Enfin un chez-soi

Jeena, après avoir découvert les nombreuses rues et activités de la grande capitale, arriva enfin en vue des habitations. Elle chercha le numéro de la maison qui serait la sienne. Elle s'arrêta devant une petite demeure tranquille avec un grand jardin. Un large sourire étira ses traits.

"Waw ! C'est ma maison à moi !"

Elle poussa la porte de chêne et pénétra dans la maison. A l'intérieur, elle déposa ses lourdes valises dans le couloir et fit le tour des pièces, certes peu nombreuses mais très jolies.

Algol pénétra dans l'habitation à la suite de l'humaine et déposa à côté des autres l'énorme valise qu'il traînait. Ce fut avec une légère contrariété qu'il passa une main dans ses cheveux trempés: il n'aimait pas plus l'eau que la plupart des autres félins, et contrairement à la veste de Jeena, son costume ne comportait pas de capuchon qu'il aurait pu rabattre lorsqu'il s'était mis à pleuvoir. Ses yeux s'attardèrent sur l'ensemble des bagages et il s'accorda un petit rire.

"Pourquoi, quelle que soit l'espèce, les femmes doivent-elles toujours emporter la moitié de leur maison dans leurs valises?"

Mais la jeune humaine était trop absorbée dans la visite de son nouveau chez-soi pour prêter attention à la plaisanterie d'Algol. Celui-ci croisa les bras dans son dos et laissa son regard se promener autour de lui. Ils n'avaient pas beaucoup discuté en chemin, histoire de ne pas trop attirer l'attention. En fait, c'était tout juste si Algol avait réussi à apprendre le prénom de Jeena au cours du trajet.

Le félin remarqua une porte entrouverte sur sa gauche. Il s'approcha pour pousser le battant et ce qu'il découvrit le fit sourire: une grande bibliothèque occupait un mur entier du salon. Les livres semblaient lui tendre les bras, mais Algol préféra rester poliment dans le hall en attendant le retour de la maîtresse de maison.

Jeena se retourna et regarda par-dessus l'épaule d'Algol pour voir la grande bibliothèque.

"Vous aimez lire ?"

Ses yeux brillaient comme à chaque fois qu'elle parlait de lecture. Malheureusement, là où elle vivait avant, la majorité des habitants étaient analphabètes et il lui était très rare de pouvoir discuter des sujets qui la passionaient.

"J'adore lire."

Il fit quelques pas en arrière pour essuyer soigneusement ses bottes de cuir souple sur le paillasson, puis il s'engagea dans le salon après avoir vérifié qu'il ne laissait pas de traces boueuses derrière-lui. Il longea la bibliothèque avec un sourire rêveur, et ses doigts délicats passaient sur les tranches des ouvrages plus ou moins récents avec un amour évident.

"J'avais un peu moins de seize ans lorsqu'on m'a appris à lire. J'ai beaucoup de retard à rattraper."

Sa main passa sur une rangée dédiée à une même collection et son sourire se teinta de tristesse. Les oeuvres intégrales d'Alfred de Musset. C'était l'auteur favori d'Ophélie. La poitrine d'Algol se serra et il préféra se détourner des livres pour revenir à Jeena.

"Avez-vous une préférence, mademoiselle Gregor?"

Jeena entra à la suite d'Algol et le regarda en souriant, il ressemblait à un enfant qui redécouvrait Noël. La jeune femme chercha parmi les ouvrages et ressortit un livre à la reliure usée.

"Le portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde. Je le considère comme l'un des meilleurs ouvrages jamais écrits."

Algol prit un air faussement embarassé:

"Eh bien celui-ci manque à ma culture. Crime sans précédent, je vous l'accorde. Je l'emprunterai à la bibliothèque dès que j'en aurai l'occasion, je vous le promets."

Il hésita une seconde avant d'ajouter:

"Vous savez, quand je dis "emprunter"... je devrais plutôt employer le verbe "voler". Les créatures ne sont pas censées savoir lire, elles ne sont donc pas admises dans les bibliothèques. Pas plus que les chiens."

