Un retour des plus singuliers.

Les portes claquèrent rudement tandis que Noah, tenant Athly sous le bras et suivit d'Opale, entrait dans le hall. Il y regnait une chaleur presque étouffante pour un être humain et en cette fin de journée, la lumière artificielle brillait de mille feux dans ces néons.
Au fur et à mesure du voyage de retour, Noah qui au depart se contentait de supporter la lynx blessée avait finit par la prendre sous les bras pour la faire marcher plus vite.
Il ralait d'ailleur intérieurement de s'être couvert du sang d'une créature plutôt que celui d'une humaine.
Lachant Athly, il se dirigea vers la réception, personne. Celle qui était partie prendre sa pause plus tôt que prévu aurait des ennuis.
Noah ne prenait même plus la peine de se mefier de l'Arnaith qu'il avait ramené, directement dans les locaux de la Thianra, même si le hall était vide, elle ne pouvait pas faire grand chose.
Fouillant dans sa poche, il chercha à prendre son portable. Disparu, il avait encore du le perdre quand l'arnaith l'avait fait tombé ou encore quands il l'avait coursé dans les couloirs. Il esperait que personne ne l'ai ramassé même si il n'avait pas mit de numéro important en mémoire.

Le numéro d'Algol, le numéro d'Algol, il ne s'en souvenait plus. Passant derrière le standar, il constata de façon heureuse que le numéro du portable du souschef de la Thianra était noté sur une liste. Il composa rapidement le numéro, quelques sonneries avant que la messagerie ne se fasse entendre

"-Algol, débarque, j'ai quelque chose qui pourrait t'interesser..."

Ce qui le genait le plus était que la Thianra ne possédait pas de medecin en service dans les moments qui suivaient. Athly allait devoir se reposer calmement dans sa chambre...

Opale s'était appuyée contre le mur, un pied posé contre celui ci. Ses yeux scruttaient chaque recoin de ce hall immense. Noah avait appelé Algol...Elle avait raison, elle allait passer un sale quart d'heure...Elle commencait par regretter de ne pas s'etre enfuie quand elle en avait eu l'occasion. Son sourire arrogant était toujours figé sur son visage et ses bras étaient croisés sous sa poitrine, elle attendait patiemment le sort qui lui était reservé. Elle ne se conciderait pas réelement comme un otage ou une prisonnière puisqu'elle les avaient suivi de plein grès mais en meme temps si elle s'était opposée elle serait surement morte a l'heure qu'il est...Elle secoua vivement la tete mettant un terme a toute ses reflexions qui n'étaient pas très utiles a cet instant.

"Dites donc vous ne vous refusez rien...C'est plutot sympa ici..."

Son ton était plus ironique qu'admiratif.

Le sous-chef n'était pas spécialement de bonne humeur: il dormait beaucoup depuis sa sortie de l'hôpital, et il n'appréciait guère d'être réveillé brutalement par les trémolos de son portable qui vibrait sur le bureau de sa chambre. Ulcéré, il avait commencé par mettre la tête sous l'oreiller en laissant la messagerie se mettre en route. Mais si peu de gens avaient son numéro qu'il risquait fort de se mettre dans une situation difficile s'il ne décrochait pas: c'était certainement une urgence.

En grognant comme un vieux léopard grincheux, Algol s'était arraché à ses couvertures pour se saisir de son téléphone (résistant à l'envie de serrer les doigts pour le broyer) et consulter sa messagerie. Le laconique appel de Noah le poussa à sauter dans son costume et à sortir en coup de vent de la chambre, d'autant plus vite qu'il le faisait à contrecoeur.

*Noah et les téléphones... heureusement qu'il a appelé du standard du hall, je ne saurais même pas où il est sinon.*

Algol gravit quelques marches pour passer du sous-sol des chambres à celui de l'entrée et poussa vivement la porte qui le séparait du hall.

