l'une de ses clientes et sa créature aux gênes de lion lorsque la porte s'ouvrit à nouveau brutalement. Dans l'encadrement de cette dernière, le vieux médecin vit se dessiner une haute silhouette et subitement il se mit à blêmir.

L'homme entra et, sans même prêter la moindre attention au vétérinaire, il se dirigea tout de suite vers le fauteuil où reposait la jeune femme. Celle ci, peut être réveillée par l'entrée si bruyante du visiteur ou avertie par son instinct de félin, s'éveilla aussitôt et les sens en éveil plonga son regard dans celui de l'homme. Les prunelles sombres de celui ci se mirent à briller de rage et il leva une main rageuse vers la jeune femme, paraissant prêt à la battre. Aussitôt celle ci fut sur ses pieds et, toutes griffes dehors, se préparait à l'attaque. Etrange comme, ajourd'hui encore, Neela se souvenait de ce qu'elle avait ressenti alors. Elle se souvenait d'avoir détaillé de haut en bas cet homme de belle prestance, à la mine suffisante et qui semblait tant vouloir la battre. Ce visage... Bien qu'elle ne parvint pas à savoir pourquoi, Neela avait tout de suite su qu'elle le connaissait. Et plus que jamais son instinct la prévenait d'un grand danger.

L'homme maintenanit toujours sa main en l'air, prête à s'abattre. Il jeta un regard sombre sur la jeune femme puis, un rictus venant déformer sa bouche mince, il abaissa la main. Sans même quitter la créature des yeux il prit la parole :

- " C'était donc vrai... Tu es vivante... Je ne pouvais croire ces folles rumeurs qui m'avaient été rapportées et qui prétendaient que ce "bon" Docteur de Saint Hilliers avait chez lui, depuis plus de dix huit ans maintenant une petite créature puma... Je me devais de venir vérifier cela moi même : ces temps ci les gens semblant prêts à répandre tant de calomnies. Et pourtant... Pourtant tu es là devant moi et visiblement terriblement en vie.

- Monsieur Vanterbergh... tenta maladroitement de s'interposer le vétérinaire mais en vain. L'homme leva vers lui un doigt accusateur et persiffla :

- Silence ! Je ne veux pas vous entendre... Lorsque je suis venu vous voir, il y a de cela presque dix neuf ans, c'était en toute confiance. Et si mes souvenirs sont bons, et il le sont croyez moi, vous aviez promis de mettre un terme à cette chose ! dit il en reportant son regard sur Neela. Mais il semble évident que vous n'en avez rien fait... Pauvre fou... Cela vous coutera très cher, faites moi confiance ! "

Silencieuse depuis le début de cette conversation, Neela comprit ce que les propos de cet odieux personnage laissaient si bien sous entendre. Cet homme était celui dont Frederic lui avait tant parlé, ce monstre qui avait voulu la tuer lorsqu'elle n'était qu'un bébé sans défenses mais qui était si lâche qu'il avait préféré s'en remettre au vétérinaire. Neela se mit à grogner , à feuler presque, ses pupilles se rétractèrent jusqu'à n'être plus que des fentes. Chacun des muscles de son corps était bandé et Frederic vit qu'elle s'apprêtait à bondir. Il voulut crier pour l'en empêcher, faire un geste pour l'arrêter mais il était déjà trop tard. Neela avait bondi sur le fier monsieur Vanterbergh et l'avait projeté sur le sol. Aussi souple que le puma elle était à présent accroupie sur lui et ses griffes posées sur sa gorge semblaient prêtes à la lui déchiqueter.

L'homme , pétrifié par la peur, ne bougeait plus. Neela était sur le point de l'achever, la rage au fond des yeux, lorsque Frederic la saisit à bras le corps et la tira en arrière. Celle ci se débattit de plus belle, hurlant de la laisser faire, frôlant l'hystérie. Mais Frederic tint bon et ne relâcha pas son étreinte. Il savait que malgré toute sa fureur, et son envie quasi irrépressible de massacrer celui qui avait failli être son maitre, Neela ne le blesserait jamais lui. Vanterbergh, lui, reprenait peu à peu son souffle. Se relevant, les jambes encore un peu tremblantes, il jeta un regard noir à Neela.

- " Sortez de mon cabinet ! Sortez ! " lui intima fermement Frederic sachant qu'il ne pourrait retenir très longtemps encore la jeune féline.

- " Je sors docteur... Je sors et vous laisse avec votre si précieuse erreur de la Nature. Mais je vous promets que nous nous reverrons et ce jour là, je te tuerais ! " lâcha t'il, plein de morve, à l'intention de Neela.