Sa voix s'était faite grinçante sur la fin de sa phrase et il remarqua que ses griffes pointaient légèrement hors du dos de sa main. Il soupira et se força à se détendre. Son regard alla se perdre à travers la fenêtre, loin derrière les vitres dégoulinantes de pluie.

"Je suis navré de vous demander cela, mais est-ce que je pourrais attendre ici que l'averse se calme? Je n'aime pas être mouillé."

Jeena ouvrit grand les yeux et fit un large sourire.

"Vous savez, vous n'avez pas besoin d'aller 'emprunter' à la bibliothèque. Je peux très bien vous le prêter..."

Elle lui tendit l'ouvrage en inclinant légèrement la tête.

"Et bien entendu, ma maison sera votre refuge le temps que vous le souhaiterez... tout du moins, si vous me promettez de ne plus me vouvoyer !"

Algol accepta l'ouvrage avec un signe de tête reconnaissant.

"Comme vous... comme tu veux. Mais je ne veux plus de "vous" non plus, dans ce cas. Je vais laisser ce beau livre sur son étagère jusqu'à ce que je m'en aille, ce serait bête de le laisser traîner."

Il reposa le roman et se retourna pour examiner la cheminée.

"Il ne fait pas chaud ici. Et nous ne sommes pas tous croisé avec une bête qui vit dans la montagne..."

Mais il y avait du bois près du foyer. Algol ne mit pas longtemps à dénicher une boîte d'allumettes et quelques minutes plus tard, des flammes imposantes ronronnaient dans l'âtre. Jeena achevait de vérifier que tous ses livres étaient bien dans la bibliothèque. Algol, assis dans l'un des fauteuils, l'examinait avec intérêt. Il la trouvait charmante, comme toutes les personnes qui se passionnaient pour quelque chose.

"Et si tu m'en disais un peu plus sur toi? Je ne sais même pas d'où tu viens. Oh, si ça ne te dérange pas de m'en parler, bien sûr."

Jeena était en train de remettre à la bonne place un roman de Rousseau lorsqu'elle entendit la question d'Algol. Elle remit ses lunettes correctement en place sur son nez et se rapprocha du feu. Avec une élégance qu'elle n'avait pas forcément cherchée, la jeune femme s'assit auprès du feu et se tourna vers la Créature.
Seulement à cet instant, elle répondit à la question.

"Je ne pense pas avoir eu une vie très passionante. Je suis née dans une petite ferme à la campagne. Je n'ai que très peu de souvenirs de mon père. Quant à ma mère, elle s'est très peu occupée de moi..."

Elle marqua une courte pause et fit la moue.

"A vrai dire, c'est plutôt moi qui devais m'occuper d'elle. Enfin, surtout quand elle est tombée malade..."

Jeena se sentit partir dans des digressions et elle secoua la tête pour remettre ses souvenirs en place.

"C'est l'un de mes voisins, avec l'aide de ma mère, qui m'a appris à lire et à écrire. Le reste, je l'ai appris de moi-même dans les livres..."

Algol avait froncé les sourcils en entendant Jeena parler de la maladie de sa mère. Il ouvrit la bouche pour lui demander plus de détails, mais il préféra finalement s'abstenir: il n'avait pas à se mêler de ce qu'elle ne lui disait pas spontanément.

"Et pourquoi est-ce que tu es montée à Paris?"

Il se doutait que la mère de la jeune fille n'avait pas guéri, mais il n'avait pas à le dire à voix haute. Il baissa les yeux sur son poing droit et remarqua que ses doigts s'étaient accrochés à l'accoudoir sans qu'il s'en rende compte. Il réalisa alors qu'il avait entamé un jeu dangereux: Jeena allait forcément lui poser des questions sur son propre passé, et il n'était pas sûr de savoir y répondre...

Jeena ne remarqua pas le trouble d'Algol. Elle continuait de fixer l'âtre dans lequel les longues langues de feu léchait le haut de la cheminée.

"Je ne sais pas vraiment... Je n'habitais pas très loin et j'avais lu tellement de livres élogieux sur cette ville ! Forcément j'avais envie de venir voir de mes propres yeux."