"Je peux savoir qu'est-ce qui te permet de me déranger alors que..."

Il s'arrêta tout net. Sur sa gauche, une créature plutôt mal en point, tremblante et couverte de sang. Algol ne mit pas longtemps à reconnaître Athly, qu'il avait croisée quelques jours auparavant sous la Tour Eiffel. Mais ce n'était pas cela le plus stupéfiant dans ce tableau. Derrière Athly, non loin de Noah qui faisait les cent pas près de la réception, se tenait une jeune femme qui n'avait rien à faire ici, et qu'Algol commençait à bien connaître. A trop bien connaître.

"Si c'est une blague, Noah, je n'apprécie pas..."

Noah haussa un sourcil

"-Algol, voici Opale, une arnaith comme tu dois t'en rendre compte .."

Le fait que le sous chef lui demande si c'était une blague lui fit hausser les épaules.

"-Desolé de t'avoir derangé mais j'ai ramené cet insecte."

Il designa Opale d'un mouvement de tète, puis il pointa son doigts vers Athly. Il se rapprocha du leopard

"-Tu pourrais l'interroger ? Le fait d'avoir une prisonnière peut nous permettre d'en savoir beaucoup plus sur les arnaiths et surtout d'attaquer bien plus violement"

Il laissa un petit temps de silence

"-Moi je vais voir ce que je peux faire pour la petite."

Dans le mot petite, il parlait d'Athly. Fort heureusement, à force de temps Noah avait finit par acquérir des notions en medecine très utile.

"-Pour l'arnaith tu n'es pas obligé de le faire tout de suite, met là dans une salle fermée, fais la poireauter, interroge là et après..fais en ce que tu veux. "

Le "fais en ce que tu veux" laissait entendre que la perpective de retrouver l'humaine en petits cubes dans une poubelle ne le genait pas le moins du monde.

"-C'est possible ?"

Opale fixait desormais Algol. Elle aurait bien aimé lui faire un petit signe de la main en guise de salutation mais elle se retint, il ne vallait mieux pas l'enervé, de plus qu'il semblait déjà l'etre. "En faire tout ce que tu veut..." c'est ce qu'avais dit Noah, la perspective de finir coupée en quatre et jetée dans la Seine ne la rejouissait pas enormement. Elle poussa un long et bruyant soupir, combien de temps allait elle passer ici ? Un, deux, trois jours ? Ou peut etre serait elle morte dans une demi heure ?

"Hé bien Algol, on dirait que ca ne te fait pas plaisir de me voir ?"

Un sourire arrogant apparu sur son visage, celui la meme qu'elle avait lors de son combat contre le sous chef de la Thianra au cirque et quand alla avait eu a faire a Noah dans la caserne.

Algol avait écouté attentivement ce que lui disait Noah, mais sans quitter Opale des yeux. La colère avait disparu de ses traits fins, remplacée par une expression attentive qui laissait presque voir les rouages tourner dans sa boîte crânienne. Ses yeux aux reflets de miel fixaient l'humaine comme s'ils voulaient la clouer au mur. Lorsque la voix d'Opale s'éleva derrière la haute stature de Noah, Algol répliqua d'un ton posé dans lequel perçait une raillerie dosée avec soin:

"Ma chère Opale, tu sais aussi bien que moi que je n'apprécie guère cette lubie que tu as de vouloir me mettre en cage. Ce qui, soit dit en passant, est plutôt en train de t'arriver à toi."

Le léopard des neiges cessa de la surveiller pour parler avec Noah. Il savait qu'Opale ne tenterait pas de s'enfuir: vis à vis des créatures, cette fille éprouvait quelque chose qui tenait à la fois de la haîne et de la curiosité, et Algol la sentait trépignante à l'idée de se trouver dans les locaux de la Thianra. De toute façon, elle était assez intelligente pour comprendre qu'elle n'irait pas loin si elle essayait de fuir à pied.