Celle ci se mit à ruer de plus belle et alors que l'homme était sur le point de franchir la porte du cabinet elle se mit à lui hurler :

- " Vous pouvez toujours essayer ! C'est moi qui vous tuerais ! Je vous tuerais et je libérerais mes parents de votre joug espèce de pourriture ! "

Le rire cruel de l'homme se fit entendre. Sans même prendre la peine de lui jeter un dernier regard il sortit enfin et laissa tomber ces terribles mots :

- " Tes parents ? Inutile de te soucier de leur sort je m'en suis occuppé depuis longtemps. Tes parents sont morts petite... "

Puis il repartit comme si de rien n'était, laissant la jeune femme seule avec sa rage et sa tristesse. Aujourd'hui, Neela regrettait de s'être ainsi emportée... Peut être que si elle ne l'avait pas fait, rien de tout cela ne serait arrivé ! Peut être que Frederic aurait mieux fait de la laisser mourir ! S'il l'avait fait il serait encore en vie à l'heure actuelle et Neela, elle, ne serait pas devenue une fugitive. En fait, la jeune femme se sentait totalement responsable de la mort de son maitre adoré et cela la rendait d'une infinie tristesse.

S'éveillant en larmes de ce semi sommeil, elle se lova en boule dans un coin et se laissa aller. Ses pleurs semblaient ne jamais pouvoir se tarir et Neela, complétement perdue, ne savait plus que faire. Devait elle attendre qu'on vienne la chercher et se laisser capturer ou même abattre ou devait elle laisser sa rage et sa rancoeur exploser et s'enfuir ?

Se laisser ainsi mourir eut été une insulte à tout ce que Frederic avait fait pour elle et elle s'y refusa. Le vieil homme ne serait pas mort pour rien, elle s'en fit le serment. Et même si elle devait user de cette liberté si chèrement acquise pour semer la mort et ainsi trahir la mémoire du seul humain à avoir jamais su toucher son coeur et bien elle le ferait ! Frederic était un homme bon et il ne méritait pas de mourir ainsi ! Non ! Cela ne pouvait rester impuni...

La décision de la jeune féline était enfin prise. Attrappant un sac qui se trouvait là, elle le remplit de tout ce qu'elle pouvait (médicaments, pansements, matériel chirurgical) et fila dans le petit bureau du vétérinaire. Là, elle ouvrit le petit coffre qui se trouvait dissimulé derrière un tableau et prit tout l'argent que celui contenait. Cela était peu mais suffirait amplement dans un premier temps. Avec, elle pourrait organiser sa fuite. Alors qu'elle jetait un dernier regard empli de nostalgie vers le cabinet, Neela sut ce qu'il lui restait à faire.

Plus d'une fois Frederic lui avait parlé de ces créatures rebelles qui s'étaient organisées et avaient créé un petit groupuscule que l'on nommait La Thianra. Elle ne savait encore très peu de choses d'eux mais elle sentait que sa place était auprès de ces êtres. Quelle que soit leur cause, Neela sentait qu'ils partageaient au moins une chose : la haine des humains et la volonté farouche de leur nuir...

Talent(s) particulier(s) :
Grâce à son ancien maitre, Neela possède quelques notions médicales qui se révèlent bien utiles.

Propriétaire :
Jusqu'à ses dix neuf ans, Neela appartenait au Dr Frederic de Saint Hilliers

Style de combat :
Lors d'un combat, Neela se comporte bien plus comme un félin que comme un humain. Si elle a aapris à se servir des armes à feu qu'elle n'apprécient que peu malgré leur utilité, elle préfère le combat à mains nes.

Autres :
Les deux dernières années de sa vie sont enveloppées d'un voile de mystère. La seule chose que j'ajouterai c'est que celles ci l'ont rendue plus haineuse que jamais envers les humains et plus fidèle que jamais aux principes de la Thianra.

Comment avez-vous connu Lost Soul?
Par Hollow Dream ! Wink

Cette fois je valide ! Je m'y perd avec les fiches en construction. A croire que les gens pensent que le forum est un bloc note groumph

Bref, encore une fois très belle histoire, très triste et mélancolique. J'aime bien ce personnage, on va bien s'entendre.

Ta fiche est validée.

Désolée pour le petit côté "Bloc Note"...
Voilà ce que c'est d'écrire à l'instinct... Embarassed

Et encore merci pour la validation de ma fiche...
Et ravie d'apprendre que nous nous entendrons bien... Very Happy

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