Son ton baissa et elle lâcha un soupir.

"Je ne m'imaginais pas qu'elle puisse ressembler à ça... Evidemment, je ne parle pas du côté architectural, c'est une très belle ville. Seulement..."

Elle n'osa pas finir sa phrase. Elle leva les yeux sur la Créature.

Algol hocha la tête d'un air entendu.

"Tu ne t'attendais pas à trouver des créatures traitées comme des esclaves."

Il se pencha en avant jusqu'à pouvoir poser ses bras sur ses cuisses et laisser pendre ses mains entre ses genoux. Il avait l'air presque humain avec cette attitude, un jeune homme à peine plus fin et racé que la moyenne, un statut démenti seulement par ses iris auxquels le feu donnait une couleur orange du plus bel effet.

"Mais ne te méprends pas, Jeena: contrairement à la plupart de mes compagnons libres, je ne pense pas que les humains soient tous mauvais. Certains sont dignes d'estime, et la plupart ne sont pas des ennemis, à défaut d'être des amis. Je suis un modéré parmis les extrémistes, en quelque sorte."

Son expression s'assombrit et il ajouta:

"Mais il y a un certain nombre de traits de caractère des humains que je ne supporte pas. Ceux qui les conduisent à la bêtise, à la violence gratuite, au sadisme pur et simple... Ce sont ces émotions qui détruisent le potentiel pourtant énorme de ton espèce, et c'est pour les annihiler que je combats les humains."

Il allait ajouter qu'il avait déjà tué pour cela, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge. Non pas qu'il ait eu honte des meurtres qu'il avait commis pour ses idées: il en aurait volontiers parlé à Jeena, quitte à déclencher chez elle un dégoût tout naturel. Mais Ophélie... et quelques autres qui n'avaient rien fait... Algol se renfonça dans son fauteuil et préféra détourner le regard vers la pluie qui coulait sur les vitres.

"Excuse-moi Jeena, je... je ne voulais pas me montrer méchant avec tes semblables. Mais ils m'ont apporté un certain lot de malheurs dont je me serais bien passé."

*Comme si je n'étais pas moi-même l'artisan de mon propre malheur...*

Jeena sentit sa gorge se serrer. Elle était désemparée par le malheur qui émanait des paroles d'Algol. Le pire était qu'elle ne pouvait rien faire. Elle ne pouvait pas sortir et se mettre à hurler 'Tout le monde doit être gentil !', 'Aimez-vous les uns les autres !'. Elle en avait terriblement envie mais elle savait pertinemment que personne n'écouterait une petite provinciale tout juste débarquée de sa ferme.

"Je suis désolée pour tous les maux que les humains infligent aux Créatures. Malheureusement, je n'ai pas le pouvoir de changer les choses..."

*J'ignore même ce que pense les autres êtres-humains.*

Algol se leva pour aller s'asseoir aux côtés de Jeena, près du feu. Ainsi il pouvait lui parler en la regardant dans les yeux, plus en la toisant du haut de son fauteuil.

"Les créatures ne sont pas des anges non plus, tu sais. Ce serait trop facile. Même si je pense personnellement que c'est à cause de l'influence néfaste des humains, la quasi-totalité des membres de la Thianra (c'est le nom du mouvement des créatures libres) ont déjà tué des humains, et beaucoup l'ont fait gratuitement."

Et voilà, il avait rebasculé sur cet aspect de la conversation... Oh, tant pis! Autant crever l'abscès...

"Moi aussi j'ai du sang sur les mains. Beaucoup plus que je ne voudrais en avoir."

Presque malgré elle, Jeena serra les poings en entendant parler de morts. Elle détestait la violence, c'était sûrement la chose la plus détestable qu'il existait sur cette terre. Elle n'osa pas croiser le regard d'Algol, de peur, sans doute, que ses sentiments ne soient trop visibles.
Pour éviter de s'emporter dans un sujet qui l'ennuyerait et qui serait inévitablement sujet à des larmes de la part de la jeune humaine, elle choisit de changer de voie de discussion.