"Ce n'était pas malin de la ramener ici, tu le sais Noah. Je vais m'en occuper, mais évite de me refaire ce genre de coup à l'avenir, je t'en prie: nous devons veiller à protéger nos arrières..."

Il avait fini sans se faire d'illusions sur la qualité d'écoute du tigre, qui s'était déjà détourné de lui pour s'approcher d'Athly. Algol suivit son regard et il prêta un peu plus d'attention aux plaies de la créature. La profondeur et la nature des blessures lui firent froncer les sourcils.

"Noah... tu devrais tout de même attendre un vrai médecin. Arrête l'hémorragie, mais n'essaie pas de rafistoler les plaies: même en faisant de ton mieux, tu ne pourras pas refermer convenablement les chairs après qu'elles aient été déchirées par une arme pareille. Tu trouveras des antalgiques dans mon armoire, la porte de ma chambre n'est pas fermée."

Puis il ajouta à l'intention d'Athly, d'une voix qui n'était pas dépourvue de douceur:

"Je t'avais dit de te méfier, non? Mais bon, tu t'en es plutôt bien sortie pour quelqu'un qui est tombé sur Catelyn. La plupart des créatures se seraient faites tuer."

A cet instant, il dit d'une voix plus forte, sans même daigner tourner la tête:

"Opale, si tu ne lâches pas tout de suite ce fouet, je risque de légèrement m'énerver..."

D'un geste ample, Opale detacha le fouet de la ceinture et le jeta sur le sol. Le fouet glissa longuement sur le sol avant de s'arreter, stopper par les pieds d'Algol. Elle avait a present la tete lever vers le plafond et tappait le mur de ses mains, signe d'impatience. Quitte a se faire "interroger" par les bons soins d'Algol autant en finir tout de suite. Son sourire avait disparu, laissant place a une sorte de curiosité. Elle était desormais desarmée mais a quoi peut bien servir un fouet contre la dizaine de créatures qui vivaient ici ?

"Ca ne seras pas la première fois que je me retrouve en cage, Algol..."

Elle faisait allusion a leur petite altercation au cirque. Son regard fixait desormais Algol, un petit sourire en coin sur les levres. La jeune femme était toujours appuyée contre le mur près de l'entrée. L'idée de s'enfuir ne lui avais meme pas effleuré d'esprit.

Algol resta un instant songeur, perdu dans des pensées que lui seul connaissait. Puis il se baissa avec une grâce de danseur pour ramasser le fouet, qu'il garda roulé en trois anneaux successifs au creu de ses doigts, sans resserrer le poing. Il répugnait à toucher cette arme, et cela se voyait. Il leva son bras libre pour désigner à Opale une petite porte discrètement encastrée entre deux colonnes du hall. Elle menait à un couloir indépendant du reste des installations, judicieusement conçu pour qu'un Arnaith qui y passerait ne pût rien apprendre sur la disposition des locaux. Il se terminait par une simple porte, trop épaisse et bien insonorisée pour être l'entrée d'un bureau...

"Si vous voulez bien vous donner la peine, mademoiselle..."

Le sous-chef laissa un sourire ironique passer sur ses lèvres fines. Cela faisait un certain temps qu'il n'était pas allé dans la salle noire, et il était curieux de savoir ce qu'Opale pouvait lui apprendre.

Sans mot dire, sans paraître plus mécontent que satisfait, Algol adressa un dernier signe de tête à Noah avant de passer devant Opale pour ouvrir la porte du couloir. Ses yeux de miel n'avaient pas quitté l'Arnaith des yeux, et il s'effaça pour lui faire signe de passer devant. Il doutait que la jeune femme essayât de l'attaquer, mais il préférait être prudent. L'humaine semblait sereine, presque désintéressée par ce qui allait lui arriver. Voilà qui donnait à réfléchir à Algol. Il attendit qu'Opale le précèdât, puis referma la porte derrière eux.


[ la salle noire]