"La Thianra, dis-tu ? En quoi cela consiste-t-il rééllement ?"

*Exclusivement à exterminer les humains ? Alors je suis déjà perdue...*

La jeune femme détourna fort opportunément le regard, mais Algol remarqua tout de même que ses poings s'étaient serrés. Il soupira: c'était prévu d'avance.

"La Thianra est une association non reconnue des humains qui recueille les créatures libres. Il ne faut pas croire que nous ne sommes qu'une bande de fauves assoiffés de sang: en fait, très peu d'entre nous se consacrent au combat physique contre les humains, la plupart observent, étudient... en attendant le jour où ils seront en mesure d'assumer leur liberté au grand jour."

Algol ne dit rien des convictions sanglantes de Noah, son interlocutrice semblait déjà assez secouée comme ça. Il se pencha vers Jeena pour essayer d'accrocher son regard:

"Est-ce que tu me crois quand je te dis que je suis ton ami, au moins?"

Lentement, il approcha une main de celle de Jeena, ne serait-ce que pour lui montrer qu'il ne lui voulait aucun mal...

Jeena aurait bien voulu croire les paroles d'Algol. Il était si gentil avec elle. Cependant, elle se rappela de la rencontre avec l'humaine sous la Tour Eiffel et cela lui suffit à insinuer le doute dans son esprit. Elle inclina la tête et croisa le regard de la Créature. C'était un regard doux et sans une ombre de mal. Elle esquissa un sourire teinté de fatigue et hocha la tête.

"Bien sûr que je te crois. Tu es la seule personne qui me porte un intérêt dans cette ville et je t'en suis reconnaissante."

Les lèvres d'Agol dessinèrent un sourire agréable qui ne découvrait pas ses crocs. Il attrapa la main de Jeena et la serra brièvement, juste assez fort pour appuyer sa phrase:

"Ca me fait plaisir que tu me fasses confiance."

Puis il lâcha l'humaine et se releva pour jeter un coup d'oeil dehors.

"La pluie semble se calmer un peu, je crois que je ne vais pas te déranger plus longtemps. Tu n'as vraiment personne qui te connaît dans cette ville?"

Jeena lui rendit son sourire sans rien ajouter de plus. Lorsqu'Algol se leva, elle fit de même et regarda par la fenêtre. En effet, les nuages persistaient mais la pluie s'était arrêtée. Pour répondre à sa question, elle hocha négativement la tête.

"Je suis la seule de toute ma famille a avoir jamais mis les pieds dans cette ville. Et en un jour, je n'ai pas encore eu l'occasion de faire beaucoup de connaissances..."

Elle s'approcha de la fenêtre tout en regardant la Créature.

"Alors tu n'as vraiment personne pour t'aider en cas de besoin..."

Algol sembla réfléchir quelques secondes, avant de s'approcher du petit bureau qui jouxtait la bibliothèque. Il saisit un stylo sur une des étagères et dénicha un morceau de papier sous un carton de fournitures encore emballées. Il griffonna une suite de chiffres de la main gauche et tendit le papier à Jeena:

"Si un jour tu as un problème que ni la police, ni les Arnaiths ne peuvent t'aider à résoudre, téléphone à ce numéro et donne ton nom à la standardiste. Elle saura comment me prévenir. Mais fais attention: cette ligne téléphonique pourrait permettre à certains de remonter jusqu'à notre repaire, tu ne dois sous aucun prétexte égarer ce papier ou le montrer à qui que ce soit d'autre."

Son regard miel fixait celui de la jeune femme pour bien montrer qu'il ne plaisantait pas. En fait, il était en train de violer toutes les conventions anti-humaines de la Thianra. Mais au diable les règles: il était sous-chef, il assumait. Jeena le considérait presque comme un ami, et il se ferait un devoir de se comporter comme tel.

Jeena fronça les sourcils en regardant Algol chercher un stylo puis un bout de papier. Il aurait été plus facile de lui demander... Elle ne chercha pas d'explication et écouta attentivement toutes les recommandations qu'il faisait au sujet du numéro qu'il lui donnait. A chacune de ses phrases, la jeune femme répondait en hochant la tête d'un air grave. Jamais il ne lui serait venu à l'esprit qu'elle puisse courir un quelconque danger lors de son arrivée à Paris. Malheureusement, elle avait vite appris que ce qu'elle pensait était erroné. Une fois le bout de papier en main, elle lut les chiffres puis releva la tête.

"Tu n'as pas à t'inquiéter, personne ne trouvera ce numéro... En plus, je ne vois pas qui pourrait s'intéresser à ma pauvre personne !"

Elle avait lancé cette dernière phrase sur le ton de la plaisanterie, pour détendre l'atomosphère qui s'était lentement dégradée depuis l'arrêt de la pluie à l'extérieur.

Algol eut un de ses rares éclats de rire, un son étrange qui ne semblait par issu de sa gorge.

"Bien sûr que si, on va s'intéresser à toi, c'est même déjà le cas. A moins que tu ne considères mon intérêt comme dépourvu de toute valeur..."

Il croisa les bras d'un air faussement vexé et détourna le regard avec superbe. Cela ne lui arrivait pas souvent de plaisanter: entre les humains qui convoitaient sa tête et les créatures auxquelles il devait imposer un minimum de respect, il n'avait pas beaucoup de temps de récréation...

"Tiens, je n'y avais même pas pensé: qu'est-ce que tu vas faire pour gagner ta vie, ici?"

Ce n'était même pas une manoeuvre pour montrer à Jeena qu'il s'intéressait à elle, Algol était juste intrigué.

Le rire d'Algol était communicatif et Jeena l'accompagna dans sa plaisanterie.

"Tu me portes un quelconque intérêt ? Contente de le savoir, je n'en avais pas l'impression !"

Elle lui fit un clin d'oeil pour montrer qu'elle plaisantait. La jeune femme reprit son sérieux lorsqu'il lui parla de ce qu'elle avait faire. Elle croisa les bras en réfléchissant. Depuis son arrivée, elle n'avais pas pris le temps de penser au travail qu'elle devrait exercer pour payer son loyer et sa nourriture.

"Je n'en ai aucune idée... A vrai dire, je n'y avais même pas songé. Je n'ai jamais véritablement travaillé pour gagner ma vie."

Quel employeur voudrait d'une incapable qui ne pense qu'à lire et à rêvasser à longueur de journée ? Elle haussa les épaules. Ce n'était pas le moment de parler de ça, elle aurait tout le loisir plus tard. Après tout, elle avait une réserve d'argent suffisante pour quelques mois.

[pardon pour le retard, je crois bien t'avoir complètement oubliée... vraiment désolé... ^^"]

Pensif, le regard d'Algol se posa sur la collection de livres que possédait Jeena.

"Tu pourrais aller voir dans une bibliothèque ou une librairie, peut-être. Tu as l'air de t'y connaître en littérature, ça va certainement jouer en ta faveur."

Il attrapa le "Portrait de Dorian Gray" et sourit:

"Et puis tu sais très bien conseiller les clients. Mais si tu travailles là-dedans, je vais avoir du mal à passer te dire bonjour."

Il poussa un soupir désabusé et sortit du salon pour attraper sa veste, qui avait presque eu le temps de sécher.

[m'oublier ? Quel terrible affront sur ma personne ! ^^]

Jeena suivit le regard d'Algol et s'approcha de sa bibliothèque. Elle en profita pour relire les noms des différents auteurs qui la composaient.

"Peut-être. Ne vois pas là une prétention de ma part, mais il est certain que je m'y connais en littérature... Cependant, quel libraire voudrait d'une campagnarde qui n'a jamais travaillé de sa vie ?"

Elle fit la moue en regardant au ciel. Elle allait quand même tenter sa chance. Après tout, elle allait avoir besoin d'un métier pour se fondre dans la masse des Parisiens.

"Je trouve cela dommage que les Créatures n'aient pas le droit de se balader librement..."

*Après tout, ils ont une âme et un cerveau comme les êtres humains... Encore que certaines Créatures me paraissent plus intelligents que certains humains !*

Cette pensée lui tira un petit sourire.